Le mariage, de mon point de vue, c’est totalement dépassé. Tu me parles d’union maritale, et c’est un cortège d’images de pièces montées trop sucrées, de pantoufles abîmées, de testicules grattées, de jambes pas épilées, de noms d’oiseaux, de cérémonie un peu ringarde, de repas chez belle-maman, de prisonniers enchaînés et d’ennui abyssal. Je n’en veux pour rien au monde. A une seule exception près.
J’accepte de me marier, mais uniquement si c’est avec Chilly Gonzales.
Avant toute chose, il a un physique de mâle rassurant. Une carrure d’armoire à glace, un regard de tueur en série, la toison de l’ours canadien et l’air du type à qui on la fait pas. Le tout savamment emballé dans un look néo-dandy un peu négligé.
Faire les soldes au bras d’un tel spécimen, c’est la classe ou je ne m’y connais pas. Et pardonnez-moi si ça peut paraître frivole, mais il est hors de question que j’épouse un type que j’aurais honte de sortir de chez moi. Le mari est avant tout un accessoire de mode, au même titre que le sac à main. Et Gonzales, alliant à merveille virilité extrême et élégance intemporelle, c’est un peu le Birkin de la gent masculine: on peut le sortir pour toutes les occasions.
Ensuite, ses fréquentations sont des repoussoirs à ennui et à routine. C’est bien beau d’épouser un type parce qu’il est décoratif. Il ne faut cependant pas oublier que lorsque tu te maries avec quelqu’un, tu signes aussi avec ses fréquentations. Il est donc primordial d’analyser avec attention l’entourage proche du prétendant. Encore une épreuve que Gonzales réussira haut la main.
Effectivement, dans ses copains, on trouve la jolie folkeuse Feist (dont il a produit les albums) et le DJ Tiga. Mais surtout, comble de la classe, sa meilleure copine, c’est Peaches. Dans les années 90, lui et la reine de l’electropunk formeront même un groupe: “the Shit”. Explique-moi comment tu peux t’ennuyer dans ton couple quand la meilleure pote de ton mec fait des performances scéniques en costumes-nichon et en se mettant des micros dans les fesses. Moi j’ai pas encore trouvé. Une chose est sûre, les soirées bière – foot – chips ne passeront pas par mon mariage avec le grand Chilly. D’autant qu’il y a fort à parier qu’il soit aussi copain avec Philippe Katerine et Arielle Dombasle, puisqu’il a travaillé avec eux.
Il aime la bouffe. Je ne suis pas certaine qu’il cuisine très bien, mais ça on s’en fiche, je suis maître ès pâtes bolonaise. Par contre, il aime manger, au point de composer la bande son du livre de cuisine de Pierre Gagnaire. Et comme on dit (à moins que ce soit moi qui l’ai inventé) qui aime manger aime… tu vois quoi.
Et enfin, ne négligeons pas rôle premier du mariage : briller en société. Qu’il soit agréable à regarder et qu’il ait des amis sympathiques, c’est bien. Mais le mari, c’est surtout un excellent moyen de se mettre en valeur. Quitte à planquer sa propre médiocrité derrière le génie de son époux. Et le grand canadien est parfait pour ça. C’est un virtuose du piano, ce qui va épater ma mère. En plus, il fait sait également faire de la musique électro-pop tendant vers le hip-hop ayant de fortes chances de faire bouger les booties et boobies de tes copines.
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En plus, c’est un rigolo. En plus de composer des mélodies à la limites du ringard et du grotesque pour me faire marrer, il est capable de jouer 27h de piano non stop pour épater la galerie, et d’écrire des textes où il raconte comment il a piqué un fard alors qu’il chantait en se croyant tout seul, parce qu’il aime bien l’écho de la pièce dans laquelle il se trouve. Il est également capable d’enregistrer une interview sur la dernière piste de son album soft power, ou il qualifie son propre disque de “piece of shit” tout simplement parce que c’est l’oeuvre d’un imposteur misanthrope qui se la joue.
Et surtout, comble de la classe pour faire sa belle lors des dîners mondains en exhibant son époux : il se lance dans le cinéma, avec Ivory Tower
, qu’il a tourné avec ses potes (Peaches, Feist et Tiga). Il écrit le scénario avec Célina Sciamma, qui a réalisé les fantastiques La Naissance des pieuvres et Tom Boy, et laisse la réalisation à son copain Adam Traynor, qui signe d’habitude ses clips. Le synopsis est à l’image de Gonzales : complètement barré. C’est l’histoire de deux frères, joueurs d’échecs, qui vont finir par se disputer la même femme.
Le film a fait carton plein à Locarno l’an dernier en emportant une mention spéciale. Il ne nous reste plus qu’à attendre (avec impatience) une date de sortie en France.
Puis une fois la folie de la promo passée, nous fixerons une date, et vous serez évidemment conviés (et Fab sera ma demoiselle d’honneur – NDFab : j’aurais droit à une jolie robe couleur saumon ?)
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