Depuis quelques mois, de grandes « gourus » du véganisme sur YouTube publient des vidéos dans lesquelles elles annoncent abandonner leur régime alimentaire.
Alyse de Raw Alignment n’est plus vegan
C’est la dernière vidéo d’Alyse, de la chaîne Raw Alignement, qui m’a inspiré cet article. Elle annonce : Je ne suis pas végane.
Je suis cette youtubeuse depuis un moment, et son régime alimentaire m’a toujours paru étrange — au vu des commentaires, je ne suis pas la seule à avoir cette opinion.
J’ai enquêté afin de comprendre pourquoi autant de youtubeuses emblématiques du véganisme, qui ont converti tellement de gens, se remettaient subitement à manger de la viande…
Des problèmes de santé chez les gourous du véganisme
Le point commun de ces influenceuses, c’est qu’elles sont devenues véganes en priorité pour leur santé et non pour aider les animaux ou la planète par exemple.
Leur but premier était de manger le plus healthy possible… en oubliant visiblement de manger équilibré !
Leurs vidéo sont très longues, et si tu veux connaitre les détails de leurs péripéties, je t’invite à les regarder. En voici un exemple, chez Rawvana :
https://www.youtube.com/watch?v=rHjaKB0A14A
Pour t’éviter ces heures passées devant ton écran, je vais me charger de te résumer les points communs à tous ces témoignages.
Ces jeunes femmes ont commencé à avoir des problèmes de santé qui les ont amenées à changer de régime alimentaire.
Les symptômes communs qu’elles ont remarqué sont des problèmes intestinaux, soit des diarrhées, des crampes, des gaz, des ballonnements, des nausées… mais aussi beaucoup de fatigue, des chutes de tension, une tendance dépressive.
Tout cela me fait penser aux symptômes ressentis lorsque tu ne manges pas assez. Coïncidence ? Probablement pas.
L’obsession du « manger sain », ce n’est pas du véganisme
Ces youtubeuses disent toutes avoir essayé plein de « solutions » pour éviter de devoir remanger de la viande. Le crudivorisme, le tout-cuit, et d’autres régimes alimentaires complexes et franchement imprononçables.
Elles ont aussi fait des périodes de jeûne, des mono-diètes… Bref, des régimes restrictifs et contraignants, transformant les repas en performance, en obsession.
Tout cela donne l’impression que le régime végane est plein de contraintes, qu’il n’est pas accessible, ce qui est complètement faux !
Ne pas consommer de produits issus de l’exploitation animale, c’est un choix, c’est un style de vie, ce n’est pas un régime comme Dukan ou autre connerie.
Chacun des vlogs « une journée dans mon assiette » d’Alyse la montrait préparer de la laitue, de l’avocat, des crackers, de la mangue, de la banane…
Parfois, elle en faisait des smoothies dans lesquels elle versait de la protéine végane. Mais à côté de ça, elle ne mangeait jamais de riz, ni de quinoa, de haricots, ou encore de pois chiches.
Bref, tout ce qui contient des protéines nécessaires au bon fonctionnement de l’organisme !
Ce genre de contenus laisse aussi planer la croyance selon laquelle le véganisme est un régime triste et peu varié, alors que les possibilités sont immenses.
J’ai remarqué cette absence d’un régime équilibré chez toutes les « gourous » qui ont annoncé avec violons et emphase se remettre à manger de la viande.
Les gens ont le droit d’arrêter d’être végane, là n’est pas la question.
Là où ça pose problème selon moi, c’est que ces personnes mettent leurs problèmes de santé sur le dos du véganisme, sous prétexte que les symptômes ont disparu lorsqu’elles ont remangé de la viande.
Donc, lorsqu’elles ont remangé… des protéines. Qui se trouvent dans des aliments véganes que je ne les voyais jamais manger !
Le véganisme, une tendance ?
Dans sa vidéo où elle annonce la nouvelle, Alyse dit que lorsque ses problèmes de santé l’ont amenée à revoir son régime, ce qui la rebutait à l’idée de remanger de la viande était qu’elle avait imprimé dans son cerveau que ce n’était pas sain.
Elle ne voulait pas passer le pas
de peur de retrouver ses mauvaises habitudes alimentaires pré-véganisme.
Rien à voir ici avec une lutte contre l’exploitation animale ou une conviction profonde qu’il est cruel de manger des animaux.
Encore une fois, il y a plein de bonnes raisons d’être végane, hein.
Certains commentaires, ainsi que des vidéos d’autres youtubeurs, qui répondent avec déception à ces annonces, accusent cependant les gourous comme Alyse de s’être tournées vers le véganisme pour suivre la tendance et attirer l’attention.
Le véganisme n’est pas une quête de perfection
Ce n’est pas parce que tu es végane que tu seras en parfaite santé et n’auras aucune carence alimentaire !
C’est un régime comme un autre : il faut respecter une alimentation équilibrée et s’assurer que tu absorbes tout ce dont ton corps a besoin pour fonctionner correctement.
Les youtubeurs véganes qui développent des maladies montrent que manger sain à tout prix n’est pas forcément le plus bénéfique pour ton corps.
Quelqu’un qui ne mange que de la salade verte est végane par définition, et mange un aliment considéré sain. Pour autant, ce régime quotidien serait mortel.
Le témoignage de la youtubeuse Henya Mania est très intéressant puisqu’en tant que végane, elle est elle aussi passée par une phase où ses intestins n’allaient pas bien du tout.
https://www.youtube.com/watch?v=S88wJGrBzLQ
Elle avoue que c’était une période de sa vie ou elle testait toutes sortes de régimes véganes, certes, mais surtout extrêmes.
Elle a été diagnostiquée orthorexique, un trouble du comportement alimentaire consistant à être obsédée par la nourriture saine au point d’être incapable d’ingérer un aliment sans la certitude absolue qu’il est healthy.
Selon elle, tout changement de régime est dangereux lorsque tu n’es pas assez renseignée.
Elle pense que ces youtubeuses ont peut-être suivi le modèle que la « tendance » végane leur servait sur Internet, sans se renseigner assez sur les besoins réels de leur corps.
Nous devons arrêter cet état d’esprit de perfection healthy à tout prix.
Il n’y a pas de régime parfait, mange seulement ce qui fonctionne pour toi !
Annoncer qu’on arrête le véganisme, une mauvaise idée ?
Henya soulève aussi un point intéressant : selon elles, ces « gourous » ne devraient pas annoncer publiquement qu’elles se remettent à manger des produits animaux.
Car elles sont suivies par tellement de gens que les conséquences peuvent être énormes sur leurs abonnés.
Si vraiment elles veulent aider les animaux, peut-être devraient-elles donc garder pour elle le fait qu’elle ne peuvent plus le faire ?
https://www.youtube.com/watch?v=ZI1Be8C37-k
Le véganisme n’est pas une compétition
La quête de la perfection est telle chez ces influenceuses véganes qu’elles donnent l’impression d’aspirer à un certain mérite, comme si elles devraient être félicitées pour leurs actions, développe aussi Henya.
Elle ajoute que ne pas participer à l’exploitation des animaux ne devrait pas être spécial : ça devrait être normal.
La youtubeuse prend un exemple que certaines trouveront peut-être extrême, mais qui me semble plutôt pertinent :
Les gens qui ne tuent pas d’autres gens, on les appelle pas des « non-tueurs » ! C’est la normalité.
À ceux qui lui reprochent d’avoir plus de compassion pour les animaux que pour les humains, elle répond qu’être végane ne veut pas forcément dire avoir de la compassion pour les animaux.
Ça veut seulement dire les laisser tranquille.
La perfection est moins importante que les convictions
Kalel, une youtubeuse connue pour être végane, a posté il y a quelques mois une vidéo très intéressante dans laquelle elle met les choses au clair sur le fait qu’elle ne l’est pas à 100%.
https://www.youtube.com/watch?v=qhYzBy012NI
Selon elle, dans notre monde actuel, c’est est presque impossible. Personne n’est à l’abri de faire des erreurs.
Manger un produit cuit dans la sauce de viande alors que c’était marqué végétarien sur la carte, utiliser un cosmétique qui se révèle n’être pas vraiment cruelty free… Ça peut arriver !
Les produits d’origine animale sont partout, même là où tu ne le soupçonnes pas. L’important, ce n’est pas la perfection, mais les efforts que tu fais, même si tu n’es pas végane à 100%.
Peut-être que tu l’es à 95% ou un 70%. Et c’est déjà énorme ! Car si tout le monde l’était ne serait-ce qu’à 50%, le changement pour la planète serait drastique.
Le végétarisme éthique est possible
Ce n’est pas parce que tu arrêtes d’être végane que tu DOIS te remettre à manger de la viande. Il existe… le végétarisme, qui est moins contraignant et permet une plus grande diversité alimentaire (fromage, œufs).
Et OUI, il peut être éthique.
En ce qui me concerne je suis 90% végane, et je ne compte pas le devenir à 100%. Les 10% restants correspondent aux rares fois où je m’autorise des produits laitiers, la majorité du temps bio.
Je pars du principe que si tout le monde faisait comme moi, l’industrie laitière telle qu’on la connaît aujourd’hui serait en faillite rapidement et plein de gens repenseraient leurs consommations.
Ça correspond à ma morale et à mes valeurs, qui me sont personnelles.
Pour prendre un autre exemple, je n’achète pas d’œufs car je n’ai pas confiance en la façon dont ils sont produits.
Mais si j’avais une maison à la campagne, rien ne dit que je n’aurais pas quelques poules, que je bichonnerais, et que je ne mangerais pas d’omelettes de temps à autres.
Et je ne vois pas où est le problème tant que tout est fait dans le respect.
Manger en se faisant du bien, sans faire de mal
Je crois que la conclusion de tout ceci est quelque chose qui paraît évident…
Manger n’est ni une compétition, ni une quête de la perfection.
C’est un équilibre entre ce qui te fait du bien, et ce qui ne fait pas de mal à d’autres.
Si je suis moi-même déçue que ces gourous abandonnent le véganisme, c’est surtout parce que je crains que ça en dissuade certains de sauter le pas…
Mais je sais que les personnes réellement passionnées et bien intentionnées n’abandonneront pas, car leur but n’est pas la perfection.
Que penses-tu de cette vague d’abandon du véganisme ? Quel est ton régime alimentaire à toi ?
À lire aussi : Tu as le pouvoir de changer le monde, d’aider la planète, voici comment faire
Les Commentaires
Dans la mesure où tu semblait attaquer les débatteuses et non le site, oui, ça suffisait. Pour les questions éditoriales, c'est pas le bon sujet, go médiateur.