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Charlotte, 34 ans : « J’ai arrêté d’associer amour et couple »

Chaque semaine dans Célib, des personnes en tout genre nous racontent les joies et les questionnements de leur célibat, qu’il soit choisi ou subi. Aujourd’hui, c’est Charlotte, créatrice du compte Instagram @lacelibataire_lavraie, qui explique sa vision des relations hors des standards du couple.

Entre la pression sociale, les applis de rencontre et les injonctions contradictoires, le célibat est souvent perçu comme un état temporaire, un problème à régler, voire un danger. Pourtant, il existe autant de manières de le vivre que d’individus, et bien peu d’espaces où en parler ! Chaque semaine, dans notre nouveau format Célib, des personnes en tout genre nous racontent leur rapport au célibat, leurs questionnements et leurs réponses aux remarques gênantes… Ou les memes qu’elles peuvent en tirer ! C’est le cas de Charlotte, créatrice du compte Instagram @lacelibataire_lavraie, pour qui le célibat n’a rien d’un tabou.

  • Prénom : Charlotte
  • Âge : 34 ans
  • Lieu de vie : Paris
  • Pronoms : elle/elle
  • Orientation romantique et sexuelle : hétéro 

Depuis combien de temps êtes-vous célibataire ?

Je suis célibataire depuis une rupture, il y a deux ans. Depuis, j’ai quasi toujours été dans d’autres formes de relations sentimentales ou sexuelles, en dehors du couple.

En ce moment par exemple, je ne suis pas en couple mais je vois régulièrement deux hommes. L’un que je vois souvent et dont je suis très proches, on est amants et amis et nous partageons plein de choses. Je vois un peu moins souvent le deuxième, car nous avons des emplois du temps chargés, mais nous nous entendons très bien. Ce sont des relations auxquelles je tiens beaucoup, et qui n’ont rien à voir avec le modèle standard de couple exclusif, officiel, à long terme.

Quel est votre rapport au célibat ?

Avant, j’étais dans un célibat très subi. Ma situation me rendait très malheureuse, tournait souvent à l’obsession et me faisait prendre de très mauvaises décisions (ajoutez à tout ça une forte dépendance affective : une catastrophe). Je disais “Je veux être en couple, je veux habiter avec quelqu’un”.

Depuis quelques années, j’ai entamé tout un cheminement qui m’a fait voir les relations amoureuses et le célibat complètement différemment. Le couple ne me fait plus du tout envie !

Aujourd’hui, les relations sentimentales font partie de ma vie mais plus autant qu’avant, j’ai rééquilibré tout ça. J’ai arrêté de les idéaliser, arrêté de me mettre moi-même la pression. J’ai arrêté d’associer amour et couple, relation saine et couple, relation épanouissante et couple. Et je n’ai jamais été aussi épanouie de ma vie, alors que je n’aurai jamais cru cela possible en étant célibataire.

« On pense le couple et le célibat sans imaginer tous les entre-deux »

J’ai toujours pensé les relations entre le couple et le célibat, sans entre-deux. Quand javais des relations en dehors du modèle classique (un couple exclusif, fidèle où on fait tout à deux, on se présente nos familles, on se projette dans l’avenir…), j’avais tendance à être frustrée. Je me disais que c’était moins bien que si j’étais en couple, que ça aurait pu aller plus loin.

Avec le temps, je me suis rendu compte que je n’étais pas frustrée parce que ces histoires n’étaient pas bien, mais parce qu’elles ne rentraient pas dans les cases du couple hétéronormé, et qu’à cause de ça, elles étaient dénigrées. Mon entourage me jugeait beaucoup, on me disait souvent « T’en as pas marre de t’amuser ? »

On est tous et toutes très conditionnés à voir le couple hétéro comme un Graal absolu. Mais je vois aussi beaucoup de couples qui se font juger parce qu’ils ne cochent pas toutes les cases : parce qu’ils n’habitent pas ensemble, parce qu’ils ne veulent pas d’enfant, parce qu’ils ne font pas tout ensemble…

Moi, j’ai toujours eu beaucoup d’histoires amoureuses/sentimentales/sexuelles, dont une grande partie en dehors des relations de couple. Des relations à distance où on était pas exclusif, mais où on se voyait régulièrement, des relations qui n’étaient pas « officielles », des histoires de vacances, des relations d’un soir après une bonne soirée… Elles sont toutes différentes, et toutes spéciales !

Je trouve que ce sont des belles relations, qui peuvent être épanouissantes et qu’on a tendance à dénigrer.

Votre célibat a-t-il une incidence sur vos relations amicales ?

Plus ou moins. Je dirais que certains de mes amis en couple sont mathématiquement moins disponibles qu’avant et nos modes de vie ne sont parfois plus les mêmes. Mais ce n’est pas une règle absolue, j’ai des potes mariés qui sortent plus que d’autres de mes amis en couple ! C’est surtout la parentalité qui change nos relations, car nos modes de vies changent beaucoup.

Ce qui joue sur mes amitiés, ce n’est pas tant mon statut de célibataire que le mode de vie et le temps accordé aux relations amicales qui, malheureusement, change quand certains se mettent en couple.

Estimez-vous que le célibat a un impact sur votre moral, au quotidien ? 

Avant, cela jouait énormément. Je voulais à tout prix rentrer dans le moule, faire comme tout le monde, c’était un objectif en soi et je vivais donc très mal mes périodes de célibat. Je me sentais moins bien que les autres, pensais que j’avais un problème… Aujourd’hui, ce n’est plus du tout le cas !

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Pensez-vous qu’être célibataire vous permet des choses que vous ne pourriez pas faire en couple ? 

Complètement. Je pense que j’ai acquis une certaine indépendance. J’ai testé de nouvelles formes de relations, fais des voyages, fais des rencontres amicales, sentimentales et sexuelles folles, j’ai fait la fête, et j’ai surtout appris quelque chose qui a tout changé : j’ai appris à m’aimer, et à me nourrir de l’amour dans d’autres formes de relations que le couple. Mes amis, ma famille, des amants etc.

Depuis ma dernière rupture, j’ai vécu des tas de choses que je pense sincèrement que je n’aurais pas fait si j’avais été dans le « confort » de mon couple. J’ai surtout créé un compte instagram qui me permet d’aborder tous les sujets qui touchent de près ou de loin le célibat afin de dédramatiser ce « statut ». Je reçois quotidiennement des messages de personnes qui me disent que ça les aide à aller mieux, à moins subir, à même apprécier ces périodes quand ce n’était pas le cas.

À l’inverse, pensez-vous qu’être célibataire vous empêche de faire des choses que vous pourriez faire si vous étiez en couple ? 

Avant oui, mais parce que je me l’interdisais : aller accompagnée à un mariage par exemple (je l’ai finalement fait avec des amis !), devenir propriétaire (je m’étais toujours dit que je le ferais forcément à deux, mais finalement je l’ai fait seule et j’en suis hyper fière).

La chose aujourd’hui que j’hésite à faire seule et que j’aurai très certainement déjà faite si j’avais été en couple, c’est devenir maman.

Le lieu géographique où vous vivez a-t-il un impact sur votre rapport aux relations amoureuses ?

Oui, clairement. À Paris, j’ai le sentiment qu’il y a beaucoup plus de célibataires qu’ailleurs, plus d’infidélités, plus d’occasions de rencontres, et un mode de vie qui rend la vie sentimentale comment dire… intense !

Cherchez-vous activement à trouver une relation amoureuse ? 

Aujourd’hui, je ne cherche plus de relation de couple, et j’ai tendance à chercher des relations qui me plaisent, en dehors de ce modèle.

Cela peut être sur des applis, ou dans des lieux festifs comme les soirées, les bars, les boîtes…

Quand je suis en période de recherche, j’essaie de consacrer aux applis quelques heures par semaine, en soirée, pour faire de vraies rencontres et pas juste des matchs.

Le célibat amoureux a-t-il un impact sur votre vie sexuelle ?

Depuis que je ne cherche plus « le bon » ou mon futur mari, je fais plus de rencontre, et j’ai une vie sexuelle plus riche. Mais il y a aussi eu des périodes où je n’avais pas de partenaire sexuel du tout, ce qui est parfaitement ok ! Sur mon compte Instagram, je parle beaucoup de masturbation parce que je veux rappeler qu’on peut aussi avoir une vie sexuelle en solo très épanouie.

Ressentez-vous une injonction à être en couple ?

Complètement. De la part de mon entourage, de parfaits inconnus, des pubs, des médias, des films, des séries, des livres, des dessins animés, des impôts, des entreprises, des agences de voyage… On est dans une société où le couple est encore ultra-central et quasi tout est construit autour de ça.

C’est difficile d’assumer son statut « hors cadre » auprès de son entourage. Avant, je ne parlais jamais de mes relations par exemple. Aujourd’hui, je le fait parce que je sais que c’est important, mais je me heurte à beaucoup d’incompréhensions. Quand je parle d’un des hommes que je fréquente de manière régulière, on me demande tout le temps :

“Mais je comprends pas, vous voulez pas être en couple ? Si vous voulez pas être en couple, c’est que vous êtes pas amoureux ! ”

J’ai envie de répondre, oui, et ? Ce n’est pas pour ça qu’on ne peut pas passer des bons moments ensemble, tenir l’un à l’autre, s’apporter des choses…

Il y a aussi le fait qu’on ne voit les célibataires que sous deux prismes, celui de la vie sexuelle débridée comme Samantha dans Sex and the City, ou alors, celui de la vieille fille. Quand on sort de ces deux schémas, ça perturbe.

Quand je parle des relations que je cultive, de mon célibat, les gens me répondent souvent « Tu dis ça maintenant, mais le jour où tu en auras l’occasion (ou où tu rencontreras « the one »…), tu te mettras en couple ». Peut-être, et c’est ok ! On peut parfaitement adapter ses relations aux personnes qu’on rencontre, et ce n’est pas parce que je n’en ai pas envie pour l’instant que je ne peux pas changer plus tard.

Il y a aussi un jugement beaucoup plus dur sur la vie sentimentale et sexuelle des femmes. Quand je discute avec mes abonnées, je ressens la pression du slut-shaming, l’auto-jugement très fort que les femmes peuvent avoir envers elles-mêmes…

Est-ce que le célibat a un impact sur vos finances ? 

Oui ! Le cout de la vie d’une personne célibataire est 1,5 fois plus élevé que celui d’une personne en couple. Toutes les dépenses du logement sont divisées par deux et le m² est beaucoup plus cher (que ce soit en location ou en achat) pour les petites surfaces, le prix des aliments plus élevé aussi…

Quels sont vos projets pour le futur ? Le célibat a-t-il un impact sur ces envies et ces projections ? 

Avant, je calculais mes projets en fonction d’une rencontre hypothétique, d’un avenir hypothétique avec tel ou tel partenaire (achat, bébé, voyage, changement de boulot ou de ville etc). Maintenant je construis MA vie et si il y a quelqu’un qui s’y greffe un jour peut-être que ce sera cool, sinon tant pis, aujourd’hui, elle me va très bien comme ça !

Avez-vous une anecdote sur le célibat à partager ? 

J’en ai des milliers ! C’est pour ça que j’en ai fait des memes sur Instagram.

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Crédit photo de Une : Ivan Samkov / Pexels

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Les Commentaires

1
Avatar de Leona B.
3 février 2023 à 23h02
Leona B.
Article intéressant, j'aime bien cette série !
Sinon @Aïda Djoupa je ne sais pas s'il manque quelqu'un à la relecture ces jours-ci ou si c'est un petit coup de fatigue de quiconque remet en page les témoignages, mais il y a plein de petites fautes de grammaire/d'orthographe dans cet article (fait au lieu de fais et inversement, coût sans accent circonflexe etc.)
De mémoire, je l'ai aussi noté hier dans le Rêglement de compte (je crois). Sans jugement aucun, personne n'est parfait
6
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