Le baiser, un acte social comme un autre (après tout, Jésus embrassait joyeusement ses disciples… il paraît, j’y étais pas, je peux pas dire) a pris, notamment avec le cinéma, une valeur quasi métaphysique. Un baiser n’est plus le bête contact de quatre lèvres (bruit de succion facultatif) : il devient une apogée hollywoodienne, un cliché esthétisé sur fond de feu d’artifice avec la jambe qui se lève. Petite typologie des baisers de grand et petit écran (avec exemples à la clé).
Le baiser chaste… ou pas
À la suite d’une série de scandales qui décrédibilisa le tout-Hollywood, temple du vice et de la dépravation, on mit en place le code Hays (en vigueur de 1934 à 1966) qui visait à faire de l’industrie un exemple de bonne conduite et de vertu.
De fait, les bisoubisous étaient assez mal vus et plutôt limités à l’écran. Pas de baisers lubriques, d’embrassades lascives ou de gestes suggestifs… Mais loin de décourager les cinéastes (ces p’tits pervers), ça les a encouragés à trouver des moyens détournés d’être saixy et d’émoustiller l’audience !
On connaît le célébrissime exemple des Enchaînés d’Alfred Hitchcock : ce petit malin n’a en effet pas vraiment mis en scène un long baiser mais une série de bécots giga hot entre Ingrid Bergman (et sa voix qui donne à mon myocarde des envies de tambourinage) et Cary Grant (sss…sss… chaud !) :
Le baiser chiantissime
2007 : le code Hayes est loin derrière nous et POURTANT, pourtant, il semblerait que nos amis British, jusque là restés en marge de la machine hollywoodienne dans leur production, s’imposent d’eux-mêmes d’abominables restrictions et décident de désexyser les bisous (oui j’invente des mots).
Persuasion, ou le film qui adapte un bouquin plutôt long (420 pages chez Gallimard) en à peine 93 minutes — ce qui devrait, à priori, le rendre plus « bondissant », plus « punchy » — ralentit encore le rythme et nous donne réellement la mesure du temps qui passe.
Pourquoi ? Parce que sur ces 93 foutues minutes, on a LE BISOU LE PLUS CHIANT DU MONDE. Eh si, eh si, en exclusivité pour vous mesdames et messieurs, voilà le baiser qui fera de vous une masse écumante et frustrée beuglant devant son écran : « VAS-Y !! VAS-Y !! » tel un supporter sportif pendant les J.O.
Le baiser qui réveille les violons
C’est vraiment cheesy quand on y pense, et ça mériterait presque un jeu à boire. J’invite qui veut à une soirée « matage de films rétro » et on se boit un godet cul sec à chaque fois que les personnages s’embrassent tellement fort que ça réveille les violons !
Dans le genre j’aime beaucoup celui-là (même si j’aime pas Heathcliff le crevard, mais bon, Laurence Olivier quoi) :
https://www.youtube.com/watch?v=puxz9xNgtXQ
Mais je crois que la spécialiste toute catégorie en baiser qui réveille les violons c’est Angélique, l’indomptable marquise des Anges. Je n’ai pas trouvé de scène précise mais on entend pas mal de violons dans ce trailer :
https://www.youtube.com/watch?v=WpK2OlayWvg
Le baiser fourré aux hormones
Quand j’étais petite, je trouvais l’acte du bisou sur la bouche éminemment choquant et intime, du coup, je me demandais comment faisaient les comédiens et acteurs pour donner l’impression de se bisouiller parce que… bah se faire des vrais bisous déjà en vrai c’est dégoûtant alors quand t’es même pas amoureux, beurk cacabeurk quoi.
Du coup ma mère m’avait dit qu’ils s’embrassent le menton ou bien ils mettent la main (une technique qui doit bien fonctionner dans les vieux films sous code Hays en fait), mais une série est venue casser ce mythe, et cette série c’est Smallville, le show le plus fourré de baisers d’ados en overdose d’hormones que j’ai jamais vu.
Du coup, durant un tas de saisons, Clark et Lana n’y vont pas de main morte et ça me laissait pantoise. Pantoise et dégoûtée…
Mais vaguement émoustillée.
VAGUEMENT !
Bien sûr, ils sont pas les seuls à se bisouiller mais bon : Clark et Lana quoi !
En général, au lieu d’éveiller les violons d’ailleurs, leurs baisers hormonaux éveillaient plutôt une musique pop sirupeuse.
Le baiser forcé mais trop romantique quand même parce qu’au fond elle le veut
Ou comment mystifier des générations de spectateurs :
https://www.youtube.com/watch?v=cam41uFRaXY
Oui, je n’ai jamais aimé Rhett Buttler… ni Scarlett en fait… Bon, ok : j’ai détesté Autant en emporte le vent, je me suis terriblement ennuyée et c’est la honte, j’avoue ! Pardon ô cinéphiles de tous poils !
Ceci dit, pour être juste, ce type de baiser n’est pas inhérent à Rhett et Scarlett, il est très courant : le mec chope le bras de la fille, la plaque virilement contre lui, et vous connaissez la suite.
Le baiser baveux
Attention, on va avoir du lourd, ici on aura un concurrent sérieux au « baiser chiantissime le plus laid du monde » évoqué plus haut.
Les quatre filles du docteur March, un des bouquins que j’ai le plus (re)lu, a été adapté de nombreuses fois et la dernière version en date n’est pas ma préférée (même si elle reste très sympa hein).
Si je devais citer une raison valable idiote et viscérale pour cette déception, ce serait ce baiser avec le petit Laurie (Christian Bale) qui ne se sent plus et donne dans le joyeux roulage de pelle — un rien forcé — sur Jo (Winona Ryder), au point que nos deux tourtereaux (pas vraiment) continuent à être liés au-delà du baiser par un remarquable filet de bave répugnant. Miam.
https://www.youtube.com/watch?v=bzgNSrJj3TI
Pourquoi vous l’avez gardé, sérieux ? De toutes les prises vous avez préféré celle avec le filet de bave en guest star ?
Le dernier baiser avant la fin du monde
Je dois admettre quelque chose de honteux.
Je suis fan de la relation Burns/Smithers dans Les Simpson.
Mmh. What the Hell ? MMMHOUAK
De fait, oui ce brave Smithers agresse sexuellement Mr Burns, y a pas à tortiller. Mais c’est tellement inattendu et décalé… Et Smithers est tellement désespéré à l’idée que tout s’achève sans qu’il ait pu faire comprendre à Burns ses véritables sentiments… Bon ok, c’est une mauvaise excuse.
Le dernier baiser avant la fin du monde fourré aux hormones qui réveille les violons et sous la pluie en plus (ou presque)
Attention, combo !
J’avoue que le côté gnan-gnan d’Harry Potter m’a parfois posé problème dans mes jeunes années de fan puriste qui s’énervait des coupes nécessaires à toute adaptation (et Winky ? Et Firenze en prof ? Et Tom Bombadil ? Ah… zut, je me suis gourée de saga). Mais quand j’ai vu Les Reliques de la Mort partie 2 s’achever sur grand écran, j’avais assez de recul pour apprécier justement ce côté très cliché, auquel s’ajoute néanmoins cette note british qui fait le charme de la saga (on se fait un bisou épique, mais en cardigan) !
Et vous, quels sont vos baisers préférés du cinéma ou de la télé ?
Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
Les Commentaires
Le couple le plus cool du petit écran !