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Cinéma

« Tu dors Nicole », une fresque québécoise sur les jeunes adultes à ne pas rater au cinéma

« Tu dors Nicole » est en salles. C’est un joli film générationnel à ne rater sous aucun prétexte !

Tu dors Nicole est un film québécois qui retrace l’été un peu paresseux de deux jeunes filles, la vingtaine, perdues dans leur vie. Jusque là, rien de bien fou, et pourtant c’est certainement un de mes plus grands coups de cœur depuis des années (oui, rien que ça). Les acteurs, l’ambiance générale et l’esthétique en noir et blanc en font un film absolument enthousiasmant, qui dresse une chronique très juste sur les young adults un peu paumés.

Tu dors Nicole, portrait officieux d’une génération

Nicole et Véronique ont une vingtaine d’années ; l’une est secrétaire dans une entreprise qui carbure encore au fax, l’autre trie des vêtements dans une espèce d’Emmaüs local. Elles s’ennuient, leur été ne s’annonce pas folichon… certes elles ont la maison de Nicole, mais elles n’ont pas grand chose à y faire. Cependant, quand Nicole reçoit le Saint Graal, aussi appelé carte de crédit, un monde de possibles s’ouvre devant elles.

Les filles font alors des plans sur la comète avec un voyage en Islande, apprennent la langue tout en sirotant des bières au bord de la piscine, préparent leurs bagages. J’y ai tellement reconnu ce mélange de projets enthousiasmants et de flemme chronique que j’avais parfois l’impression de regarder mes copains et moi dans un miroir ! Mais évidemment, rien ne se passe comme prévu puisque le frère de Nicole et son groupe de rock débarquent dans la maison pour répéter à toute heure du jour et de la nuit (une batterie 24h/24 c’est un peu lassant).

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Les deux copines sont fusionnelles et pourtant il semble parfois qu’elles ne se connaissent pas, ne se comprennent plus comme avant, quand elles étaient plus jeunes et meilleures amies d’enfance. Le frère et la sœur s’aiment sans se le dire et ont parfois du mal à passer outre leurs dix ans de différence qui forment un fossé générationnel entre eux. Mais les liens restent présents et ce groupe éclectique forme une petite famille, le temps d’un été qui semble parfois détaché du temps et du monde réel.

À lire aussi : Young Adult – Les lectures d’Elise Costa

Des acteurs exceptionnels incarnant des personnages attachants

Le casting assez réduit n’est pas mené par des acteurs internationalement connus, mais ils sont tous d’une justesse impressionnante dans leurs rôles respectifs.

Julianne Côté, qui interprète le personnage de Nicole, incarne une flemme absolument charmante. Il n’est jamais question de dire que les vingtenaires ne se bougent pas et se laissent vivre ; au contraire, les personnages sont constamment partagés entre leurs idées, leurs projets fous et leurs illusions et tous les bâtons que la vie met dans leurs roues au long du film.

Les membres du groupe incarnent quant à eux les certitudes du film, la passion de la musique, la trentaine plus installée et qui sait ce qu’elle veut. Parmi eux on trouve Marc-André Grondin, un des acteurs québécois les plus talentueux de sa génération et bien importé en France, entre autres depuis l’excellent Le Premier Jour du reste de ta vie. Il incarne ici Rémi, le frère de Nicole, un musicien un peu despotique qui tente tant bien que mal de mener son groupe.

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Si le film tourne autour du groupe de Rémi, celui-ci n’est jamais central. Cependant, Stéphane Lafleur a tenu à filmer des acteurs capables de jouer de la musique et non des musiciens capables de jouer la comédie. Cette nuance est importante et se sent pendant les scènes musicales : j’ai d’ailleurs été ravie de voir Marc-André Grondin et Julianne Côté jouer respectivement de la guitare et de la batterie !

Ces gens qui ont plusieurs talents, là… je suis pas du tout jalouse, non non.

Stéphane Lafleur signe une réalisation originale et esthétique

Quand on m’a décrit Tu dors Nicole comme « un film contemplatif québécois en noir et blanc », j’ai hésité entre une danse de la joie (j’adooooore les films contemplatifs, sans même parler de ma passion pour le Québec) et une mine déconfite, l’air de dire « vraiment ? ». Si j’ai adoré l’histoire et les acteurs, c’est la réalisation signée Stéphane Lafleur qui m’a le plus soufflée.

Le choix du noir et blanc, en 2015, d’autant plus pour filmer l’été, est un choix audacieux dans lequel le réalisateur a excellé : la lumière est chaude malgré l’absence de couleurs, les acteurs sont sublimés, les scènes plongées dans un flou artistique. Ce flou vient aussi du fait que Nicole est insomniaque : ce qu’elle voit est donc constamment partagé entre un rêve éveillé et une vision trouble.

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L’autre force de Tu dors Nicole vient du son : l’aspect onirique du film est aussi exprimé par une musique presque féérique quand Nicole brandit sa bien-aimée carte de crédit, quand les filles rêvent d’Islande, quand la nuit se fait longue. Les harpes font alors contraste à la musique jouée live par le groupe de Rémi, un punk-rock inspiré de Fugazi.

Mais la vraie performance sonore du film est à mes yeux celle de Martin : cet enfant que Nicole a l’habitude de garder a mué TRÈS vite et TRÈS tôt et se retrouve avec une voix d’adulte. Si le film n’est pas comique, ce procédé est juste hilarant : les phrases de gamin prennent un tout autre sens avec la voix d’homme qui a été collée au jeu d’acteur du jeune (et excellent) Godefroy Reding !

À lire aussi : Les films québécois qui méritent d’être (plus) connus

En résumé, on a ici un joli film qui dépeint avec justesse et fraîcheur des vingtenaires un peu paumés mais armés d’humour et de rêves. Tu dors Nicole sort aujourd’hui en salles, courez-y nom d’un caribou !


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Les Commentaires

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Avatar de LouiseScheuh
19 mars 2015 à 09h03
LouiseScheuh
Ah je me disais mais c'est quoi cette voix qu'il a le petit... C'est marrant. Ça me donne envie.
Dans la BA parfois on comprend pas tout, est ce que c'est quand même compréhensible sans sous titre ?.
Alors oui on comprend mais en général les films québécois sont sous-titrés en France, dans le doute
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Voir les 2 commentaires

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