Parler d’argent, en France, c’est encore tabou. Pourtant, c’est un sujet passionnant, et par certains aspects… féministe ! Dans notre rubrique Règlement de comptes, des personnes viennent éplucher leur budget, nous parler de leur organisation financière (en couple ou solo) et de leur rapport à l’argent. Aujourd’hui, c’est Cindy qui a accepté de nous ouvrir ses comptes.
- Prénom : Cindy
- Âge : 27 ans
- Métier : agente administrative au service des admissions de plusieurs universités.
- Revenu mensuel : 2230€ par mois lissés à l’année pour elle, et 1400€ par mois pour son conjoint, soit 3630€ mensuels
- Famille : son conjoint, avec qui elle habite
- Lieu de vie : un appartement en location au centre d’une grande ville d’Angleterre
Les revenus de Cindy et de son conjoint
Cindy est expatriée en Angleterre, où elle vit avec son conjoint depuis quelques mois. Dans ce règlement de compte, leurs salaires comme leurs dépenses sont donc convertis en euros.
Pour son travail d’agente administrative, Cindy touche un salaire de 1600€ net par mois, auquel s’ajoutent trois bonus annuels de 2600€ net. À l’année, cela représente donc 2230€ mensuels. Si elle s’estime bien payée, elle estime qu’un peu plus d’argent ne ferait pas de mal :
« Je travaille dans un milieu universitaire, avec plusieurs rentrées sur l’année. Il y a donc des périodes très stressantes, où je dois bosser assez tard, y compris certains week-ends. Vu l’intensité de cette charge de travail, disons que je pourrais gagner un peu plus ! Mais j’ai commencé il y a peu, je pense que mon salaire pourra évoluer. »
Son partenaire, quant à lui, gagne 1400€ par mois pour son travail de retoucheur : il contrôle la qualité du design des packagings de denrées alimentaires.
L’organisation financière du couple
Le couple vit sous le même toit et partage donc des dépenses communes. Ils ont chacun leur compte en banque ; c’est Cindy qui paie la majeure partie de leurs frais tels que le loyer ou les factures, son compagnon lui en remboursant une part. À terme, ils envisagent peut-être d’ouvrir un compte commun pour se faciliter les choses.
Leurs salaires étant assez disparates, Cindy décrit leur organisation comme « un mélange de prorata et de feeling » : son pouvoir d’achat à elle est le plus élevé, elle prend donc en charge la plus grande partie de leurs frais. Par ailleurs, son conjoint rembourse mensuellement des crédits qu’il a contractés avant leur rencontre, ce qui restreint la part qu’il peut mettre dans leurs dépenses communes. Pour Cindy, ce mode de fonctionnement est justifié, et voué à changer avec le temps :
« Les disparités sont justifiées par nos différences de salaires : je gagne plus et je peux donc me permettre de dépenser plus que lui. Il n’est pas encore tout à fait au montant qu’il devrait payer si on faisait un prorata réel sur toutes les dépenses fixes, mais la situation s’améliore. »
« Mon conjoint a l’impression de ne pas assez subvenir à nos besoins »
Cindy explique en effet que si l’argent n’est pas une source de dispute dans son couple, et qu’elle ne cache aucune dépense à son compagnon, cette différence de revenus est une source d’inquiétudes pour son partenaire, qui culpabilise. Elle explique :
« Il a l’impression de ne pas subvenir assez à nos besoins, c’est une situation avec laquelle il n’est pas à l’aise. Moi, je le rassure beaucoup : je sais que quand il sera augmenté, ou qu’il trouvera un autre boulot mieux payé, il assumera une plus grande part de nos dépenses. Tout ça va évoluer ! »
D’ailleurs, entre le moment où Cindy nous a envoyé sa candidature pour la rubrique et aujourd’hui, leur situation a déjà changé : son conjoint ayant remboursé une partie de ses crédits, il peut prendre en charge une part plus importante de leurs dépenses.
Les dépenses du couple
Parmi les dépenses du ménage, le logement est, comme souvent, la plus importante. Pour un appartement au cœur de la grande ville britannique où ils habitent, le couple paie 750€ de loyer par mois.
Plus pour longtemps cela dit, puisqu’ils déménagent dans quelques jours ! Ils intègreront un appartement tout neuf, toujours dans la même ville, pour un loyer qui s’élèvera à environ 1000€ par mois. Afin de meubler ce nouvel habitat loué entièrement vide, ils ont dû souscrire à un crédit d’environ 5000€, qu’ils remboursent tous les deux à hauteur de 126€ par mois.
Un crédit qui n’a pas que des désavantages, puisqu’il permet par ailleurs à Cindy d’obtenir un geste de sa banque : elle ne lui facture aucuns frais bancaires.
En Angleterre, Cindy explique que les salaires sont ponctionnés à la source des cotisations à la sécurité sociale, qui leur permet d’avoir accès à un certain nombre de services de soin sans payer. Les mutuelles ne sont pas obligatoires, ce qui explique leur absence de du graphique.
Concernant les transports, elle souligne qu’ils sont bien moins chers en France, et s’estime chanceuse de ne pas avoir à en payer, puisqu’elle se rend au travail à pied. Son conjoint, quant à lui, paie un abonnement de train qui lui coûte environ 200€ par mois.
Des courses à un prix plus abordable qu’en France ?
Les courses alimentaires représentent le second poste de dépenses le plus important du foyer, avec environ 250€ par mois. Un montant que Cindy trouve un petit peu moins élevé qu’en France, où l’alimentation peut coûter plus cher selon l’endroit où l’on vit et où l’on se fournit. Elle souligne :
« Selon moi, la nourriture est beaucoup moins chère en Angleterre qu’en France. Bien sûr, tout dépend d’où est-ce qu’on va faire ses courses, mais si on se cantonne à l’équivalent de Carrefour et Leclerc, on s’en sort bien ici ! Quand je rentre en France, je suis choquée par le prix de mes courses. »
Un constat qu’elle nuance toutefois, expliquant qu’elle et son conjoint achètent souvent de la nourriture en lots — plus économiques — et sont adeptes du batch cooking, cette méthode de planification et de préparation à l’avance des repas et qui a fait ses preuves en matière de gestion de budget.
En dehors de ces frais, ils paient 212€ mensuels d’impôts sur le logement, et 192€ d’abonnements mensuels qui concernent la téléphonie et Internet : leurs forfaits respectifs, mais aussi un compte Spotify, des souscriptions à des plateformes de streaming, et des jeux en ligne. Ils cotisent aussi chacun à une épargne retraite qui s’élève à 5% de leurs revenus nets.
Les petits plaisirs de Cindy et son compagnon
Une fois déduites toutes les dépenses fixes du couple, il leur reste sur le papier de quoi épargner quelques centaines d’euros par mois. Mais dans la réalité, Cindy et son conjoint aiment aussi se faire plaisir, évidemment !
Même si leurs frais de loisirs ont été largement restreints par la pandémie et les lockdowns, ils dépensent en moyenne 70€ par mois pour de la livraison de nourriture ou des petits plaisirs, comme des cafés chez Starbucks ou des bubble teas. Un poste de dépense que Cindy aimerait bien réduire : « Il se ressent un peu trop certains mois ».
La jeune femme aime beaucoup lire, et dépense environ 15€ par mois dans les livres. Avant la pandémie, le couple allait aussi régulièrement au cinéma sans frais, grâce à une offre de la banque de Cindy qui leur octroyait des billets gratuits.
Le rapport à l’argent du couple
Pour les week-ends en amoureux ou les vacances, ils dépensent aussi l’équivalent annuel de 120€ par mois. À cela s’ajoutent des dépenses qui varient en fonction des périodes : des cadeaux pour les anniversaires ou pour la fête des Mères, des projets pour la Saint-Valentin… Autant de dépenses qui leur permettent de (se) faire plaisir, sans jamais en faire trop. Cindy explique :
« Je suis assez dépensière, j’aime me faire plaisir, mais en même temps, j’aime économiser de l’argent pour des plans futurs. Je ne suis jamais à découvert et la possibilité de l’être me rend anxieuse. »
Son conjoint, quant à lui, est un petit peu moins prévoyant. Quand on demande à la jeune femme si son partenaire a le même rapport à l’argent qu’elle, elle répond :
« Absolument pas et ça me rend folle parfois ! Il avait pour habitude de juste dépenser et ne rien économiser. Mais il s’est mis à faire des efforts. »
L’épargne du couple
Chaque mois, Cindy épargne 115€ qu’elle met de côté pour des projets de vacances, de vie, ou en cas de crise. Une pratique que son conjoint a lui aussi mise en place, avec plus de difficultés.
« Mon partenaire essaie d’économiser, mais c’est assez difficile parce qu’il gagne moins. Avec le loyer, ses frais, etc., même en ayant beaucoup réduit ses dépenses personnelles, il ne peut pas se permettre de mettre autant de côté que moi. »
Merci à Cindy d’avoir accepté de répondre à nos questions !
Si jamais vous souhaitez commenter cet article, rappelez-vous qu’une vraie personne est susceptible de vous lire, merci donc de faire preuve de bienveillance et d’éviter les jugements.
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