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Cinéma

Jack et la Mécanique du Coeur — L’histoire d’un amour sans trucages

L’adaptation ciné de La Mécanique du Coeur sort le 5 février 2014 ! Amélie l’a vu en avant-première et elle est encore un peu dans les étoiles.

— Publié le 23 janvier

Il y a les films qu’on attend plus ou moins, ceux dont on remarque la fiche sur AlloCiné et qu’on note dans l’agenda, ceux dont on tombe amoureux de la bande-annonce et ceux dont on suit le projet depuis le début, en grappillant chaque info microscopique. Jack et la Mécanique du Coeur, j’ai l’impression de l’attendre depuis environ mille ans, fébrile et complètement effrayée à l’idée d’un résultat décevant.

C’est le grand Mathias Malzieu qui tient les rênes du projet, approche-toi un peu que je te montre son CV : cet homme est un artiste, un vrai de vrai. En plus de son métier de musicien/parolier pour son groupe Dionysos, il écrit des livres capables de te transporter dans une autre galaxie. Coche également la case « réalisateur » et une maîtrise parfaite des mots, et tu as en face de toi une des personnes que je respecte le plus en ce bas-monde.

L’idée était d’adapter au cinéma La Mécanique du Coeur, roman de 2007 écrit par Mathias Malzieu lui-même. Si tu as déjà laissé traîner une oreille du côté des morceaux de Dionysos, tu as dû te rendre compte que le thème était largement repris dans l’album du même nom. Du coup, il posait déjà une super bande-originale à un possible projet de film ! Sept ans plus tard, le rêve est devenu réalité.

La Mécanique du Coeur est un des livres que je n’aurais jamais imaginés adaptés au cinéma. C’est l’histoire d’un petit garçon né le jour le plus froid du monde avec un coeur gelé. Quelques tours de clé et deux rouages plus tard, le revoilà en état de marche avec un coeur en bois et une horloge qu’il faut absolument remonter tous les jours. Mais la mécanique de son coeur est fragile et il est hors de question pour lui de se la jouer YOLO : il ne doit ni toucher ses aiguilles, ni être en colère et surtout pas tomber amoureux. Mais forcément, Jack est humain et les sentiments vont vite devenir plus forts que les règles.

Alors que le bouquin part sur des bases pas très marrantes il devient très vite un superbe conte plein de mystère et de poésie, un truc à ne pas mettre dans les mains des esprits trop étroits quoi.

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Faut pas être cardiaque dis donc. Ha. Ha. 

Vouloir adapter La Mécanique du Coeur, c’est comme avoir envie de mettre en images un Boris Vian (et on a vu ce que ça a donné). J’avais peur de me retrouver comme devant un bol de lait-fraise un peu caillé, alors que j’attendais un piquant diabolo menthe/Perrier.

Savoir que Mathias Malzieu était aux manettes m’a franchement rassurée. Même si ma vision des choses ne serait sûrement pas la même que la sienne, je pouvais partir du principe que c’est comme ça que lui l’imaginait. À partir de là, j’ai tout de suite aimé Jack et la Mécanique du Coeur, bien avant de poser mon fessier tremblant sur le fauteuil rouge de la salle obscure.

Ce livre est extrêmement symbolique pour moi, c’est un des éléments de ma culture que je chéris le plus. J’ai l’impression d’être étroitement liée à cette histoire d’une façon ou d’une autre. Je m’y suis reconnue, parfois dans Jack, parfois dans la petite chanteuse à lunettes qui fait cafouiller son coeur. Bref, c’était pas une séance de ciné comme les autres.

Pour l’anecdote un peu conne : avant même que le film ne commence, quand les lumières se sont éteintes, j’ai pleurniché comme une madeleine enrhumée.

europacorp

Snif. 

Du coup, je n’ai pas envie de faire une critique en mode « l’avis à avoir ».

Je ne suis pas la voix qui dit que tu dois penser ceci ou ça de ce film. Je te donnerai simplement un avis. Mon avis.

J’ai trouvé Jack et la Mécanique du Coeur fabuleux dans tous les sens du terme. Je suis peut-être aveuglée par l’amour que je porte à la chose, mais je n’ai pas trouvé de failles dans cette oeuvre. Jack et La Mécanique du Coeur m’a permis de partir très loin de Paris, et je pense que c’est le plus important.

Un film esthétique, magnifique

Visuellement, c’est quitte ou double. Certains trouvent les personnages lisses, classiques et presque un peu plats. Leurs teints sont parfaits, brillants, magiques. C’est comme si on avait jeté de la poudre de perlimpinpin sur un coffre plein de poupées en porcelaine et qu’elles prenaient vie. Ce qui est impressionnant, ce sont leurs yeux. Car même si les personnages ne dégagent pas de chaleur humaine, le film ne manque pas de gros plans qui les rapprochent un peu de nous. Leurs yeux sont hyper travaillés et expressifs, je n’ai pas réussi à m’en décrocher.

La diversité des personnages donne ce petit côté fantastique que j’avais peur de ne pas (assez) retrouver dans le film. On passe de l’univers de Coraline à celui de Freaks en quelques minutes. L’image et le rendu sont modernes et Stephane Berla (co-réalisateur) s’est lâché dans deux séquences de voyage en origami et pop-up hyper rythmés.

skateboard

Vers l’infini et au-delà. Surtout au-delà. 

La rencontre du cinéma et de la musique

Tu te rendras vite compte que la musique est omniprésente dans ce long-métrage. J’ai entendu certaines personnes reprocher au film l’aspect trop « clip musical » ; c’est vrai que si tu te sens déconcentrée dès que résonnent quelques notes, tu risques de décrocher rapidement, et ça serait dommage.

Je ne suis pas hyper fan de la musique de Dionysos ; je les ai vus en concert et c’était génial, mais j’ai du mal avec leur morceaux enregistrés en studio. Pourtant, la bande originale, quasi-entièrement réalisée par le groupe (et les doubleurs), apporte un truc vraiment moderne et rock’n’roll au film.

Les comédiens font du beau travail. Tu reconnaîtras Mathias Malzieu, Olivia Ruiz, Grand Corps Malade, Jean Rochefort, Rossy de Palma… Tou-te-s ont des voix fortes et très reconnaissables, des timbres que tu n’entends pas à chaque coin de rue. Ça aussi, ça donne encore un peu plus de magie et de personnalité à chaque rôle.

Une histoire complète et pleine d’émotions

Comme dans le livre, l’histoire oscille toujours entre plusieurs tons : c’est un peu triste, un peu mignon, un peu drôle, un peu fantastique mais aussi très réaliste. Les méchants ne sont pas vraiment méchants et les gentils le sont jusqu’à un certain point. C’est impossible de coller un genre à Jack et la Mécanique du Coeur : dans l’histoire de ma culture cinématographique, il n’y a qu’une seule personne qui réussit presque à chaque fois à me procurer ce genre d’émotions, et c’est Hayao Miyazaki. C’est plutôt bon signe.

Dans l’univers de Malzieu, tout est métaphore. C’est pour ça qu’il est si compliqué à illustrer. Tout comme le Meliès qu’il met en scène dans le film, Mathias sort ses trucs pour arriver à envoyer toute sa poésie directement dans ta face. Miss Accacia devient piquante quand elle s’énerve, l’ombre du grand méchant Joe grandit tout comme son influence, Madeleine se noie dans l’alcool de larmes… Autant de choses qui pourraient faire basculer le film dans le loufoque mais qui lui donnent tout son charme. J’ai trouvé ça génial.

missaccacia« Et pourquoi elle devient toute grosse la dame ? » : le gamin à côté de moi lui par contre, n’a rien compris. 

Jack et la Mécanique du Coeur n’a pas exactement le même titre que le livre pour une bonne raison : il ne s’agit pas de son adaptation littérale. Tu te rendras compte que de nombreux points ont été écartés ou modifiés. L’intrigue m’a paru plus accessible et plus tournée vers un public jeune, même si je pense avant tout qu’il s’agit d’une histoire pour adultes qui préfèrent ne pas grandir.

J’ai aimé l’histoire du livre tout comme j’ai aimé celle du film. Si certains détails manquaient, je n’ai pas décidé de le prendre mal et de balancer mon pop-corn sur la tête de la voisine en hurlant au scandale. Je pense que si ça a été fait comme ça c’est que c’était pour servir le film, tout en n’essayant pas de transformer la magie du livre qu’il était impossible de transposer à l’écran.

En conclusion, le film donnera envie de lire le livre et inversement. C’est probablement le but de Mathias Malzieu : faire dans le complémentaire, pas dans la redite. Parce que la redite, c’est chiant, et ce monsieur n’a rien d’un homme ennuyeux. C’est un Jedi, ne l’oublie pas.


Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.

Les Commentaires

22
Avatar de camicacutter
17 février 2014 à 22h02
camicacutter
J'ai re-écouté le CD, re-lu le bouquin et vu le film ... Le tout ces dernières 24 heures
J'avais beaucoup aimé le livre quand je l'avais découvert, et j'ai retrouvé dans le film certains des éléments qui m'avaient plu. Par exemple, la fluidité de la poésie du récit, les jeux avec mots, la quantité de thèmes abordés ...
Mais justement, j'ai été déçue de la simple évocation des thèmes, et qu'ils n'aient pas été plus creusés que ça. Une madmoizelle parlait du harcèlement scolaire, qui pour moi mériterait beaucoup plus de développement, autant dans le livre que dans le film
J'ai été déçue de l'utilisation des chansons dans le film (ils avaient pas mis mes préférées :crying : certaines qui m'avaient plu n'ont pas été mises, probablement pour correspondre à un public jeune. Sauf qu'en parallèle, les thèmes abordés dans le film ne sont pas adaptés à ce public ... Certains enfants pleuraient dans la salle, et pour moi il faut arrêter avec le raisonnement "c'est un dessin animé, c'est pour les enfants".

Par contre, j'ai du mal avec l'idée que les trois supports (CD, film, livre) se finissent différemment : pour moi les histoires ne sont pas complémentaires, elles se contredisent.
D'ailleurs, si une madmoizelle pouvait m'expliquer comment elle interprète la fin du film, ça m'intéresse

Et sinon je suis amoureuse des animations de ce film, l'esthétique m'a énormément plus !

Contenu spoiler caché.
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