Vous avez peut-être vu passer cette image sur les réseaux sociaux : elle vise à démontrer aux féministes que les hommes aussi souffrent des stéréotypes de genre, qu’il n’y a pas que les petites filles qui sont soumises aux clichés. Les garçons aussi ont leur « Barbie », et il s’appelle « Musclor ».
« Voici Barbie. Elle a été au centre de bien des controverses, car les féministes clament qu’elle représente un standard de beauté irréaliste, injuste et dangereux pour la santé des jeunes filles, dommageable pour leur estime d’elles-mêmes. ET VOICI MUSCLOR. »
Vous avez dit « double standard » ?
Le titre de la photo est accusateur : « double standard », cela signifie que les féministes nieraient la dimension oppressive des modèles masculins, pour ne combattre que celle des modèles féminins.
En clair, elles voudraient que les filles puissent être ce qu’elles veulent dans la vie, mais que les garçons restent des chevaliers servants, galants, forts et courageux.
Si c’était le cas, ce serait effectivement un double standard, j’en conviens parfaitement.
« Barbie VS Musclor », l’explication
Sur son blog, la talentueuse et très pédagogue Mirion explique sans condescendance ni accusation la différence entre le modèle Barbie et le modèle Musclor. Et spoiler alert : non, le féminisme ne nie pas la souffrance des hommes. Il la combat également !
Normalement, quand vous aurez lu cette note, vous serez forcément féministe. Sauf si vous ÊTES Musclor, mais dans ce cas vous n’êtes probablement pas réel.
La suite à lire sur le blog de Mirion : Barbie versus Musclor, ou l’allégorie de la mauvaise foi
Mirion explique en images et à partir d’un exemple concret que si les hommes aussi ont leurs stéréotypes de genre, ils ont néanmoins des privilèges conférés par leur position de dominant dans la société patriarcale.
Dans l’exemple de Barbie versus Musclor, on voit bien que les garçons qui ne s’identifient pas à Musclor ont d’autres modèles, tandis que les filles n’ont QUE le corps de Barbie. Et quand bien même, Musclor a des qualités valorisantes que Barbie n’a pas, puisqu’elle est réduite à un rôle passif.
C’est globalement ce qu’expliquait Lady Dylan à propos du « sexisme anti-hommes » : le féminisme ne nie absolument pas la souffrance des hommes confrontés aux injonctions à la virilité, car il vise à déconstruire ces représentations également !
« Si le sexisme n’est pas symétrique, que penser de celui qui toucherait spécifiquement les hommes ? Injonctions à la virilité, interdiction de montrer leurs émotions, manque de crédibilité dans leur rôle de père…
En fait, beaucoup de ces restrictions viennent du patriarcat en lui-même, ce fameux système qui crée une hiérarchie entre les genres. Pour maintenir leur supériorité, les hommes doivent se différencier des femmes. »
C’est pourquoi « Barbie VS Musclor » n’est pas un double standard, et que prendre cet exemple relève au mieux de l’ignorance, au pire de la mauvaise foi.
Pour en savoir plus :
- « Les filles sont drôles comme l’éclair », sur les femmes et l’humour, une autre note explicative de Mirion
- Le sexisme anti-hommes… et pourquoi il n’existe pas
- « Sois un homme ! », la dangereuse injonction sociale masculine
- Messieurs, l’égalité hommes-femmes ne se fera pas sans vous
- « Majorité opprimée », un court-métrage percutant : pour comprendre les privilèges masculins dans une société patriarcale
Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
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