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Grossesse

La réalité du sexisme lors du suivi gynéco, et les moyens d’agir

Lors d’un examen gynécologique, de suivi de grossesse, lors de l’accouchement… les femmes peuvent être victimes de sexisme. Le Haut Conseil à l’Égalité livre son rapport sur la question.

— Faire l’amour n’est pas un besoin physique chez les femmes.

— Toi, rien qu’à sentir l’odeur du sperme, tu tomberais enceinte.

— Ne soyez pas si douillette, on passe toutes par là !

— Faut aussi arrêter d’être une salope.

Ce ne sont que quelques-unes des nombreuses remarques sexistes prononcées par des gynécologues et recensées sur Paye ton gynéco.

Parce que le sexisme ne s’arrête pas à l’orée de l’univers médical, parce que les violences gynécologiques sont une réalité, il est urgent d’agir !

Le sexisme en gynéco et obstétrique étudié dans un rapport

À l’été 2017, Marlène Schiappa, Secrétaire d’État chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, a commandé un rapport au Haut Conseil à l’Égalité (HCE) au sujet du sexisme dans le suivi gynéco / obstétrique des femmes.

L’objectif était double :

  • « Objectiver le phénomène » : il existe bel et bien, c’est une réalité, il ne s’agit pas que de faits isolés
  • « Identifier des leviers pour améliorer la situation » : bah oui, c’est mieux que rester les bras croisés !

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Voici comment le rapport définit les termes du sujet :

« Les actes sexistes durant le suivi gynécologique et obstétrical sont des gestes, propos, pratiques et comportements exercés ou omis par un·e ou plusieurs membres du personnel soignant sur une patiente au cours du suivi gynécologique et obstétrical et qui s’inscrivent dans l’histoire de la médecine gynécologique et obstétricale, traversée par la volonté de contrôler le corps des femmes (sexualité et capacité à enfanter).

Ils sont le fait de soignant·es — de toutes spécialités — femmes et hommes, qui n’ont pas forcément l’intention d’être maltraitant·es.

Ils peuvent prendre des formes très diverses, des plus anodines en apparence aux plus graves. »

En plus de ça, le HCE a dégagé 6 types d’actes sexistes dans le domaine gynéco :

  • Non-prise en compte de la gêne de la patiente, liée au caractère intime de la consultation
  • Propos porteurs de jugements sur la sexualité, la tenue, le poids, la volonté ou non d’avoir un enfant, qui renvoient à des injonctions sexistes
  • Injures sexistes
  • Actes (intervention médicale, prescription, etc.) exercés sans recueillir le consentement ou sans respecter le choix ou la parole de la patiente
  • Actes ou refus d’actes non justifiés médicalement
  • Violences sexuelles : harcèlement sexuel, agression sexuelle et viol.

Comment enquêter sur le sexisme lors des examens gynéco ?

Il n’existe pas d’enquête chiffrée sur ce type spécifique de sexisme.

En réalité, il n’existe même pas d’enquête chiffrée permettant de savoir combien d’examens gynéco une femme va avoir, en moyenne, dans sa vie.

En recoupant diverses données, il a cependant été établi qu’« en l’absence de pathologie, une femme suivra en moyenne près de 50 consultations gynécologiques entre ses 15 et 45 ans ».

https://youtu.be/VURGbDVxHBs

Le HCE a basé son rapport sur des entretiens avec des professionnel·les de santé, des ordres professionnels, des patient·es et associations, des représentant·es de l’État ainsi qu’Agnès Buzyn, ministre de la Santé.

Ont également été consultées des associations féministes comme le Planning Familial, la Fédération nationale des Centres d’Information des droits des femmes et des familles (FNCIDFF) et le Collectif féministe contre le viol (CFCV).

Divers témoignages rendus publics (par exemple via le hashtag #PayeTonUtérus ou sur Paye ton gynéco ; dans des podcasts ; sur des blogs…) servent d’exemples.

Le documentaire sur les violences gynéco

Juste avant la parution de ce rapport du HCE, la réalisatrice Nina Faure a mis en ligne Paye (pas) ton gynéco, un documentaire à ce sujet disponible en accès libre sur YouTube :

Retrouvez notre interview de Nina Faure derrière ce lien !

Le sexisme en examen gynéco est une réalité

Les femmes malmenées, leur douleur ignorée, leur consentement non-demandé ou non-respecté, leurs choix de vie jugés et commentés…

Le manque d’information sur l’épisiotomie, sur la gestion de la douleur lors d’un accouchement, sur les moyens de contraception existants…

Les traitements désastreux parfois réservés aux femmes lesbiennes, aux femmes en situation de handicap, aux femmes en surpoids, aux femmes nullipares…

Le rapport du HCE dresse un portrait glaçant de ces violences invisibles, « normalisées », intervenant dans un cadre où bien des patientes se sentent déjà en position de vulnérabilité.

Comment agir contre le sexisme lors des examens gynéco ?

Le HCE dresse 26 recommandations, regroupées en 3 grands axes.

  • Reconnaître l’existence et l’ampleur des actes sexistes, dont certains relèvent des violences, dans le cadre du suivi gynécologique et obstétrical

La priorité est de faire un état des lieux. Le rapport préconise donc une enquête de santé publique dédiée, ainsi qu’une mesure de la satisfaction des patientes.

La transparence des maternités est également encouragée, afin que les femmes puissent savoir quels types d’actes y sont pratiqués, être rassurées et choisir en toute liberté.

  • Prévenir les actes sexistes relatifs au suivi gynécologique et obstétrical

Ici, le HCE insiste sur l’important d’une prévention en amont, qui commence pendant les études de médecine, lesquelles devraient intégrer des outils de prévention et de lutte contre le sexisme.

L’Organisation Mondiale de la Santé (l’OMS) a livré des recommandations, qui ne sont pas encore largement appliquées en France : il serait temps !

Et tout ça n’est pas gratuit. Le rapport indique qu’il est important de « permettre la mise en œuvre de ces bonnes pratiques par le renforcement des moyens humains et financiers ».

  • Améliorer et faciliter les procédures de signalements et condamner les pratiques sanctionnées par la loi

Comme souvent, malheureusement, quand il s’agit de violences sexistes et sexuelles, la loi existe mais n’est que peu appliquée. Les plaintes sont rares.

Les victimes ne connaissent pas toujours leurs droits, ne savent pas poser des mots sur ce qui leur est arrivé.

Alors le HCE estime qu’il faut « permettre l’accès de toutes les femmes à l’information concernant leurs droits », notamment via une vraie éducation à la sexualité.

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Le rapport fait également mention de la nécessité d’une procédure spécifique, car aujourd’hui encore, les victimes sont trop souvent mises face à leur agresseur désigné, dans le cadre de l’ordre professionnel (donc pas devant la justice).

Et pour que les choses avancent une fois que l’affaire est portée au tribunal, le HCE recommande de « renforcer la formation des forces de l’ordre et des magistrat·es sur les violences sexistes et sexuelles ».

Ce 29 juin 2018, le rapport du HCE est remis à Marlène Schiappa, qui pourra s’appuyer sur ses recommandations pour inscrire des changements dans la loi.

Clique ici pour lire le rapport du HCE

À lire aussi : Gynéco & consentement : mon corps, mon choix !


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Les Commentaires

10
Avatar de Saisons
16 juillet 2018 à 17h07
Saisons
Pour vous rassurez : J'avais très très peur d'aller chez le gynéco, ceux à coté de chez moi avait plein de commentaires négatifs sur google, et je pensais qu'avec une femme ça serait plus rassurant...résultat j'ai laissé trainé, et un jour ma mère m'a dit "j'ai pris rendez vous pour toi, c'est avec un homme et c'est dans une semaine"
Je flippais à mort !
Au final, il a été très professionnel, je n'ai eu aucun problème, aucune gêne rien de tout ce que j'ai pu lire !
J'ai l'impression d'avoir eu de la chance, vu les nombreux témoignages ! courage !!
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Voir les 10 commentaires

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