J’en avais déjà parlé dans le récap du WeDoBD fait avec Mr.Q : j’avais assisté à une MasterClass sur Phallaina qui m’avait scotchée. Je crevais d’envie de la lire et je n’ai pas été déçue : j’ai adoré. SURKIFFÉ. JE ME SUIS ROULÉE DEDANS DE BONHEUR. Attention, critique dithyrambique en approche.
J’te pitche l’histoire : Audrey, traductrice, souffre de crise hallucinatoires pendant lesquelles elle voit… des baleines. Après des examens, on lui découvre une anomalie dans le cerveau, elle a un physeter. Il s’avère que tous les porteurs de cette anomalie rarissime développent une aptitude extraordinaire à l’apnée.
Le mélange science et mythologie se combine à merveilles pour créer, JE LE DIS, une des pépites BD de 2016.
La BD numérique, un média parfait
Il est dur de parler de Phallaina sans mentionner en premier le support. Quand on entend BD numérique, on imagine souvent une transposition de la page A4 papier à un écran de même taille, à l’instar des e-books. Ça se fait, mais pourquoi n’utiliser que 2% des possibilités que nous offre le numérique ? Maintenant, les BD s’animent, interagissent avec le lecteur, on peut y apposer du son, de la réalité augmentée, tout pour que la lecture soit la plus immersive ! Et BON SANG, c’est le cas de Phallaina.
L’Internet nous a habitué•e•s au défilement vertical ; Marietta (avec l’aide du Studio Small Bang) a choisi l’option horizontale combinée à la technique du parallaxe, qui consiste à mettre des objets sur plusieurs plans pour simuler la profondeur de champ. La perspective suit le mouvement du défilement.
Scène de parallaxe de dingo.
Jamais la bande dessinée n’a mieux porté son nom…
Phallaina, une esthétique qui claque
Première raison pour lire Phallaina ; OHLALAL CE QUE C’EST BEAU. Je suivais Marietta Ren depuis un bon bout de temps via son blog Patatofeu, mais cette œuvre n’a fait que renforcer mon amour pour son trait, vraiment sublime.
À lire aussi : « Je suis Deux », de Marietta Ren & Eugény Couture
Travailler sur une bande continue nécessite de faire des transitions pour passer d’une scène à une autre, et même en noir et blanc, c’est un exercice assez casse-gueule. Ici, elles sont gérées à la perfection ! Tout est fluide ; les changements de cadrages, les aplats de blanc puis de noir servent à la narration sans la hacher.
Aucun détail n’est laissé au hasard, tout est peaufiné à l’extrême — jusqu’à l’interface de lecture, jusqu’au curseur de chargement ! Regardez-moi ça comme c’est beau…
La graphiste en moi a joui.
Un sound design tout en subtilité
Oui, je consacre une partie entière au sound design (créé par Côme Jalibert) parce qu’il est… canon. J’ai souvent peur des sound designs, parfois trop présents, parfois trop « toc » qui desservent au lieu d’accompagner. J’ai rarement vu une telle osmose entre le son et l’image ; très présent pendant les crises hallucinatoires d’Audrey, il se dissipe, se fait discret pendant le reste du récit. Il nous plonge dans une relative panique lors des grosses crises (vous connaissez mon empathie n’est-ce pas) : je me suis surprise à faire défiler la bande frénétiquement, mise sous pression par la musique…
Bref ce sound design, c’est un peu la pincée de sel (pas le pot hein) dans un plat : il rehausse l’histoire sans prendre le pas.
Et vous savez quoi ? La cerise sur le gâteau, le Jamie Bell sur Cycy : la BD est entièrement gratuite ! Elle est en téléchargement libre sur l’AppStore et Google Play (uniquement en version mobile). Dégaine ton smartphone ou ta tablette et plonge pendant deux heures dans le monde fantastique des Phallainas…