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Politique

Amélie Oudéa-Castéra : on vous résume la polémique autour de la scolarisation des enfants de la ministre de l’Éducation nationale

À peine nommée, la ministre de l’Éducation nationale, de la Jeunesse, des Sports et des Jeux Olympiques a provoqué l’indignation des syndicats d’enseignants et de l’opposition suite à ses propos au sujet de la scolarisation de ses enfants dans l’établissement privé catholique Stanislas, actuellement visé par une enquête administrative.

Tout est parti d’un article complété d’une interview accordée par la très fraichement nommée ministre de l’Éducation nationale, de la Jeunesse, des Sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques à Mediapart, vendredi 12 janvier. Alors qu’elle effectuait son premier déplacement dans un collège des Yvelines avec Gabriel Attal, Amélie Oudéa-Castera a été interrogée par nos confrères au sujet de la scolarisation de ses trois enfants au collège Stanislas (Paris VIe).

Elle a alors justifié ce choix par le « paquet d’heures non remplacées », qui les aurait poussés, avec son mari, à retirer leur aîné, en cours d’année, de l’école publique initialement choisie pour lui. « À un moment, on en a eu marre, et comme des milliers de familles, on est allés chercher une solution différente » a-t-elle répondu aux journalistes. Stanislas se serait alors imposé comme un « choix de proximité ».

Une critique qui ne passe pas

La séquence, filmée, a fait vivement réagir notamment du côté de l’opposition et des syndicats d’enseignants. Dans un communiqué de presse, l’UNSA a fermement rejeté les propos de la ministre, rappelant que « les enseignant·es ne sont pas absentéistes » mais que ce sont « les suppressions de postes, conjuguées à un manque d’attractivité dans plusieurs disciplines ou dans certains territoires » qui ont « dégradé les capacités de remplacement. » Et d’ajouter : « 91% des personnels se déclaraient en désaccord avec les choix ministériels en 2023. Ce n’est pas une telle parole médiatique de la ministre pour sa prise de fonction qui va améliorer la situation ».

Le SNES-FSU, Syndicat majoritaire des collèges et lycées, a de son côté dénoncé « une violente charge contre l’enseignement public, jetant le discrédit sur la qualité de l’encadrement » et appelé à la grève le 1er février.

Des excuses et un contre-témoignage

Au lendemain de ses déclarations, la ministre a déclaré à l’AFP qu’elle « regrette » d’avoir pu « blesser certains enseignants ». Elle a promis d’être « toujours » aux « côtés » de « l’école publique et de ses professeurs ».

Dimanche, un article de Libération est venu mettre à mal les propos de la ministre. L’ancienne institutrice de son fils y prend la parole pour contredire la version de la ministre. Elle affirme n’avoir jamais été absente durant les six mois où l’aîné d’Amélie Oudéa-Castera était son élève, à la maternelle et primaire publique Littré (Paris VIe). Selon l’enseignante, le changement d’école aurait été motivé par un différend au sujet du passage en classe supérieure de l’enfant. Elle explique s’être opposée au passage en moyenne section du garçon en raison de son jeune âge (moins de 4 ans à l’époque). Un refus qui n’aurait pas été au goût du couple, choisissant alors de placer leur fils dans le privé où il aurait été admis dans la classe supérieure.

Joint par franceinfo, l’entourage de la ministre a vivement réfuté la version de l’institutrice : « la ministre dément catégoriquement les propos rapportés par ‘Libération' » et « on peut s’interroger sur l’intention liée à ces propos inexacts, déplacés et blessants pour des parents sur leur enfant près de 15 ans plus tard ». « Comme tous les parents, Amélie Oudéa-Castéra et Frédéric Oudéa ont toujours eu comme priorité le bien-être de leur enfant et sous-entendre qu’ils auraient fait un choix qui irait à l’encontre de leurs valeurs et de l’épanouissement de leur petit garçon les heurte profondément ».

Un possible conflit d’intérêt

Autre point de friction, l’établissement privé catholique Stanislas est actuellement visé par une « inspection administrative » suite à d’autres révélations de Mediapart en juin 2022, concernant « l’univers sexiste, homophobe et autoritaire » du collège. Une enquête qui a donné lieu à un rapport rendu l’été suivant, et dont le ministère refuse pour l’heure de dévoiler le contenu.

Sollicité à plusieurs reprises depuis le 14 décembre 2023, le rectorat de Paris refuse catégoriquement de dévoiler les conclusions de ce rapport ou de détailler les éventuelles mesures prises depuis nos révélations. Mediapart a depuis lancé une procédure devant la Commission d’accès aux documents administratifs (Cada). 

C’est là que l’affaire devient éminemment politique, potentiellement encombrante pour la nouvelle ministre. Nommé après seulement six mois à Matignon, sans avoir eu le temps d’y donner suite, Gabriel Attal laisse ce rapport entre les mains… d’Amélie Oudéa-Castéra. En interne, sur un sujet pourtant loin de ses prérogatives, elle a déjà pris la défense ardente de Stanislas, indique une source ministérielle à Mediapart. 

Interrogée sur l’éventuel conflit d’intérêts qui découle de la situation, la ministre affirme à Mediapart que « le rapport n’est pas à l’heure actuelle sur [son] bureau »

« La ministre de l’éducation a choisi un établissement privé ultra réac pour ses enfants ».
Mediapart, 12 janvier 2024

Interrogée à ce sujet lors de son déplacement vendredi, la ministre a affirmé que « s’il y a des compléments d’enquête, ils seront menés avec toute l’indépendance nécessaire ».


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Les Commentaires

17
Avatar de haleyo
18 janvier 2024 à 10h01
haleyo
@Dragonfena Je ne sais pas si c'est une preuve que le peuple n'a plus de pouvoir ou une preuve que le peuple élit des personnes qui le prenne pour un abruti en lui mentant éhontément.
Pour ma part, j'ai l'impression que Macron a créé un univers parallèle où les gens s'imaginent que c'est parce qu'ils affirment quelque chose que ça en devient vrai.
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