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Culture

Les dystopies dans la littérature — La sélection de la rédac

Les dystopies, ces futurs noirs mais fascinants… Parce qu’à la rédac, on aime bien se plonger dans un bon livre aussi critique que déprimant, on vous propose notre sélection perso !

La dernière fois, on vous a parlé d’histoires d’amour un peu particulières, parce qu’on est romantiques… mais pas trop quand même. Pour autant, tout ce sentimentalisme a ajouté des larmes à nos yeux déjà irrités par les allergies du printemps, et il m’a semblé qu’il était temps de s’endurcir à nouveau. Ainsi, voilà : aujourd’hui, c’est dystopies.

Autant vous dire que le thème de la dystopie, ou contre-utopie, a enchanté la rédac. Il faut croire qu’on aime bien ces histoires cauchemardesques, qui dépeignent souvent avec trop de réalisme les conséquences d’une société dont certains aspects négatifs ont dégénéré. Ces histoires qu’on aime bien voir comme un futur impossible qui pèsent comme une menace, comme un avertissement.

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Oui, j’en fais des caisses, et alors ? Un bon roman ou une bonne BD dystopique, ça a quelque chose de fascinant…

La Servante Écarlate (The Handmaid’s Tale), par Margaret Atwood

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Mircea Austen commence fort bien, avec un classique pas encore assez connu à mon goût. Margaret Atwood est une grande auteure, et je ne saurais que trop vous recommander de jeter un oeil à tout ce qu’elle a pu écrire. Mais ici, Mircea a choisi de vous parler de ce qu’il se passe lorsque cette dame se lance dans la création d’un univers dystopique… Et croyez-moi, ça fait peur. La Servante Écarlate a d’ailleurs eu droit à son adaptation en film en 1990.

Voici l’avis de Mircea !

« Defred, l’héroïne du roman, est une Servante Écarlate. Dans sa société totalitaire, cette caste assure la reproduction. Elles font en effet partie des rares femmes encore fertiles dans un monde envahi par les déchets toxiques. Les Épouses sont les maîtresses de maison — ennemies envieuses elles élèveront l’enfant à naître — tandis que les Mathras sont les domestiques.

Les femmes infertiles, inaptes, sont elles condamnées aux basses manoeuvres ou au bordel. Les lesbiennes ? Interdites. L’avortement ? Absolument condamné. La masturbation ? Idem. Les droits des femmes deviennent dans la bouche des instructrices de dangereuses idéologies ayant menacé la fécondité aux États-Unis. Les personnes de couleur subissent un sort pire encore.

Condamnée à subir, voilée dès qu’elle met le pied dehors, Defred se souvient du monde d’avant, celui où elle pouvait sortir, conduire, faire des achats… Dans ce qu’on imagine avoir été les États-Unis. Lorsqu’elle est en ville, elle croise les corps des condamnés à mort exhibés sur la place public pour rébellion, toute contestation du système étant violemment réprimée.

Ce livre, c’est l’histoire de sa révolte, modeste, pas héroïque mais réaliste, qu’Atwood nous raconte dans un roman qui peut se lire aussi bien ado que jeune adulte pour se rappeler de la fragilité de nos droits. »

Moi qui n’ai pas connu les hommes, par Jacqueline Harpman

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Gingermind bat peut-être tout le monde en terme d’amour pour les dystopies. Avant de choisir de nous parler du roman de Jacqueline Harpman, elle a proposé Le Passeur de Lois Lowry, Globalia de Jean-Christophe Rufin, Ravages de René Barjavel, Fatherland de Robert Harris, ou encore la BD Les Eaux de Mortelune par Patrick Cothias et Philippe Adamov. Pfiou.

Je culpabilise un peu de l’avoir limitée à Moi qui n’ai pas connu les hommes Mais son résumé fait déjà tellement envie que vous savez quoi demander à votre libraire la prochaine fois.

« C’est l’histoire de quarante femmes, prisonnières dans une sorte de bunker géant. On ne sait pas bien comment ni pourquoi elles sont arrivées là. Cela fait des années qu’elles sont enfermées. Leurs geôliers sont des soldats, qui leur apportent des vivres, quelques habits, mais ne leur adressent pas la parole. Elles n’ont pas le droit de se toucher entre elles et ne peuvent parler qu’à voix basse.

Parmi elles, il y a la narratrice, qui était bébé au moment de l’emprisonnement général. Autant dire qu’elle ne comprend RIEN à ce que les femmes plus âgées racontent et regrettent : les arbres, le soleil, les maris, les relations amoureuses, avoir un métier…

Un jour (pour faire court et sans en dévoiler davantage), un évènement fait qu’elles sortent de leur prison… et réalisent que tout le monde est mort. Elles se demandent ce qui va leur arriver : jusqu’où peuvent-elles explorer l’extérieur ? Une réflexion récurrente chez la narratrice est de se dire que comme elle est sensiblement plus jeune que les autres, il y a de grandes chances qu’elle soit la dernière survivante. Que fera-t-elle alors ?

Contrairement à beaucoup de dystopies, ce roman n’est pas violent. C’est très calme. Et pourtant, il reste très sombre et très efficace. Parfois on se dit qu’il va y avoir un espoir, un sursaut d’humanité… Cette narratrice a tellement la rage de vivre et en même temps elle est si particulière du fait de l’environnement dans lequel elle a grandi qu’on a parfois l’impression qu’elle est une créature étrange, qui observe les autres femmes et tente de les comprendre. C’est vraiment bien foutu et ça m’a scotchée du début à la fin.

Elle est, potentiellement, la dernière représentante de son espèce, mais est-elle vraiment humaine ? Qu’est-ce qui fait l’humanité ? Le fait d’échanger ? D’avoir une mémoire collective ? D’être une communauté? De transmettre ? Ce livre m’a clairement déprimée, mais IL VAUT LE COUP. »

Ubik, par Philip K. Dick

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Autre amoureuse des dystopies, voici Juliette

, votre rédactrice mode préférée. Elle a choisi pour sa part d’essayer de vous décrire un roman pas commun, à savoir Ubik par cette chère âme torturée qu’était Philip K. Dick. Il faut dire que les livres de cet auteur de talent ne sont pas toujours faciles à suivre, mais bon sang qu’ils en valent la peine…

À lire aussi : Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?, oeuvre culte de la SF

« Ubik, ça se passe dans un monde ultra-capitaliste, où les gens vont de San Francisco à Zurich en 10 minutes grâce à leur fusée, et surtout où absolument tout est payant. Tu veux te faire un café chez toi ? Tu dois glisser une pièce dans la fente de ta propre machine. Tu veux passer d’un endroit à l’autre de ta maison ? La porte te réclame de l’argent.

Dans ce drôle d’univers vivent des individus dotés de pouvoir psy et, comme d’habitude, il y a ceux qui l’utilisent à bon escient, et ceux qui en abusent. Pour neutraliser ces derniers, des entreprises recrutent des… « neutraliseurs ». L’intrigue tourne autour d’un de ces neutraliseurs et de son équipe, qui va faire la connaissance d’une jeune femme au pouvoir psy étonnant ; tous vont en faire les frais…

Ce roman est vraiment mon préféré, et pourtant j’en ai lu pas mal. Je l’ai lu plusieurs fois, j’y reviens souvent car vraiment je le trouve dingue niveau intrigue. Voilà, ça t’aide bien. Ensuite, ce que j’aime, c’est que c’est une critique de la société capitaliste, mais qu’elle est pas aussi explicite que dans un 1984 d’Orwell par exemple. Je trouve que, dans l’écriture, elle est moins virulente, simplement exposée.

L’auteur donne l’impression que c’est comme ça, ça t’est imposé, et la société qu’il décrit est un résultat inévitable : tout le monde est résigné. Je rebondis là-dessus pour dire ce que j’aime le plus dans ce livre : il n’y a pas 50 000 descriptions du nouveau monde, il t’est montré tel qu’il est. Au premier chapitre, c’est dur de comprendre car on ne t’explique pas l’historique de cet univers, on te le décrit comme si tu y vivais déjà.

Ce roman te retourne le cerveau à la Inception car tu ne sais pas ce qui est vrai, ce qui est faux, de quel côté tu es, et de quel côté sont les personnages. Et surtout, tu ne sais pas ce qu’est Ubik avant la fin du roman, alors qu’on parle de cette chose à chaque début de chapitre… »

V pour Vendetta, par Alan Moore & David Lloyd

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Alors moi, j’avais prévu à l’origine de vous parler d’un autre livre de Margaret Atwood, Le Dernier Homme, mais Mircea m’a piquée l’auteure, la bougresse. Bonne joueuse, j’ai pensé au roman Les Dépossédés par Ursula K. Le Guin, mais je me suis rendue compte que je l’avais lu il y a trop longtemps pour pouvoir en parler (on ne fait pas semblant, avec la dystopie).

C’est ainsi que je me suis tournée vers les romans graphiques, pour redécouvrir un vieil amour que vous connaissez peut-être vous-même pour son adaptation cinématographique… Hop, auto-quote.

« Avant d’être un film réalisé par James McTeigue, V pour Vendetta est une série de comics composée de six volumes (dix en version américaine) à mi-chemin entre l’uchronie et la dystopie. Publiée pour la première fois en 1989, elle raconte ce que serait devenu le monde en 1997 si une guerre mondiale avait éclaté dans les années 1980.

Oui, en 1997, la situation n’est pas folichonne : de nombreux pays ont été anéantis par des attaques nucléaires, et c’est donc dans une Angleterre post-apocalyptique que se déroule notre histoire. Comme si ça ne suffisait pas, le pays n’a pas échappé à la règle qui veut que la population se laisse entraîner par les extrémistes en temps de crise : la société anglaise est gouvernée par un parti fasciste, le Norsefire.

Après tant de guerres et de catastrophes, que peut bien représenter un parti fasciste au pouvoir ? La population semble faire avec la situation actuelle, et accepter la tête basse les répressions du commandeur Adam Susan. Et puis un beau jour, un hurluberlu débarque, portant sur la tête un masque de Guy Fawkes en référence à la tentative d’attentat contre le Parlement anglais surnommée « la conspiration des poudres ». Il se fait appeler V, fout un peu le dawa dans l’ordre établi, et après avoir fait pété le Palais de Westminster, il sauve la jeune Evey d’un abus de pouvoir…

V pour Vendetta est pour moi l’une des dystopies les plus intelligentes du monde, alors que l’idée de départ n’est pas très originale en soi. C’est une critique de tout ce qui va mal à l’heure actuelle : du fascisme, de la censure et la manipulation des médias, l’autoritarisme et le terrorisme dans son ensemble. Chaque personnage est d’une grande complexité, ni blanc ni noir — surtout V, qui est bien loin d’être un héros. Et j’aime cette série parce qu’elle nous pousse à tout remettre en question… »

La Zone du Dehors, par Alain DAMASIO

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Faites place à la première contribution littéraire de Thomas, qui vient prendre le relais d’Asdine, notre développeur qui part vers de nouveaux horizons ! Et il fait son entrée en grandes pompes, avec un roman pas forcément très connu, mais qui pique la curiosité. Avouez, vous êtes intrigué-e-s.

À lire aussi : « Black Science », un comic de science-fiction plébiscité par la critique

« La Zone du Dehors, c’est le premier roman d’Alain Damasio. Il raconte la vie quotidienne des habitants de Cerclon, une colonie dite démocratique installée sur un satellite de Saturne, en 2084. Tous les deux ans, les gens sont en quelque sorte classés en fonction de leur personnalité et de leurs contributions pour la société ; le résultat donnera sa place officielle dans celle-ci à chacun. Et ce classement se fait… par la population elle-même, qui s’auto-régule.

Et puis un jour, un groupe de résistants appelé « Volte » vient mettre le bordel dans tout ça.

Je trouve ce roman un tout petit poil moins bien que la chapelle Sixtine de l’auteur, La Horde du Contrevent (unanimement acclamé), mais il reste excellent, et très engagé. Il parle des dérives possibles de sociétés qui se prétendent pourtant démocratiques, des abus technologiques et de la nécessité de faire montre de résistance, sous ses différentes formes. Toujours d’actualité, il est de plus écrit avec un style frais et très agréable. »

Watchmen, par Alan Moore & Dave Gibbons

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Et nous terminons cette sélection avec Mymy qui, et je cite, prend une BD « car elle se fiche de nos convenances ». Bravo le veau. Mais j’ai surtout envie de lui rétorquer, et je me cite, « hé didonc, je faisais pipi sur les convenances en parlant de V pour Vendetta avant que ce soit populaire ». Et paf.

Merci d’accueillir comme il se doit la reine des chroniques littéraires, qui vient vous parler d’un comics assez spécial…

« Watchmen, scénarisée par le monstre de talent Alan Moore et dessinée/colorisée par Dave Gibbons et John Higgins, n’est pas tout à fait une dystopie, mais plutôt une uchronie. En effet, l’action ne se déroule pas dans le futur, mais dans une version parallèle de l’année 1985. Cela dit, c’est tellement la mouise mâtinée de science-fiction que je préfère voir ça comme une dystopie.

Revenons dans les années 60, outre-Atlantique. Le Dr Manhattan, suite à un accident nucléaire, devient l’être le plus puissant de la galaxie : il est quasi-omnipotent, et omniscient. Sa force dévastatrice permet aux États-Unis de remporter haut la main la guerre du Vietnam, et Richard Nixon s’accroche au Bureau Ovale puisqu’il est toujours président 25 ans plus tard. La Guerre Froide frôle le conflit nucléaire, et personne n’est bien serein.

Les Watchmen sont une ancienne troupe de justiciers reconvertis qui en mercenaire, qui en retraité… C’est à la mort de l’un deux, le Comédien, que son ancien frère d’armes Rorschach mène l’enquête et dévoile un complot sans précédent.

En plus de son côté résolument sombre et dépressif, Watchmen est à mon sens une dystopie car on y retrouve des éléments rétro-futuristes, notamment dans le design des villes, véhicules et super-accessoires. L’absence totale d’espoir dans le futur de l’humanité fait peser une torpeur morne sur des Terrien•ne•s en détresse, et même Dr Manhattan part de temps à autres se ressourcer sur Mars…

J’en profite pour placer un petit big up au long-métrage, réalisé par Zack Snyder, qui a adapté le comics quasiment case par case en 2009. Ça reste un de mes films de super-héros préférés et j’avoue avoir du mal à comprendre la haine que lui vouent certain•e•s fans… Mais je ne vais pas m’étaler : Vesper en parle mieux que moi ! »

À lire aussi : Les 5 livres préférés… d’Anya ! — 100% cyberpunk, science-fiction…

Nous terminons cette sélection sur le thème de la dystopie avec une proposition exclusive de Miquette, orcheztreuZ des forums madmoiZelle et bout-en-train dans la vraie vie :

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Merci Miquette.

Et toi, quel roman ou BD de dystopie conseillerais-tu ? 


Découvrez le BookClub, l’émission de Madmoizelle qui questionne la société à travers les livres, en compagnie de ceux et celles qui les font.

Les Commentaires

16
Avatar de El Marty
21 juillet 2017 à 20h07
El Marty
Sinon, je ne saurais que trop vous conseiller "Les hommes protégés" de Robert Merle. Tout Merle en général, mais celui-ci est incroyable.
je soutiens à 100% ce commentaire Ça m'avait été conseillé à l'époque par mon coloc et depuis je dévore petit à petit les œuvres de Robert Merle <3 (un peu HS mais si vous aimez les romans historiques -> Les Roses de la Vie de ce même auteur )
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