Plus jeune, j’étais du genre à tomber un peu trop amoureuse. Je n’avais ni style précis ni physique de prédilection. Il m’arrivait de m’endormir en m’imaginant aux côtés de Rufio dans Hook, tenant Sacha de Pokémon au creux de mes bras ou dessinant mon avenir certain avec Kevin le Kangoo. Non, je n’ai jamais été sectaire.
Je suis rarement en adéquation avec les canons de beauté. Je n’ai jamais ressenti le moindre picotement dans le palpitant pour un quelconque beau gosse. Quand mes amies du collège s’échangeaient des posters de Jonatan Cerrada, je dessinais Jareth, roi des Gobelins entouré de coeurs avec son admirable moule-quéquette (caractéristique de ce personnage magistralement campé par un David Bowie tout en touffe).
Ça s’enjaille dans la tour de l’aile nord.
J’avais beau avoir une dizaine d’années, rien ne semble avoir changé. Aujourd’hui, j’aime me prendre d’amitié pour Grégor Clégane et m’enamourer d’Adam Driver ou Christoph Waltz. Je ne suis pas celle que vous croyez.
D’ailleurs, je suis venue te conter une histoire que j’ai bien peu narrée. Par-delà les collines mes collègues pouffent encore à l’idée. Pourtant, j’ai décidé de prendre une grande inspiration et de faire face.
J’aime bien Christian Clavier. Je l’aime un peu plus que bien. Bon ok, je l’aime beaucoup.
Mais, hey, entendons-nous bien, cette passion pour le petit brun ne date pas d’aujourd’hui. Loin de moi l’idée de préférer les hommes beaucoup plus vieux, je suis tombée dans l’océan de ses yeux chocolat chaud à l’aube de mon premier visionnage de son plus gros succès. Sur la précieuse cassette où était enregistré Gandahar était également présent un film au titre douteux. Bizarrement Les Bronzés sonnait comme un long-métrage pour adulte classé X, sur lequel il était formellement interdit de poser les yeux plus de deux secondes.
Un jour je me suis tout de même décidée à demander à mes parents de quoi il en retournait. La réponse fut intrigante : un film très drôle que je devrais regarder un de ces jours. Ni une ni deux je me lançais à l’assaut de ce chef-d’oeuvre jusqu’alors incompris. Premièrement, je ne ris presque pas, j’étais sans doute trop jeune pour comprendre la subtilité. Deuxièmement, je fus frappée par un sort bien plus fort que la curiosité : l’amour.
Jérôme était le jeune et beau médecin du camps de vacances. Sous une épaisse tignasse brune il entretenait un peu plus bas une toute autre toison… Je perdis alors pied…
Y fait chaud dans les maillots.
À l’époque je savais déjà que je n’aimais pas les corps trop en muscles. Ça tombe bien, Christian Clavier n’est pas du genre à faire de la gonflette. C’est ce torse frêle et ce nez plein de caractère qui m’ont tout de suite séduite au plus profond. Oui, aujourd’hui je n’aurais pas honte d’affirmer haut, fort et sans alcool dans le sang qu’il pourrait tout à fait être mon style.
De plus, je considère que pour être séduite il faut qu’on me fasse rire. Or, la scène où Jérôme sort de l’eau en levant bien haut les genoux en hurlant qu’une bête s’est emparée des eaux troubles me donne toujours envie de me rouler par terre. La magie.
Il en est de même pour Les Bronzés font du ski où je l’ai apprécié, moulé dans une combinaison rembourrée (bien que la vue soit un poil moins appréciable que le précédent opus).
Je veux toucher, toucher la ficelle qui dépasse Cri-cri.
Aussi, je pense que la voix possède un immense pouvoir de séduction. Or,
Christian a ce ton juste assez aigu, tout de même masculin avec une pointe de ce petit je-ne-sais-quoi qui fait valser mon coeur sur l’air du Darladirladada.
Cette voix, ce truc, avait éveillé mon slip, mais pas seulement. C’était tout mon corps qui s’animait au son des congas. Et puis l’évidence est apparue, droit devant moi. Christian n’était personne d’autre que la célèbre voix de Chance dans L’Incroyable voyage. Dès alors je su.
Je sus qu’il ne s’agissait pas seulement d’un simple badinage sans lendemain. Impossible.
https://youtu.be/tcfA_rknnYM Recouvrez moi de crème chantilly, croyez moi c’est pour mon bien.
Christian, c’est quand même une figure de la comédie française, faisant partie de la troupe du Splendid et ayant le mieux réussi sa carrière en solo. Oui, mon Christian n’est pas seulement le dragueur un peu bête du Club Med’, c’est aussi un des interprètes d’un des plus grand héros national.
Amour, gloire et beauté.
Malheureusement, dans son rôle d’Astérix-me je ne lui ai pas retrouvé la fougue d’antan. Le temps semblait peu à peu l’avoir emporté. Un jour je me suis rendue compte que mon Apollon au postérieur imberbe avait déjà soixante deux putain de printemps derrière lui.
Oui, la beauté n’attend point le nombre des années, mais hors de question de s’ébattre avec un pépé. Je me suis rendue à l’évidence, l’homme qui m’avait jadis charmée avait fait son apparition télévisée quatorze ans avant que je sois née.
Loin d’être laid, c’est juste un homme mûr, ayant un peu abusé du crumble au spéculoos de sa compagne (qui peut le blâmer ?) avec une coiffure coque que seul un accessoire Claire’s saurait a ce point magnifier. Pourtant, ce serait mentir d’affirmer que je rêve jour et nuit de ses lèvres mordant voracement mon cou. Cette époque est bel est bien derrière moi.
Rapellons-nous tout de même, et non sans émotion, que Christian Clavier fut une chimère utopique dans l’esprit lubrique de bon nombre d’adolescentes des années 80, l’instigateur de bien des frétillements dans les petites culottes fluos. Et même si je m’y suis mise un peu tard, je ne regrette en rien le voyage.
https://youtu.be/t4lKP1rq4Bo
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