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Le harcèlement de rue montré en caméra cachée aux États-Unis

Des Américaines témoignent contre le harcèlement de rue aux États-Unis, grâce à une caméra cachée. Pour celles et ceux qui penseraient encore qu’il s’agit d’un phénomène isolé…

Jennifer Corey a été élue Miss District of Columbia en 2009, et a fini dans les dix premières du concours Miss America.

Par la suite, elle s’est engagée activement dans la lutte contre le harcèlement sexuel dans la rue, après avoir été elle-même victime d’agression.

Mais il n’y a pas besoin d’être une reine de beauté pour susciter l’attention dans la rue. Cette vidéo compile les témoignages de plusieurs Américaines à propos de leurs expériences du harcèlement de rue, y compris celles de Jennifer.

Trigger Warning agression sexuelle : Jennifer Corey raconte une des agressions qu’elle a subie (à 3:17).

« C’est constant, impossible à éviter, et difficile à faire cesser.

Ce sont des sifflements, des apostrophes, des invectives, des « tss psst psst », vous savez, ce genre de choses

J’ai été harcelée par des blancs, des noirs, des latinos, des asiatiques…

Nous avons essayé de marcher dans la rue paisiblement, sans être dérangées.

Ce phénomène témoigne de la dynamique de domination qui existe au sein de la société

Apostropher les femmes dans la rue est un passe-temps américain. Je me souviens de chansons des années 50, 60, dont j’ai vu les archives, et qui racontent des scènes de harcèlement de rue mais de façon enjouée, légère : « j’étais au coin de la rue, admirant les filles qui passent » etc.

Le harcèlement de rue est une question de propriété. C’est l’idée que le corps des femmes et leur présence dans l’espace public ne leur appartient pas. Pourquoi serions-nous dans la rue, sinon pour « secouer ces miches, bébé ! » ?

Je pense que bien souvent, les hommes n’ont pas conscience de ce que ça signifie pour une femme de marcher dans la rue. »

L’une des femmes interviewées a accepté de porter une caméra cachée pour montrer le harcèlement dont elle fait l’objet. Elle témoigne :

« Je sais que ma façon de m’habiller est un peu provocante. Mais ça ne veut pas dire qu’il est normal que je subisse ces remarques.

Est-ce que je pense que les femmes devraient être jugées ou harcelées selon les vêtements qu’elles portent ? Absolument pas. Pour moi, cette analyse glisse dangereusement vers l’idée que les filles qui portent des jupes courtes cherchent les problèmes.

À lire aussi : Une photo de « jupe » lance une discussion sur le slutshaming

J’admire profondément les femmes qui répondent dans la rue. Elles reprennent le pouvoir sur le moment.

J’aimerais que les filles soient plus nombreuses à sortir de leur coquille et à dire plus souvent aux harceleurs de la fermer. Faites-le, vous vous sentirez mieux.

Le harcèlement de rue est une sorte de « drogue douce » qui ouvre la porte à d’autres formes de violences, plus sérieuses. L’idée que les femmes n’ont pas le contrôle de leur corps dans la rue est directement liée à cette culture qui conduit les femmes à être victimes d’agressions sexuelles. (La culture du viol). »

« Je vis à Washington DC depuis dix ans, et j’ai été agressée trois fois »

Jennifer Corey, élue Miss District of Columbia en 2009, raconte une des agressions dont elle a été victime. Ce texte étant difficile à lire, je vous invite à surligner.

Un homme est monté dans le métro derrière elle, l’a poussée contre la porte juste après la fermeture, s’est plaqué contre elle et a commencé à se masturber. En état de choc, elle n’a pas réagi, juste cherché de l’aide du regard autour d’elle.

À l’arrêt suivant, lorsque les portes s’ouvrent, elle se jette dehors, l’homme sort derrière elle, ils se regardent dans les yeux, un regard qui lui glace le sang. L’homme s’en va, elle remonte dans le métro, toujours en état de choc. Le métro est reparti, elle a fondu en larmes.

« J’aurais dû réagir. C’est ce que je fais au quotidien, je dis aux femmes comment réagir face aux agressions, et quand ça m’est arrivé, je n’ai rien su faire.

Vous ne devez pas subir le harcèlement juste parce que vous vivez dans une grande ville et que vous prenez les transports en commun. Ce n’est pas « ok », ce sont des gestes et paroles moralement déplacés, et légalement répréhensibles. »

Plusieurs femmes racontent leurs expériences de harcèlement, avec un point commun : la réaction de l’homme qui les agresse, cet espèce de sourire mauvais.

« Je pense que la plupart des femmes qui ont été victimes d’agressions connaissent ce regard, celui du type qui prend son pied dans le malaise qu’il provoque chez la femme. »

Jennifer Corey a mis du temps à reprendre le métro. C’est devenu une expérience très inconfortable pour elle, et elle n’est plus descendue à cette station en particulier.

« C’est triste que je sois celle qui ressente ce fardeau, que ce soit moi qui porte le fardeau de la sécurité, que je ressente moi, la nécessité de ME protéger. Moi, et tant d’autres femmes. »

Comment réagir ?

L’idée de répondre aux harceleurs est séduisante, mais elle ne convient pas à toutes les femmes. Nombreuses sont celles qui soulignent le sentiment d’insécurité que provoque la répétition de ces événements dans leur vie quotidienne.

De nuit, il est clair que je me retourne pour confronter un harceleur si, et seulement si

je pense pouvoir faire cesser le harcèlement immédiatement, avant que cette personne ne décide d’aller plus loin et d’envahir mon espace.

De jour, si je me sens davantage en sécurité, je n’ai aucune patience pour les bruits d’animaux et autres « tsssk tssssk » qu’on me lance dans la rue. Voyons les choses en face : on peut me répéter qu’il faudrait que je réponde plus souvent, je n’ai pas l’intention de le faire. Je ne m’en sens pas capable.

#YouOkSis?, l’intervention du témoin

Cette autre vidéo relaie une initiative de @Feminista_Jones et d’autres femmes qui conseillent aux témoins (hommes ou femmes) de harcèlement de s’adresser à la victime plutôt qu’à l’agresseur.

Le concept est simple : si vous n’êtes pas vous-mêmes en danger (vous êtes seul•e•s juge•s, c’est votre ressenti qui compte), vous pouvez demander à la victime si tout va bien. Cette simple intervention va avoir deux conséquences :

  • Perturber l’interaction harceleur/victime
  • Changer la dynamique en faveur de la victime, qui n’est plus seule.

« Un sondage national sur le harcèlement de rue en 2014 a révélé que  :

  • 65% des femmes disent en avoir été victimes d’une manière ou d’une autre
  • 68% des femmes harcelées ont peur que cela escalade vers des violences plus graves
  • 41% ont subi des attouchements, des contacts physiques, ont été suivies dans la rue.

« Je suis très en colère. Tout cela n’est pas nécessaire, c’est souvent très impoli, les commentaires sont sexistes, sexuels, sont proférés parfois en présence de ma fille, qui me demande ce qu’ils disent et ce que ces commentaires veulent dire. Ça me met en colère, mal à l’aise, au point de me faire peur parfois. »

« Lorsque j’ai été harcelée dans la rue, je me suis vraiment sentie déshumanisée. Il y a ce moment, lorsque vous réalisez que vous étiez en train de vaquer à vos occupations, et qu’une personne vous déshumanise : vous vous sentez alors comme un objet. Un manque profond de respect, du respect minimum dû à tout être humain. »

« Mes expériences de harcèlement remontent à mes 11-12 ans. Beaucoup se sont produites dans cette rue, je pense une fois notamment où un groupe de jeunes, des adolescents, ont crié des obscénités.

Je me suis retournée, ils ont fait comme si de rien n’était, mais ils ont reprise ensuite, jusqu’à ce qu’un homme intervienne pour leur demander pourquoi ils se comportaient comme ça.

Ça ne m’était jamais arrivée, j’étais surprise. »

« L’intervention des témoins est importante. Si la personne se sent en sécurité, et qu’elle se sent d’intervenir en position de témoin d’une scène de harcèlement, ou même simplement de prendre une photo ou un film de l’agression, ça peut déjà compter énormément, pour montrer votre soutien à la victime, même si vous n’êtes pas en mesure de faire cesser l’agression. »

« J’ai lancé l’idée du « Are you okay Sis ? » ( « est-ce que tout va bien, soeurette ? »). Ça m’est arrivé de voir une femme être harcelée alors qu’elle était avec une poussette. Je me suis approchée d’elle et je lui ai demandé si tout allait bien. L’homme a été très dérangé par mon intervention. Mais à cet instant, j’ai rendu ma présence visible, j’ai donné à cette femme un allié sur lequel elle puisse compter.

Si nous étions plus nombreux•ses à poser la question « est-ce que tout va bien ? », ça pourrait amener le harceleur à laisser la personne tranquille. Et peut-être aussi que le harceleur va interpeller le témoin qui intervient, mais au moins, la victime n’est plus seule dans sa situation. »

Et plus les témoins seront nombreux à intervenir, plus l’idée que ces comportements n’ont vraiment rien d’acceptable fera son chemin dans la société. Ce qui est encore loin d’être le cas, à en juger par certains des commentaires laissés sous la vidéo de Jennifer Corey, qui montre pourtant la réalité du harcèlement en caméra cachée.

Rien à faire :

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« Truc le plus stupide que j’ai jamais vu. Elles marchent en ESSAYANT d’attirer l’attention des gens, en se baladant en petite tenue. Tellement con. Putain de salopes qui cherchent l’attention. Ne jouez pas aux victimes. LOL ! Elles veulent juste faire croire qu’elles sont tellement sexy que tout le monde les siffle sur leur passage. Le féminisme est la mort de l’Amérique et du monde. »

Et cette fine analyse récolte 48 « pouces verts » !

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Je suis juste en train de perdre toute foi en l’humanité.

Ouais. On n’est pas sorti•e•s de l’auberge…


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Les Commentaires

31
Avatar de Annacat
9 août 2014 à 02h08
Annacat
question bête mais est ce que vous savais si les tazers (je sais pas si ça s'écris comme ça) sont légale en France.
Ou les spray genre "pepper spray" ?
0
Voir les 31 commentaires

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