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Le Chiapas et ses cultures indiennes — Carte postale du Mexique

Cet hiver, 1793 est partie au Mexique, un pays qu’elle ne connaissait pas du tout. Dans cette première partie, elle vous parle de l’État du Chiapas et notamment de ses cultures indiennes !

Le Mexique a longtemps fait partie de ma liste de voyages prioritaires. Sans trop savoir pourquoi d’ailleurs, parce que je n’avais pas vraiment de connaissances sur ce pays. Et puis le temps a passé, j’ai voyagé ailleurs, et j’ai oublié. Jusqu’à ce que, cette année, une amie s’y installe pour un an. J’étais en congé pour six mois à partir de fin janvier, c’est donc tout naturellement que j’ai décidé d’y partir.

J’avais le temps, mais comme c’était la première fois que je partais toute seule (même si des collègues devaient me rejoindre sur place), je décidai de limiter mon voyage à trois semaines.

C’est le 2 février, dans le froid et sous la neige que j’ai pris l’avion pour Mexico, avant de rejoindre le Chiapas le lendemain. J’allais passer cette première semaine toute seule, sans mon amie et mes collègues, et je n’étais pas très rassurée à cette idée… Comment allais-je me débrouiller, alors que je ne parlais pas espagnol (et que, bien sûr, j’avais oublié mon guide de conversation chez moi avant de partir) ?

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Premier contact avec le Chiapas

Le Chiapas est l’État le plus méridional du Mexique, à la frontière avec le Guatemala. Quand j’ai finalement débarqué à la gare routière de San Cristobal de Las Casas, capitale culturelle de l’État qui allait être mon camp de base pour cette première semaine, j’ai été immédiatement dépaysée.

C’était visiblement l’heure de sortie de l’école, de nombreux enfants étaient en uniforme avec leurs cartables, la rue était pleine de voitures… Je suis restée un moment sur la place devant la gare, le temps de prendre des repères. Mais je devais prendre un taxi : ma couchsurfeuse Gabriela m’attendait chez elle.

J’ai réussi à me faire comprendre en montrant l’adresse qu’elle m’a envoyée par SMS. Une fois chez elle, j’ai été tellement bien accueillie que mes angoisses se sont évanouies. J’avais ma propre chambre, sa famille était adorable, et Gabriela parlait anglais, ce qui m’a permis de bien communiquer avec quelqu’un.

Le premier jour, Gabriela m’a proposé de visiter la ville avec elle. J’étais venue au Mexique sans beaucoup d’idées préconçues sur ce pays, mais j’ai tout de suite été plongée dans le bain de ce que j’imaginais être l’Amérique latine : les maisons étaient colorées, les rues pavées, et il y avait des Coccinelles partout !

san cristobal coccinelle

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San Cristobal de Las Casas

Le lendemain, je suis partie pour San Juan Chamula, à quinze minutes de route de San Cristobal, pour découvrir un aspect important du Chiapas : ses cultures indiennes. 22% de la population y est en effet indienne, c’est-à-dire issue de peuples pré-hispaniques, pour la plupart Maya, dont les Tzotzils, qui vivent à San Juan Chamula.

On peut reconnaître les Chamulas au costume des femmes, qui portent des jupes noires en laine. Cette ville est notamment connue pour les pratiques religieuses uniques qui se déroulent dans l’église San Juan Bautista (où il est interdit de prendre des photos).

En y entrant, je fus étrangement émue. Le sol était recouvert d’épines de pin, des pans de tissus étaient suspendus au plafond jusqu’aux murs latéraux. Il n’y avait pas de banc : après la conquête, seul•e•s les Espagnol•e•s avaient le droit à des bancs. Les Chamulas ont ici continué de prier à même le sol pour arborer le stigmate et ainsi réaffirmer leur propre valeur.

Sur les côtés, de nombreuses statues de saints portaient des miroirs : ainsi, en priant le saint, il est impossible de lui mentir, puisqu’on ne peut mentir à soi-même. La figure du Christ est secondaire : dans le chœur, c’est la statue de San Juan Bautista (St Jean-Baptiste) qui était à l’honneur — encore une manière de ne pas totalement accepter la domination de la majorité métisse catholique du Mexique.

Il y avait peu de monde dans l’église, mais j’ai tout de même été témoin de rituels particuliers. Des hommes buvaient du Coca pour roter, ce qui est censé délivrer des mauvais esprits, un groupe de femmes priait autour d’un poulet sacrifié… J’ai découvert à la fois l’importance de la spiritualité au Mexique, la vivacité des traditions indiennes, et l’imbrication des deux dans un contexte de domination postcoloniale.

San Juan Chamula église

L’église de San Juan Chamula.

De retour à San Cristobal, j’ai pu constater la discrimination dont souffrent les Indien•ne•s. Les femmes qui vendaient des petits objets d’artisanat dans la rue, les enfants qui se faisaient payer pour cirer des pompes (littéralement), les mendiant•e•s… étaient presque tou•te•s des Chamulas.

Le Chiapas est l’État le plus pauvre du Mexique, et cette pauvreté se remarque rapidement pour peu que l’on sorte un tantinet des sentiers touristiques. En s’éloignant du centre-ville, il n’y a en effet pas besoin de marcher longtemps pour tomber sur un bidonville. C’était la première habitation aussi précaire que je voyais au Mexique : quatre planches et un toit en tôle.

Alors que j’avais jusque là l’impression d’être dans un pays plus développé que ce à quoi je m’attendais, les lieux touristiques étant bien aménagés, la réalité m’a rattrapée. Le Mexique est un pays émergent, où subsistent de très fortes inégalités : on estime que la pauvreté concerne un•e Mexicain•e sur deux.

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L’instant Indiana Jones : Palenque

Après deux nuits ultra-froides à San Cristobal (à plus de 2000 mètres d’altitude, les températures descendent rapidement), j’ai pris la direction de Palenque. Sur la route, on a traversé des villages très pauvres. Le ciel était bas, il pleuvait, et j’étais malade (pourquoi ça tourne tout le teeeemps ?!)… La journée du lendemain valait cependant largement les sept heures de mal des transport, puisque j’ai découvert la cité de Palenque.

Fondée vers 100 avant notre ère, il s’agit d’un site maya qui a connu son heure de gloire vers les VIIe-VIIIe siècles. Tout a été construit sans roue, sans outil en métal, sans animal de trait… et le site vaut autant pour sa richesse artistique et historique en tant que témoin d’une civilisation passée que pour l’environnement dans lequel il se trouve. Car nous avions quitté le climat plutôt sec de San Cristobal : là, c’était la jungle et sa végétation luxuriante (et il paraît qu’il y a des singes hurleurs, mais je n’en ai pas entendu).

temple des inscriptions à Palenque

Le temple des inscriptions à Palenque.

Je crois que je n’étais pas la seule à voir se réaliser un rêve d’enfance en découvrant une cité perdue dans la jungle et à m’imaginer en Indiana Jones. Je ne peux qu’imaginer l’émotion des premiers explorateurs…

J’ai poursuivi mon expédition vers les cascades de Misol-Ha puis Agua Azul, qui, un lendemain de pluie, n’était pas franchement « 

azul » (bleu). Depuis le bus, j’ai aperçu un groupe de zapatistes encagoulés. Les zapatistes, c’est ce groupe de rebelles se réclamant du révolutionnaire Zapata, qui, dans les années 1990, se sont révoltés contre le pouvoir mexicain pour réclamer une redistribution des terres et l’amélioration de la vie des Indiens. Depuis ils sont devenus l’un des symboles de l’altermondialisme et de la démocratie radicale : certaines communautés zapatistes expérimentent des formes d’autogouvernement depuis vingt ans.

Je ne faisais alors qu’apercevoir un aspect du Mexique que j’allais rencontrer tout au long de mon voyage : la permanence et la vivacité des luttes sociales (et ici, il y a de quoi faire !).

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En conclusion

Au bout de ma semaine dans le Chiapas, je commençais à me sentir comme un poisson dans l’eau : j’étais prête pour la suite de mon séjour. Le fait d’avoir un point d’ancrage chez quelqu’un sur place m’a beaucoup aidée à profiter pleinement de cette semaine. Je me suis souvent retrouvée seule face à des personnes qui ne parlaient qu’espagnol, mais comme cette langue est assez proche du français, j’ai réussi à comprendre à peu près ce qu’on essayait de me dire, et à baragouiner tout en mimant pour me faire comprendre…

Prochaine étape : rejoindre mon amie et des collègues à Mexico, avant de partir pour l’État de Oaxaca.

– Retrouvez bientôt la suite du séjour mexicain de 1793 !

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Les Commentaires

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Avatar de 1793
15 avril 2015 à 10h04
1793
@Alkaline : Tout le monde flippait aussi pour moi. ^^ Pourtant, comme @Moonshade, je ne me suis jamais sentie en insécurité au Mexique, même quand j'étais seule. En fait, certaines zones seulement sont "dangereuses" : le Nord, le Guerrero... En fait, comme l'a dit @Noémiedepain , la violence au Mexique est surtout liée à la drogue, et les touristes ne sont pas concernés. Les zones les plus touristiques (le Chiapas, l'Oaxaca, le Yucatan) sont plutôt sûres. Après, il y a des recommandations à suivre. Par exemple concernant le Chiapas, le trajet San Cristobal - Palenque est déconseillé de nuit (mais en fait, ça dépend des périodes...). A Mexico, certaines quartiers sont à éviter (mais il ne faut pas sombrer dans la psychose non plus...). Tu pourras trouver des conseils sécurité dans un guide (ou sur le site du Ministère des affaires étrangères - qui est un peu paranoïaque ^^)
Sinon, voilà ce que je peux rajouter : la nuit déplace-toi de préférence en taxi (c'est vraiment pas cher), mais fais attention, notamment à Mexico : il faut que tu prennes les taxi seguro uniquement, ou alors les faire appeler par ton hôtel / auberge / restaurant.Sinon, j'ai été beaucoup moins sollicitée dans la rue quand j'étais seule que quand j'étais avec mes ami-e-s (on est plus identifiable comme touristes quand on est en groupe, en fait, surtout si nos ami-e-s ont la peau claire ^^). Toute seule, si tu t'habilles comme les Mexicaines (c'est-à-dire assez couverte), ça devrait aller. Perso, j'ai aussi subi du harcèlement de rue, mais comme je ne comprenais rien, j'ignorais, et ça marchait pas mal.
Et je n'ai pas eu la turista. Mon médecin m'avait prescrit des probiotiques (une gélule que tu es censée prendre tous les matins -en fait, j'ai souvent oublié, et de toute façon, ce n'est pas possible quand tu pars longtemps), et ça marche bien.
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