Quelques heures après la parution de cet article, Marina Ovsyannikova a été libérée et condamnée à une amende.
« Non à la guerre, Ne croyez pas à la propagande, ici. Tout le monde ment ».
Ce sont ces mots qui sont apparus à la télévision russe ce lundi 14 mars dans Vremia, JT du soir diffusé sur Pervi Kanal, la principale chaîne du pays regardée par des millions de personnes. Une pancarte brandie par une femme derrière l’imperturbable présentatrice Ekaterina Andreïeva, le temps de quelques secondes, le temps de faire passer un message à toute la population russe.
Tous les héros ne portent pas de cape. L’héroïne en l’occurrence s’appelle Marina Ovsyannikova. Elle risque gros pour ce geste courageux de dénonciation de la guerre menée en Ukraine depuis une vingtaine de jours et de la propagande d’État.
En effet, le contrôle de l’information et la censure se sont renforcées en l’espace de quelques semaines. Début mars, le Parlement russe a voté un amendement permettant de poursuivre les médias qui « discréditent » les forces armées, et prévoit une infraction passible de 3 à 15 ans de prison. Une mesure qui s’applique y compris aux médias étrangers présents en Russie.
La chaîne russe a annoncé qu’une enquête interne serait menée après l’irruption de Marina Ovsyannikova en direct avec son message anti-guerre.
« J’ai honte » : le mea culpa de Marina Ovsyannikova
L’ONG OVD-Info a publié un message vidéo de l’activiste, filmée avant l’action, dans laquelle elle explique les raisons de ce geste très risqué mais nécessaire :
« Pendant ces dernières années, j’ai travaillé pour Pervi Kanal, et fait la promotion de la propagande du Kremlin et pour tout ça, j’ai vraiment honte aujourd’hui. J’ai honte d’avoir permis à des mensonges d’être propagés sur les écrans de télévision, d’avoir permis au peuple russe d’être zombifié.
Nous sommes restés silencieux quand tout cela a commencé en 2014. Nous n’avons pas protesté quand le Kremlin a empoisonné Navalny. Nous avons continué à regarder ce régime inhumain en silence. »
Née d’un père ukrainien et d’une mère russe, elle ne peut considérer aucun de ses deux pays comme des ennemis. Petit symbole qui a son importance, Marina Ovsyannikova porte dans cette vidéo un collier aux couleurs des deux pays, et espère ainsi montrer que les deux nations sont unies et doivent vivre en paix.
L’action de Marina Ovsyannikova sera-t-elle suffisante pour servir d’électrochoc au peuple russe, abreuvé depuis tant d’années par la propagande du Kremlin, au point de nier les horreurs des bombardements de ces derniers jours ? Son geste de bravoure est en tout cas salué de par le monde.
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