Mise à jour du 24 juillet 2020
Jeudi 23 juillet, le premier ministre Jean Castex a précisé les contours du plan #1jeune1solution à l’occasion d’un déplacement dans le Doubs.
Doté de 6,5 milliards d’euros, ce plan négocié avec les partenaires sociaux, le service public de l’emploi, les services de l’État dans les territoires, les associations de jeunes et d’apprentis, les associations de représentation des élus locaux et des entreprises offre une ambition légèrement à la hausse par rapport aux annonces de la semaine précédente.
Parmi ces annonces, de nombreuses ouvertures de formations destinées aux moins de 25 ans, qualifiés ou non – notamment dans le secteur du soin et dans les métiers du numérique. 150 000 jeunes (au lieu de 100 000) pourront bénéficier cette année du parcours d’insertion et de l’indemnisation de presque 500€ comprise dans la Garantie jeunes déployée par les missions locales.
De leur côté, les organisations de jeunesse regrettent que la Garantie jeunes ne s’étende pas à 200 000 jeunes, qu’elle n’inclut pas les 25-30 ans et que le droit au RSA ne soit toujours pas envisagé pour les moins de 25 ans.
Avec le plan #1jeune1solution, le gouvernement espère ainsi débloquer près de 450 000 embauches entre la fin d’année 2020 et le début d’année 2021.
Initialement publié le 17 juillet 2020
Comme souvent en temps de crise, la pandémie du Covid-19 a mis en lumière les inégalités qui touchaient particulièrement les jeunes Français et Françaises.
Avant le confinement, 1 jeune sur 5 vivait sous le seuil de pauvreté et 1 étudiant sur 4 avait un travail à côté de ses études qui lui était indispensable pour vivre… la situation n’a jamais été aussi préoccupante.
Pour répondre en urgence aux inquiétudes des étudiantes, jeunes actifs et personnes de moins de 25 ans en situation de décrochage social ou scolaire, le gouvernement bosse depuis plusieurs semaines pour accompagner les publics les plus désavantagés.
Ce mardi, Emmanuel Macron a annoncé une série de mesures visant à stabiliser la formation des jeunes et à améliorer leur accès à l’emploi, malgré un contexte économique difficile :
« Notre jeunesse, ça doit être la priorité de cette relance. »
Des repas CROUS à 1€ et des places de formations supplémentaires
Tu as peut-être vu passer cette info si tu es étudiante : à l’automne, les étudiants boursiers pourront bénéficier de repas à 1€ au resto universitaire, au lieu de 3,30€.
Une enquête de la la Fédération des associations générales étudiantes (la FAGE) menée avec l’institut IPSOS et publiée ce 13 juillet a démontré qu’une grande majorité des étudiantes et étudiants avaient souffert financièrement de la crise du Covid-19. Orlane François, la Présidente de la FAGE précise au Monde :
« 74 % des jeunes de 18 à 25 ans ont eu des difficultés financières ces trois derniers mois, dont des problèmes pour s’alimenter ».
Les syndicats étudiants réclament désormais que les 73% d’étudiants non-boursiers puissent également bénéficier de ce coup de pouce.
En parallèle, plus de 200 000 places seront ouvertes dans des formations qualifiantes supérieures.
Si nous n’avons pas encore de détails, nous savons qu’elles permettront notamment « à un jeune qui n’a absolument aucune issue, aucune perspective d’embauche, de poursuivre un peu ses études, avec un accompagnement social ».
Des aides à l’emploi des jeunes pour les entreprises et des missions de Service civique
Environ 700 000 jeunes vont chercher leur premier emploi à la rentrée.
Pendant au minimum un an, les entreprises qui embaucheront des jeunes pourront bénéficier d’avantages financiers. Elles n’auront pas à payer une partie des cotisations sociales qu’elles doivent à l’État pour les personnes qui ont de faibles qualifications et dont le salaire ne dépassera pas 1,6x le SMIC, soit 2 463€ brut par mois.
D’après le premier ministre Jean Castex, cette mesure s’appliquerait uniquement à l’embauche des moins de 25 ans.
En complément, le Président a aussi annoncé la création de « 300 000 projets et contrats d’insertion qui permettent d’aller chercher les jeunes qui sont parfois les plus loin de l’emploi » et de 100 000 missions de Service civique supplémentaires.
Si le périmètre des contrats d’insertion reste trop flou pour être commenté à ce stade, l’annonce autour du Service civique divise déjà les acteurs jeunesse…
Comment garantir la qualité de 100 000 missions et veiller à ce que ce dispositif reste un outil d’engagement citoyen ?
Antoine Dulin est spécialiste des questions jeunesse au Conseil Economique Social et Environnemental (CESE) et Président de la commission « insertion des jeunes » au Conseil d’orientation des politiques de jeunesse.
Il temporise ces annonces :
« Le Service civique est avant tout un dispositif d’engagement et ne doit pas être un palliatif ou un dispositif d’attente d’une insertion professionnelle.
Tant mieux si les jeunes y acquièrent des compétences valorisables dans leur CV, mais ça ne devrait pas être dans l’attente d’un premier emploi.
Le risque, c’est que des structures recrutent en Service civique et n’embauchent pas en contrat. Il faudra veiller à la qualité des missions et de leur dimension d’intérêt général et à leur longévité, au delà de 8 mois. »
Des milliers de jeunes laissés sur le carreau
Parce que la population « jeune » recouvre une multitude de réalités, les politiques jeunesse manquent encore de moyens et de cohérence sur le long terme.
« Nous nous réjouissons bien sûr de ces annonces mais je regrette qu’il faille être en crise pour que le gouvernement se préoccupe de la situation des jeunes. »
Et en effet, depuis plusieurs mois, le combat des organisations accompagnant les jeunes Français n’a toujours pas permis de répondre à la délicate question des aides financières accordées aux moins de 25 ans, qui ne bénéficient toujours pas des minima sociaux pour vivre.
« Ce plan ne va pas changer structurellement la situation des jeunes en France. Nous sommes dans des dispositifs d’attente, palliatifs, ce n’est pas un changement en profondeur. »
On estime à 10 à 15% les jeunes qui ne sont ni en emploi ni en formation et qui subissent des « freins périphériques » (pas de rentrées d’argent, en galère de logement, bloqués dans leur mobilité, etc.).
Selon Antoine Dulin, « il ne suffit pas de traverser la route pour trouver un emploi ».
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Autre « trou dans la raquette » que déplore Antoine Dulin : l’absence de mesures autour de l’obligation de formation avant 18 ans.
À la rentrée 2020, la législation change et aucune personne entre 16 et 18 ans ne pourra être sans emploi, sans étude et sans formation.
Problème : sur les territoires, les collectivités n’ont pas encore reçu de moyens financiers pour mettre en œuvre cet objectif ambitieux, alors que 60 000 mineurs sont actuellement dans ce cas de figure.
Pour aller plus loin dans les négociations sociales, le Forum Français de la Jeunesse, qui réunit de nombreuses organisations transpartisanes, a élaboré 5 propositions en faveur d’un plan jeunesse ambitieux.
Les partenaires sociaux rencontrent ce vendredi les responsables politiques pour déterminer les contours de ces annonces et leur application sur les territoires. À un mois et demi seulement de la rentrée, l’été ne risque pas d’être de tout repos…
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Les Commentaires
À titre individuel, je me sens laissée pour compte : j'ai 26 ans, je suis en Master 2 et dois entrer sur le "marché du travail". Je suis donc dans la même situation que les jeunes dont il est question, mais trop "vieille" pour bénéficier des aides.
Sauf que le propriétaire de la structure dans laquelle j'étais stagiaire a mis fin à mon contrat du jour au lendemain et sans me payer, que je me retrouve sur le carreau pour l'été et obligée de faire des baby-sittings afin d'être moins un "boulet" pour mes parents chez qui je vis, que j'étudie dans le domaine de la solidarité, dans lequel il y a peu de ressources, et que j'habite dans une région où les "grosses associations" comme La Croix-Rouge ou le Secours populaire fonctionnent avant tout grâce aux bénévoles.
J'ai aussi la difficulté supplémentaire de vivre avec des troubles psychiques (anxiété et dépression principalement) qui impactent fortement mon quotidien et me freinent dans ma recherche d'emploi, d'autant que mon stage et sa fin brutale m'ont pas mal cognée sur les plans physique et psychologique.
Bref, je me sens bien mal partie et j'ai l'impression que le gouvernement ne lèvera pas le petit doigt pour les gens vivant des situations similaires à la mienne...