Nous sommes en 2016.
L’avortement est toujours régulièrement remis en question par différents groupes. En moyenne, les femmes ne sommes toujours pas payées à l’égal des hommes. La culture du viol se porte bien, et le harcèlement de rue aussi. Et la liste est encore longue.
MAIS.
Ca ne fait jamais de mal de voir le verre à moitié plein.
Aujourd’hui, j’avais envie d’être positive. En prenant un peu de recul sur la situation, sur ces combats qu’on mène au quotidien, je réalise qu’on a parcouru un sacré bout de chemin. Alors parce que ça ne fait jamais de mal de voir le verre à moitié plein : tour d’horizon de ces choses, qui me font réaliser qu’on marche dans le bon sens, même si ce n’est pas à vive allure.
Toujours plus aptes à défendre nos droits reproductifs et sexuels
Simone de Beauvoir l’avait dit, et c’est confirmé très régulièrement : « N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question ». Mais la bonne nouvelle, c’est que cela ne peut plus se produire sans une levée de boucliers.
Il y a seulement quelques jours, nous alertions sur la possible création d’une clause de conscience pour les pharmacien•nes, dont la mise en place laissait présager la possibilité pour ces profesionnel•les de refuser de fournir des contraceptifs à leurs patient•es. La mobilisation a été telle qu’en deux jours, le Bureau du Conseil National de l’Ordre des Pharmaciens a suspendu ce projet !
L’incrédulité générale face au mouvement des « Survivants » est en quelques sortes rassurante.
Et si on peut déplorer le fait qu’il existe encore des mouvements anti-IVG, j’ai été agréablement surprise par les reportages consacrés au groupe des Survivants, qui a refait surface en juin. Même dans les médias grand public, le ton adopté est incrédule, mettant en évidence l’absurdité de telles revendications. Pas sûre que les réactions auraient été aussi franches auparavant.
Le harcèlement de rue, enfin dans le viseur
Le 31 juillet 2012, la France (et d’autres pays) prenait conscience à travers le documentaire de Sofie Peeters que non, les remarques que les femmes subissent quotidiennement dans la rue ne sont pas normales. Depuis, de nombreuses campagnes pour lutter contre le harcèlement de rue ont été mises en place.
Et à force de mobilisation, on a réussi par exemple à maintenir l’amendement qui vise à lutter contre le harcèlement sexiste dans la proposition de loi sur la sécurité dans les transports !
Même si dans les faits on continue de subir les remarques et sifflements désagréables, savoir qu’on tente enfin de prendre le problème en charge est rassurant !
Je ne suis pas convaincue qu’on aurait obtenu la même réaction collective il y a cinq ans !
Un autre exemple ? Pas plus tard que cette semaine, la réaction de parents indignés d’avoir reçu un mot leur demandant de mettre un short sous la jupe de leur fille, entre autre pour « éviter des situations compliquées » potentiellement causées par « des enfants de 10 à 12 ans qui peuvent avoir un comportement déplacé avec une petite fille dont la jupe se soulèverait » a été partagée des milliers de fois.
Je ne suis pas convaincue qu’on aurait obtenu la même réaction collective il y cinq ans !
Le pouvoir d’achat des femmes en hausse
Encore une fois, qui s’inquiétait il y a quelques années du fait que cinq rasoirs roses soient plus chers que dix rasoirs bleus pourtant identiques par ailleurs ? L’expression « taxe rose » ou « women tax » était encore inconnue au bataillon – en tous cas en France – il n’y a pas si longtemps que ça. Mais grâce au collectif Georgette Sand, la ministre du droit des femmes elle-même s’est exprimée sur le sujet !
Dans le même registre, le fait de ne pas considérer les tampons, serviettes et autre coupes menstruelles comme des produits de première nécessité n’avait jamais concrètement été pointé du doigt avant décembre dernier… Ce qui a permis d’en faire baisser la TVA.
On avance, et la société aussi
Autre chose qui montre qu’on avance ? Il n’y a pas si longtemps, on a fait passer une loi « pour l’égalité réelle », qui comprend entre autres des dispositions sur le congé parental, pour inciter davantage de papas à le prendre !
De temps en temps, ça fait du bien de mesurer les petits pas de fourmis qu’on fait.
Donc oui, il y a des jours où ça me donne envie de pleurer, de voir qu’on doit encore se battre sur tous ces sujets là. Mais de temps en temps, ça fait du bien de mesurer les petits pas de fourmis qu’on fait, petit à petit.
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Les Commentaires
Pour les droits reproductifs et sexuels: des partis ayant explicitement annoncé vouloir les bafouer gagnent du terrain un peu partout dans l'indifférence générale, y compris des femmes (voire parfois avec la bénédiction de ces dernières). Il suffit de voir les dernières élections américaines et françaises pour s'en rendre compte.
Le harcèlement de rue: il continuera d'être un grave problème aussi longtemps que la culture du viol et du «pas vu, pas pris» existeront, et on n'a pas encore trouvé de solution pour les combattre.
J'ajouterais que si on compare la propagande masculiniste de celle des anti-suffragettes du siècle dernier, on constate que ce sont peu ou prou exactement les mêmes, et qu'ils n'ont pas vraiment évolué.