Cette critique a été écrite dans le cadre d’un partenariat avec Blackout Total. Conformément à notre manifeste, on y a écrit ce qu’on voulait.
Blackout Total part d’une idée très simple. Une femme qui doit prendre soin son image se retrouve confrontée à la pire chose qui soit dans ce contexte : une walk of shame de haut niveau. À noter que Walk of shame est le titre du film en VO, et que ça sonne vachement mieux, en plus de mieux correspondre à l’intrigue.
Le Walk of shame, précisons-le, est un concept très simple : c’est le fait de faire le trajet de chez sa conquête de la veille à chez soi, une fois le coït fini. On parle de « marche de la honte » parce qu’on porte (à moins d’être très prévoyante) les vêtements de la veille, qu’on a le maquillage qui coule, le cheveu gras et hirsute. Une situation bien moins humiliante chez la plupart des mecs…
Pour beaucoup de filles, c’est une marche de la honte pour des raisons presque uniquement physiques. Pas parce qu’on a honte d’avoir eu des relations sexuelles. Mais bon, quoiqu’il arrive, je t’assure qu’un jour, la marche de la honte se transforme en marche de la fierté ou de la nonchalance. Crois-en mon expérience.
L’histoire, c’est celle de Meghan Miles, présentatrice d’une émission télé d’infotainment (information et divertissement), un peu comme Jean-Pierre Pernaut (aucun lien, fille unique). Sa vie semble immaculée : elle est fiancée et est très bien placée pour obtenir une promotion pas dégueu.
Mais quelques jours plus tard, son coeur fait des montagnes russes : son mec la largue et elle apprend qu’elle n’a pas obtenu le job qu’elle convoitait. Ses deux meilleures potes décident donc de l’emmener passer la soirée en boîte. Là-bas, passablement éméchée complètement bourrée, elle fait la connaissance d’un bien beau serveur à qui elle fait des avances. Ils rentrent chez lui, boivent, rient, font l’amour et s’endorment.
Le lendemain matin, elle réussit à écouter sa messagerie et apprend que le soir même, à 17h, des producteurs viennent voir l’émission qu’elle présente : LA FÊTE ! Il est possible qu’elle puisse finalement avoir le poste qu’elle pensait perdu !
On pourrait croire que je viens de te spoiler la totalité de l’intrigue, mais pas du tout : ce n’est qu’à ce moment que le film commence et les vingt premières minutes n’étaient qu’une mise en contexte ! Car à partir du moment où elle quitte l’appartement de sa conquête, Meghan part dans une véritable course-poursuite vers son avenir professionnel glorieux. Sans argent, sans voiture, sans portable, avec une robe qu’elle assumait en soirée, mais plus du tout de jour, alors que Los Angeles a repris un rythme normal.
Une comédie fort drôle
Blackout Total n’est clairement pas une comédie subtile, mais c’est toujours moins gras qu’un Very Bad Trip (personnellement, j’avais profondément détesté ce film, sa suite, et la suite de la suite). Ici, les personnages ne sont pas fouillés, mais les situations sont drôles et j’ai beau être particulièrement difficile en matière d’humour, j’ai très souvent ri à foison. Parce que les dialogues et l’enchaînement d’échecs qui jalonnent cette journée sont drôles, mais pas seulement : Elizabeth Banks, que j’avais adoré dans le rôle de la journaliste qui épouse Alec Baldwin dans 30 Rock, est absolument géniale dans ce rôle de Wonder Woman de la lose.
J’irai pas jusqu’à dire que c’est un film « pour meufs » : évidemment, les ressorts comiques sont plus facilement compréhensibles et parlants quand on a expérimenté ce genre de situations. Le fait de rentrer chez soi le matin complètement défaite, avec les fringues de la veille, du maquillage jusqu’aux genoux et chaque cheveu qui vit son existence propre, en ayant l’impression que toutes les personnes que l’on croise nous jugent profondément dans leur for intérieur… Cette impression qu’on a gravé « j’ai bu, j’ai forniqué et je sens le foutre/la cyprine » sur notre front.
Un film avec du slut-shaming ?
Contrairement à ce que j’ai cru en voyant la bande-annonce, contrairement à tous les
a priori que j’avais avant de voir le film, je dois dire que j’ai été agréablement surprise sur ce point : non, je n’ai pas vu de slut-shaming dans Blackout Total. Je ne dis pas qu’il n’y en a pas, parce que je ne veux pas remettre en question l’avis de ceux et celles qui en ont perçu, mais moi pas du tout.
Je suis sensibilisée, j’en ai suffisamment été victime et le suis encore parfois aujourd’hui pour savoir ce que c’est. On a été vigilantes sur ce sujet, ainsi que sur le traitement réservé aux prostituées.
Certes, Meghan passe la journée à se faire poursuivre par des flics qui la prennent pour une prostituée, pour la simple raison qu’elle est court vêtue et qu’ils ont cru la voir racoler alors qu’elle cherchait de l’aide. Mais c’est eux qui sont tournés en ridicule, dans l’histoire. Bien sûr, elle essaie de leur faire comprendre qu’elle n’est pas une travailleuse du sexe, mais je n’ai pas eu le sentiment que son air désespéré quand elle le faisait avait quelque chose à voir avec un dénigrement de la profession. J’y voyais plutôt l’incompréhension de se retrouver dans une situation aussi absurde.
Qui a déjà été confondue avec une prostituée en marchant rapidement, en attendant le bus ou autres sait combien il est facile de voir ce genre d’évènements se reproduire dans notre quotidien.
Et je ne veux en aucun cas spoiler, mais la chute clarifie vachement les quelques doutes qui pourraient persister là-dessus. Alors oui, Meghan se fait constamment traiter de salope, de pute, de traînée. Mais de mon point de vue personnel, son attitude à elle et les réponses qu’elle donne pour se défendre suffisent toujours à retourner la vanne au profit de l’héroïne.
Une meuf perdue dans un Los Angeles fort stéréotypé
Si on imagine mal l’action de Blackout Total transposée ailleurs qu’à Los Angeles (ou même en dehors des États-Unis), c’est pour une raison très simple (bien que je n’y aurais pas pensé si Marie.Charlotte ne me l’avait pas dit) : c’est une comédie qui colle à Los Angeles pour des raisons géographiques et démographiques,. Globalement, le film ne marcherait ni à Paris ni à Limoges.
Ça ne veut pas dire, en revanche, que c’est une comédie qui ressemble à L.A. (et je dis ça sans y avoir jamais mis les pieds) : les dealers y sont noirs, les adolescents pervers et les prostituées protègent leur territoire. J’aurais aimé que ce soit ne serait-ce qu’un tout petit peu moins stéréotypé, mais il s’agit d’une comédie américaine, un genre qui échappe trop souvent à la subtilité…
Mais une chose à la fois : Blackout Total est un bon divertissement, avec de vraies bonnes vannes dedans, porté par une femme. Une femme blonde moulée dans une robe impeccablement coupée, mais une femme qui se démerde toute seule, qui a de l’humour et du cran. Jamais elle ne joue le rôle du second rôle sexy et/ou stupide : elle tient les rênes du film.
Et j’ai beau chercher, des films comme ça avec un personnage féminin qui ne passe pas son temps à se demander si son plan cul de la veille la rappellera (elle ne l’évoque d’ailleurs quasiment pas une fois qu’elle a quitté son appartement), j’ai pas encore eu la chance d’en voir beaucoup !
Si ça m’a fait du bien ? Grave. Tu peux pas t’imaginer à quel point.
Et pour plus de walk of shame, tu peux aussi regarder notre guide de survie pour lendemains de soirée difficiles !
Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.
Les Commentaires
J'ai été un petit peu déçue par rapport à l'article qui le vendait comme LA comédie de l'année, mais j'ai tout de même passé un bon moment.
L'actrice est vraiment chouette, et [attention spoiler] la scène avec les dealers est hilarante !
J'ai apprécié aussi la non-vulgarité, ainsi que le fait qu'on évite les scènes de cul qui parsèment le net, le cinéma et les séries !
Je le conseille après le boulot pour se détendre même si ça ne vaut pas un Oscar !