Live now
Live now
Masquer
vie-femmes-indiennes
Actualités mondiales

Les femmes indiennes VS le patriarcat : le point sur la situation en 2016

En Inde, malgré de légères améliorations, le quotidien des femmes reste compliqué. Entre violences et tentatives d’empouvoirement, tour d’horizon.

Cet article a été rédigé dans le cadre d’un partenariat avec ARP. Conformément à notre Manifeste, on y a écrit ce qu’on voulait.

En 2012, le monde entier avait été choqué par le viol collectif qu’avait subi Jyoti Singh, une étudiante indienne, décédée quelques jours plus tard des suites de ses blessures.

Les années ont passé, mais la situation des femmes en Inde n’est toujours pas au beau fixe. Cette semaine encore, le pays a été ému par le viol d’une adolescente, pour la seconde fois et par les mêmes agresseurs.

Le manque de films sur la situation des femmes a motivé Nan Palin à réaliser Déesses indiennes en colère, et on en profite pour faire le point.

À lire aussi : « Déesses indiennes en colère », portrait de femmes modernes vu par son réalisateur

À lire aussi : La vie entravée des femmes – Carte postale d’Inde

Malgré le renforcement des sanctions à l’encontre des auteurs de violences sexuelles, les viols sont encore extrêmement nombreux – 36 735 cas ont été enregistrés en 2014, et ce ne sont que les cas reportés, soit une faible proportion. Dans les cas où ils comparaissent en justice, seuls 28% des criminels sont réellement condamnés.

Dans 86% des cas, ils font partie de l’entourage de la victime : amis, voisins, cercle familial proche dans 5% des cas…

Comme c’est le cas en général en France aussi, ces agressions ne sont pas le fait d’inconnus. Dans 86% des cas, ils font partie de l’entourage de la victime : amis, voisins, cercle familial proche dans 5% des cas…

C’est ce qui rend les choses encore plus compliqué pour ces femmes indiennes : la pression qu’elles subissent au regard de l’« honneur de la famille » transforme les victimes en coupables. Ayant survécu à une agression, elles sont en plus blâmées d’avoir terni la réputation de leurs proches. D’où le fait que le nombre de viols enregistrés, bien que haut, soit nettement en-dessous de la réalité sans qu’on puisse estimer exactement à quel point.

À lire aussi : Qandeel Baloch, la « Kim Kardashian du Pakistan », assassinée « pour l’honneur » de sa famille

Les violences domestiques au quotidien

Les chiffres précédents ne prennent pas non plus en compte les viols conjugaux qui ne sont pas considérés comme un crime par la loi, ce qui donne une idée de l’état des violences conjugales et domestiques dans le pays.

big-victime-viol-conjugal-temoignage

Plus de la moitié des femmes ont indiqué qu’il était courant dans leur communauté d’être battue si elles sortaient sans permission

Ainsi, selon une étude conduite par le Conseil National de Recherche en Économie Appliquée et dont les résultats sont publiés dans The Hindu, plus de la moitié des femmes ont indiqué qu’il était courant dans leur communauté d’être battue si elles sortaient sans permission.

Globalement, 70% des femmes indiennes ont déjà été victimes de violences domestiques, perpétrées par leur mari ou un proche, selon l’ONG Dasra.

Ce n’est certes pas le cas dans Déesses indiennes en colère où les protagonistes féminins font fi de la société pour se placer en tant que symbole de la rébellion et du renouveau, mais le jugement qu’elles attirent de la part de tout le monde dénonce bien le manque d’ouverture d’esprit.

Épouses sans avoir réellement dit « oui »

Le mariage, d’ailleurs, n’est que rarement un choix pour les Indiennes. Toujours dans la même enquête présentée par The Hindu, seules 18% d’entre elles déclaraient avoir connu leur mari avant de l’épouser.

L’Inde est aussi l’un des pays comptant le plus de mariages d’enfants – certes à mettre en regard avec sa très large population. Il n’empêche : malgré l’interdiction des mariages avant 18 ans pour les jeunes filles et 21 ans pour les hommes depuis 1961, la pratique est loin d’être abandonnée. 48% des jeunes femmes mariées de plus de 25 ans déclarent avoir été mariées avant leurs 18 ans… L’écart entre les villes et les villages n’est pas non plus négligeable.

Et leur situation d’épouse en fait littéralement des subalternes. 90% déclarent ne pas avoir le dernier mot lorsqu’il s’agit de gros achats, 80% n’ont pas leur maison à leur nom et encore plus inquiétant : 80% ne peuvent pas décider seules d’aller consulter un médecin. Bienvenue au XIXe siècle.

bend-it-like-beckham

Un cercle vicieux difficile à enrayer

Cette situation prend ses racines dans le patriarcat, ancré profondément dans la société indienne. À tel point que le phénomène d’avortement sélectif est très répandu en Inde.

Il est généralement pratiqué après une échographie qui permet de déterminer le sexe d’un fœtus. Et c’est ainsi que de nombreux fœtus de sexe féminin sont avortés, créant un véritable déséquilibre entre les sexes dans le pays.

Si à l’échelle nationale, le ratio peut ne pas paraître si bas – il s’établissait à 940 filles pour 1000 garçons lors du dernier recensement en 2011, pour une moyenne naturelle autour de 950 filles pour 1000 garçons – il existe de très grandes disparités régionales. Le ratio s’élève seulement à 861 pour 1000 dans l’état d’Haryana par exemple.

Ces avortements sélectifs sont justifiés par les mères elles-mêmes qui pour certaines expliquent qu’elles savent à quelles humiliations une femme vivant en Inde est confrontée et qu’elles ne souhaitent pas cela pour leurs enfants.

À lire aussi : « La Saison des femmes » dénonce la condition féminine en Inde

Au delà de l’avortement, en milieu rural, ce sont les petites filles elles-mêmes qui sont négligées. Dans les zones trop pauvres pour fournir ce type de service pourtant illégal, les familles dépensent moins d’argent pour s’assurer de la santé et de la nutrition d’une petite fille que d’un petit garçon.

Ce phénomène participe au dénigrement général des femmes, en même temps qu’il en est la conséquence… Un cercle vicieux difficile à enrayer pour les femmes indiennes.

Vers l’empouvoirement économique ?

Paradoxalement, les Indiennes ont réussi à se faire une place dans le monde des affaires comme le prouve l’une des héroïnes du film

Paradoxalement, les Indiennes ont réussi à se faire une place dans le monde des affaires comme le prouve l’une des héroïnes du film. Comme en témoigne une contributrice de Forbes d’origine indienne :

« En Inde, il y a au moins 10 institutions financières majeures dirigées par des femmes puissantes; elles sont toujours sous-représentées par rapport aux hommes, mais formidables et visibles. »

De même, elle y décrit avoir été automatiquement payée à hauteur du salaire de ses collègues masculins et l’absence bienvenue de tous commentaires dégradants ou infantilisants.

Un peu d’espoir est permis pour les héroïnes de Déesses indiennes en colère donc !


Vous aimez nos articles ? Vous adorerez nos newsletters ! Abonnez-vous gratuitement sur cette page.

Les Commentaires

10
Avatar de shigurette
4 août 2016 à 17h08
shigurette
@aspirateur-killeuse juste un détail mais Indira Gandhi n'est pas de la famille du Mahatma Gandhi mais de la famille Nehru. Après c'est clair qui son élection tient plus du fait que sa famille dirige le parti du Congrès national indien fondé par le Mahatma Gandhi et la famille Nehru. C'est d'ailleurs sa fille qui le dirige actuellement et son petit-fils en est le vice-président.

Après le problème de la non-disparition du système des castes (malgré les lois) est lié au fait que ce système vient de l’hindouisme. Outre le côté coutumier (déjà pas facile à combattre), la religion majoritaire le soutient.
0
Voir les 10 commentaires

Plus de contenus Actualités mondiales

Le film “Jamais plus”, très attendu par les fans du livre dont il est adapté, est sorti dans les salles mercredi 14 août dernier. Une polémique entache toutefois le succès du long-métrage. Outre le fait que l’auteure Colleen Hoover soit jugée problématique par nombre d’internautes, la réputation de Blake Lively ajoute une ombre au tableau. Décryptage.
Cinéma

“Jamais plus” : c’est quoi toute cette polémique autour de Blake Lively ?

3
Beauté

Adoptez cette routine beauté petit budget pour un look Make up no make up toute l’année

Humanoid Native
argentine-football-messi
Actualités mondiales

La luxueuse villa de Lionel Messi à Ibiza aspergée de peinture par des militants écologistes

Couverture de l'autobiographie de Britney Spears, "The Woman in me" // Source : Simon & Schuster
Actualités mondiales

Un film autobiographique en préparation sur Britney Spears

meghan-markle-feministe
Société

La duchesse Meghan parle de ses problèmes de santé mentale et du harcèlement en ligne

Source : Wikimedia Commons
Actualités mondiales

Les combats féministes de Kamala Harris

1
Elon Musk // Source : SpaceX Launches SpaceX Falcon Heavy Rocket
Actualités mondiales

Elon Musk accusé de harcèlement sexuel par d’ex-employées de SpaceX

5
Source : Canva
Actualités mondiales

Aux États-Unis, la Cour suprême annule l’interdiction de la pilule abortive

Source : Capture / C-SPAN
Daronne

Le discours pro-Trump de cet élu américain a été gâché… par son fils de 6 ans

1
Source : Phillip Pessar / Flickr
Actualités mondiales

Aux États-Unis, un ado meurt après le « One Chip Challenge », énième défi dangereux

Deux femmes s'embrassent sous un drapeau arc-en-ciel, symbole LGBT © Gustavo Fring de la part de Pexels
Société

La Gen Z, plus LGBT+ que ses ainées ? Une étude le confirme

7

La société s'écrit au féminin