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Cinéma

La Vie d’Adèle, ma claque du Festival (màj)

Fab a réussi à voir La Vie d’Adèle, présenté au Festival de Cannes 2013. Sa grande claque cinématographique du Festival. Revue et avis.

Publié initialement le 24 mai 2013, 21h16

Mise à jour du 27 mai 2013, 20h — Décidément, Adèle n’a pas fini de faire parler d’elle. Un article du Monde dénonce les conditions de tournage extrêmement compliquées pour les techniciens du film.

Ajoutez à ça ce tweet tout à fait crétin et homophobe du CM de @cinemacanalplus pendant la cérémonie, que A__k a illustré à sa manière, et qui a énervé les réseaux sociaux hier et ça en fait, des histoires qui commencent à s’accumuler autour de ce film.

Mais la meilleure, c’est encore Julie Maroh, l’auteure de la BD dont est tiré le film, qui a pris la parole sur son blog en fin de journée. Elle y évoque sa rencontre avec Kechiche, mais aussi les scènes de sexe qui ne sont pas du tout – selon elle – du sexe lesbien et enfin le mutisme du réalisateur à son sujet durant le Festival de Cannes. Une lecture incontournable.

Mise à jour du 26 mai 2013, 20h — le film a remporté la Palme d’Or, Kechiche a dédié son film à la « belle jeunesse de France » et à la révolution tunisienne. Un grand symbole en ce jour de manif anti-mariage pour tous !

Le 24 mai 2013, 21h16 — La Vie d’Adèle est l’adaptation de la BD Le bleu est une couleur chaude (Julie Maroh) par Abdellatif Kechiche. J’y allais avec un peu d’appréhension, parce qu’après la torture Only God Forgives, l’idée de m’enfermer pendant 3h dans une salle alors que le soleil brille à Cannes m’enchantait moyen-moyen.

Mais c’était sans compter sur le génie de Kechiche, qui, contrairement à Winding-Refn, n’a pas son pareil pour prendre le temps de creuser ses personnages, leurs enjeux, leurs envies, leurs désirs… et surtout cette petite once de sadisme bienveillant pour les déraciner et les mettre dans un univers avec lesquels ils n’ont rien à voir.

Tout commence avec Adèle, 16 ans. Adèle est lycéenne, au lycée Pasteur à Lille. Elle vient d’une famille modeste, comme on en croise dans les petits bleds qui constituent la banlieue lilloise. Adèle est relativement bien dans sa peau pour une ado de 16 piges, elle est curieuse, intéressée par la littérature, à ceci près qu’elle sent bien que par rapport aux mecs, y’a un truc qui cloche. Elle ne réagit pas comme ses potes un peu relous qui la bombardent de questions sur ses aventures sexuelles (qui n’existent pas, donc).

Jusqu’au jour où elle croise le regard de cette fille aux cheveux bleus. Elle s’appelle Emma, elle l’apprendra un soir où elle rentrera « par hasard » dans un bar lesbien. Emma est étudiante aux Beaux-Arts, elle vit dans un univers à deux mille lieues de celui d’Adèle. À travers plusieurs ellipses temporelles, elles vont apprendre à se connaître, s’aimer, vivre une histoire d’amour passionnelle et charnelle.

https://www.youtube.com/watch?v=zIb8Y0uG0o0

Une aventure charnelle

Le charnel, justement, parlons-en, parce que c’est l’un des sujets qui a fait causer hier « sur la Croisette » : Kechiche filme ses deux amoureuses dans des scènes d’amour lesbien, avec un naturel, un réalisme, une lenteur et un côté cru qu’on voit rarement au cinéma. Et pour autant, ça n’est pas le moins du monde excitant ou pornographique : c’est beau, tout simplement. Ça n’a pas empêché mon voisin de gauche de tousser à deux ou trois reprises durant les quelques scènes d’amour qui ornent le film, sans doute pour masquer sa gêne.

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C’est d’ailleurs intéressant de comparer le regard d’Ozon sur Léa dans Jeune & Jolie, filmée de façon hyper glamour et érotisée, dans des scènes qu’on sent très calibrées alors que Kechiche semble filmer ses deux actrices dans le feu de l’action, sans jolie lumière, avec certes des gros plans sur des boobies et d’autres anatomies de leurs corps mais à aucun moment, il semble y avoir une volonté de sexualiser ces séquences.

C’est peut-être dû au fait que Kechiche ait tenu à ne garder dans son équipe de monteurs que des femmes (et sans doute pas de lesbienne), pour ne pas en faire un moment de désir. Pour le coup, c’est plutôt réussi.

Déracinée

Kechiche adore jouer avec Adèle. La petite lycéenne, issue de sa famille modeste, veut devenir institutrice, « parce qu’il faut bien faire un vrai métier » dixit son père, dans une scène fantastique qui illustre à merveille le grand écart social entre les deux jeunes femmes.

Pour Adèle, le déracinement est total : Emma ne côtoie que des artistes, qui parlent d’art à tour de bras et forcément, Adèle est larguée. Si vous avez été mal à l’aise face au génial Le Goût des Autres, ça devrait à peu près vous faire la même, le côté comédie en moins.

Un Grand Prix ?

Kechiche a une capacité fantastique à filmer ses actrices avec un naturel dingue. Et celle qui en ressort grandie, c’est sans aucun doute Adèle Exarchopoulos, jeune actrice de 19 ans, totalement fantastique dans le rôle d’Adèle, qui va même jusqu’à éclipser la toute aussi géniale Léa Seydoux.

https://www.youtube.com/watch?v=en9GkojYCwc

Pour la mettre à l’aise avec le personnage, le réalisateur est même allé jusqu’à changer le nom de son personnage – dans la BD, le personnage principal s’appelle Clémentine. Les rumeurs grondent pour un Prix d’Interprétation Féminine. M’est d’avis qu’on devrait ré-entendre parler de cette jeune personne très bientôt (et sur madmoiZelle.com aussi)

Un pas en avant ?

J’ai cru voir que ça râlait sur Twitter : après tout, La Vie d’Adèle ne serait que la vision d’un réalisateur *hétérosexuel* sur une histoire d’amour lesbien, et qu’il serait temps d’avoir une réal lesbienne pour raconter cette même histoire.

On peut aussi changer le prisme et voir le verre à moitié plein en se disant que :

1/ la première heure de ce film (magistrale, vraiment) pourrait peut-être aider pas mal de jeunes filles qui se posent des questions à « affronter » la question de leur homosexualité latente (ou moins latente) 2/ ce magnifique film a le mérite de mettre en scène deux personnes homosexuelles, dans notre France contemporaine et qu’il est en train de recevoir une ovation dans le plus grand Festival de cinéma au monde. Un beau symbole, après que le « Printemps Français » a quelque peu entaché notre réputation de pays des Droits de l’Homme à l’étranger, non ? Et même si Kechiche se défend bien d’avoir voulu faire un film politique, il semblerait bien que l’actualité l’ait rattrapé. Et on le remercie pour ça.

On n’est que ce qu’on est

Enfin, en dehors de l’analyse sociologique, il y a aussi en trame de fond tout une réflexion sur la psychologie d’Adèle, éduquée pour rentrer « dans le moule », trouver un mari, un job sûr… dans toute la deuxième partie du film, elle n’y trouve pas forcément son compte mais elle finit par s’y faire. On n’est que ce qu’on est, après tout et c’est sans doute ce qui, à mon sens, ressort de La Vie d’Adèle : ce sentiment d’impuissance face aux parcours de chacun.

Un immense film, à aller voir le 9 octobre en salles.


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Les Commentaires

81
Avatar de misspioute
22 octobre 2013 à 20h10
misspioute
Je suis d'accord avec toi @Swing

J'ai vu ce film hier et il m'a vraiment émue! (J'ai meme pleuré a chaude larmes!)

Alors je ne sais pas quoi dire sur le fait que certaines lesbiennes ne le trouvent pas crédible, elles ont peut-être raison...

En même temps, c'est du CINEMA! les histoires d'amour racontées au ciné sur les hétéros ne sont pas forcément réalistes non plus (voir pas du tout ) Est ce que se sont des mauvais films pour autant ?

Pour moi c'est juste une histoire d'amour (adolescente) d'une fille qui en aime une autre. Et c'est beau et touchant!

Et ce qui fait la force de ce film c'est la justesse des plans. En tout cas c'est l'effet que ca ma fait. C'est pas juste des gros plans à répétitions! non on rentre carrément dans les émotions des personnages. Même quand ils mangent on a l’impression d’être à table avec eux.

C'est Naturel, vrai. les actrices sont pas glamour elles ont de la morve quand elles pleurent etc

Bref j'ai vraiment aimé! je comprend les palmes
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Voir les 81 commentaires

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