Il y a quelques jours je suis allée chez le dentiste parce que j’avais peur d’avoir une petite carie. Comme nous l’a enseigné un grand sage, « les chicots c’est sacré », et j’avais moyen envie de pourrir de la bouche : j’ai donc pris rendez-vous pour me faire triturer la cavité buccale.
Aller chez le dentiste, un moment difficile
Comme beaucoup, j’ai été pas mal traumatisée dans ma jeunesse et j’avais peur des dentistes.
La faute aux secrétaires maussades et revêches qui t’accordent un rendez-vous « urgent » six mois minimum après ton appel et aux salles d’attentes pire que glauques aux peintures vertes, dans lesquelles tu ENTENDS les instruments vrombir et les gens crier (je déconne pas, je l’ai vécu).
La faute également au dentiste de mes 10 ans, caricature du vieux médecin qui en a vu d’autres avec ses cheveux blancs, son bide à bière et cette fascinante manie de me vagir dessus si je n’ouvrais pas assez la bouche à son goût.
Je jure que je faisais de mon mieux mais n’étant pas un hippopotame, mes capacité en matière d’aperture sont limitées, ou si j’avais trop mangé de fraises Tagada au goûter et que j’avais donc, ô drame, ô désespoir, une malencontreuse carie et une hygiène dentaire perfectible.
Ça va, c’est assez ouvert là ?
J’ai trouvé le meilleur dentiste, et maintenant j’aime y aller
J’ai fais la liste des avis sur les dentistes près de chez moi. Mais tout ça, c’était avant que je fasse la rencontre d’un bon dentiste pipou, celui qui pourrait m’arracher la totalité des molaires sans cesser de me faire chanter la Compagnie Créole avec lui (j’exagère un peu, mais c’est pour dire).
Voici donc les raisons qui me font maintenant aller chez le dentiste en fredonnant avec les oiseaux et en riant avec les papillons comme dans un film de Disney.
Il est à deux pas de chez moi. C’est peut-être un détail pour vous, mais pour moi ça veut dire beaucoup. Ne pas avoir à me taper 20 minutes de métro en angoissant à l’aller, puis 20 nouvelles minutes au retour, c’est beau.
Surtout quand ce retour se fait au choix : l’impression que la moitié de mon visage a fondu (en prime, la sensation de baver en permanence, soit un bonus de +15 en glamour) ou alors être complètement droguée par l’anesthésie et marmonner toute seule en ouvrant des grands yeux.
Oui, c’est du vécu et au moins j’aurais égayé la journée des gens qui étaient dans ma rame ce jour-là (ou alors ils ont dû entamer 15 ans de thérapie suite à l’épisode de « la folle du métro qui parle toute seule en faisant des bulles avec sa bouche », mais personne ne m’en a tenue informée).
La secrétaire est super sympa et donne des rendez-vous d’une semaine sur l’autre. Big-up et musique céleste pour elle, que des centaines de colibris lui remplissent la bouche de chocolat Milka au caramel pour toujours et à jamais.
Le dentiste est un pipou en or massif, donc. Loin du cliché décrit plus haut, c’est un jeune gars de moins de trente ans, ressemblant à un petit Pokémon touffu qui ferait des blagues du type « Alors c’est un pingouin qui respire par le cul, un jour il s’assoit et il meurt ». Magique.
Si mon dentiste enfile un masque, la ressemblance est frappante.
En plus d’être choupi et d’être
un dentiste à l’écoute qui met facilement à l’aise ceux qu’il installe sur son fauteuil de torture, il est aussi doux d’un paquet de papier toilette triple épaisseur, ce qui atténue un peu la sensation désagréable du détartrage qui te fait trembler le slip.
Les galères quand tu es chez le dentiste
Le seul problème c’est que comme il essaie de discuter alors que tu as deux tuyaux, un machin qui vibre plus six de ses doigts dans la bouche… Les interactions sont quand même limitées, ce qui ne m’empêche pas pourtant de lui cracher à la figure quelques débuts de réponses baveuses.
– Alors, ça va vous êtes venue à pieds ? – Honhon. – Pas trop froid ? – Gnnnnonfff. – Parce que franchement c’est déprimant ce temps, il fait sept degrés quand même ! – Agnnnfoui. – Hier il a même grêlé ! – Hanhan. – Bon je vais faire la radio, tenez-moi ça. – SWIIIIIIIIIIOOOPLFLFLFLFLFLFLFLFLFLF – Haha non, un peu plus haut sinon vous allez vous aspirer la langue. – Hihihi wlokléééééflflflf. – C’est la musique qui vous fait rire ? (Thriller de Michael Jackson passait à la radio) – Vouigglgr. – Haha oui, tout à l’heure on avait Les lacs du Connemara avec un autre patient, j’avais du mal à me concentrer. (Il chantonne) – HahahahagrflglhfSWOOOUUPLFLFLFLFLFLFLFLFLFLGHH – Oulà, attention la langue ! – Huhu ‘arrrlgong. – Bon je vais commencer le détartrage. – Gnooooonglrlr !
Ça me rappelle étrangement quelque chose…
Ça a continué comme ça pendant la demi-heure qu’a duré la consultation (plus quelques interludes pendant lesquels on a pu constater ma navrante incapacité à cracher correctement) et même si je serre toujours un peu les fesses au moment où il commence à me fraiser la tronche, j’ai désormais grâce à lui beaucoup moins peur du dentiste.
J’ai alors pensé aux madmoiZelles qui, comme moi, ont été traumatisées dans leur enfance par un ou plusieurs dentistes, mais aussi à celles qui se destinent à ce métier ou qui l’exercent déjà.
J’espère avoir pu redorer un peu le blason de ces personnes qui se consacrent au soin de nos mandibules cariées parce qu’honnêtement je les admire. Je serais tout bonnement incapable de faire ça (on doit tomber sur des trucs sacrément crado et de toute façon je suis phobique de la salive) !
Pour les autres, ne désespérez pas si vous n’avez pas encore trouvé votre dentiste pipou, au moins vous savez que tout espoir n’est pas perdu.
La peur du dentiste, ça te parle, ou le vrombissement de la fraise te fait ni chaud ni froid ?
Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
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