Cette semaine, le podcast hebdomadaire Le seul avis qui compte, dans lequel Kalindi chronique sa mauvaise humeur ciné, parle du film Venom : Let There Be Carnage. L’article ci-dessous est une retranscription du podcast.
Le 20 octobre, c’est une date bénie.
Un jour qui devrait être férié et enregistré dans les manuels d’Histoire puisque c’est le jour qui m’a vu naître.
Mercredi 20 octobre, j’aurais donc pu prendre un jour de congé pour me rouler dans le stupre et les fruits de mer comme tous les individus devraient le faire pour célébrer ma glorieuse venue au monde, mais j’ai plutôt choisi d’honorer le capitalisme en TRAVAILLANT.
Voir Venom 2 en VF et en 4Dx
Parce qu’avant d’être un humain auto-centré, je suis d’abord une journaliste rigoureuse et professionnelle.
Vous allez me dire : « Ça va ton taf est cool, tu passes ton temps au cinéma et après tu donnes ton avis. Y a pire ». Et c’est FAUX : il n’y a rien de pire que d’être tributaire de la qualité inégale des calendriers cinéma.
Par exemple, ce mercredi, la grosse sortie c’était fucking Venom: Let There Be Carnage dont le visionnage, je le savais avant même de passer la porte du cinéma, reviendrait peu ou proue à être coincée sur le styx avec pour tous compagnons Patrick Balkany et Eve Angeli.
Mais finalement, tout ce que j’avais imaginé (c’est à dire pas grand chose) n’était que du pipi de chat par rapport à ce qui allait vraiment m’arriver dans cette salle de cinéma.
Voilà donc le déroulé de ma matinée d’anniversaire cinématographique :
D’abord, j’ai fourré un morceau de pissaladière Picard dans mon tote bag, j’ai marché 20 minutes sous la pluie avec de simples guenilles de tchoin alors qu’il faisait littéralement -18° et je suis arrivée au Pathé avec l’envie de voir Venom 2 comme de me dissoudre dans une bassine de Starwax déboucheur.
Et là, alors que cette matinée n’aurait pas pu être plus misérable, j’ai vu sur les panneaux d’affichages que le film n’était diffusé qu’en VF. Pire encore : qu’il allait être diffusé en VF 4DX.
Inutile de préciser que je déteste autant la VF que les films en 3D, et donc que tous mes cauchemars étaient réunis.
Il n’aurait plus manqué qu’on m’oblige à avaler des petits pois pendant le film et on aurait à peu près réussi à faire de moi la femme la plus traumatisée d’Europe occidentale.
La 4Dx c’est quoi ?
J’ai donc payé 22€ pour cette place de cinéma. « N’hésitez pas à me prendre mes deux jambes pendant qu’on y est les cinémas Pathé-Gaumont hein ! »
Vous le saurez désormais : si vous projetez d’aller voir un film en 4DX, faites un emprunt à la banque ou bien hypothéquez votre maison.
Là ne s’est pas arrêté le brigandage de tout mon compte en banque puisqu’il m’a fallu acheter une paire de lunettes pour la modique somme de 1,80€.
23,80€ une place de cinéma, qui dit mieux à part Elon Musk ?
Ensuite j’ai découvert la fameuse salle 4Dx, et il faut admettre qu’elle n’est pas dégueulasse. Si vous n’avez jamais été, sachez que c’est un peu une salle futuriste avec des gros sièges plein d’accessoires, qui en apparence, est tout à fait ludique.
Comme je possède une mémoire de centenaire atteinte d’Alzheimer, j’ai donc parfaitement oublié que j’avais dépensé toute ma fortune sitôt la découverte faite de ces sièges reluisants, promesses d’un moment si ce n’est intellectuellement stimulant, au moins fun.
Parce que la particularité de la 4Dx, c’est qu’elle associe les mouvements des sièges montés sur vérins à des effets sensoriels spécifiques tels que le vent, la pluie, l’orage, le brouillard, la neige, la fumée, les odeurs et la lumière en parfaite synchronisation avec les images du film à l’écran
Sur le papier, j’y passe ma life, à glousser jusqu’à mouiller mon pantalon.
Mais rien ne se passe dans la vie comme sur le papier, comme vous le savez si vous faites partie de ma team de cyniques.
Dès que Venom a commencé, j’ai perçu les limites de la 4DX et elles s’appellent : LE CONFORT.
Un concept sympa, une réalité horrible
Ce qui aurait pu être à peu près cool si j’avais vu un film tranquille avec quelques scènes d’actions bien réparties s’est transformé en immersion au coeur d’un lavomatique concocté par satan, parce que Venom ressemble à un clip électro qui filerait de l’épilepsie à n’importe quel être vivant normalement constitué.
Et que je me suis pris un coup de poing du siège dans le dos, et que j’ai été incapable de mâcher ma pissaladière sans me mordre la langue et que je me suis pris des jets d’eau en pleine gueule.
J’enverrai donc ma facture d’osthéo à Pathé dès lundi prochain !
Bref, le pire reste à venir car il nous faut bien sûr parler du film de la semaine, j’ai nommé Venom : Let There Be Carnage, de Andy Serkis, une énième production inspirée des comics Marvel dont je suis sortie rincée, comme si j’avais participé à Koh-Lanta juste après m’être échappée de 15 ans aux Baumettes.
Venom : Let There Be Carnage, un grand raté
Cette année, d’après ce que j’ai pigé à l’intrigue, Tom Hardy est toujours Eddie Brock, un journaliste en mal de reconnaissance et aux cernes de la taille du Brésil, qui se lance à la recherche des corps des victimes d’un serial killer.
Il les retrouve et fait condamner à mort ledit tueur en série. Sauf que celui-ci lui bouffe la main et qu’il avale un peu du sang d’alien de Venom, la créature qui vit en Eddie et doit protéger les gentils des méchants.
Alors le très méchant Woody Harrelson, qui n’aura jamais été aussi mal coiffé, devient quasi invincible et veut anéantir la terre entière aux côtés de sa meuf, laquelle a le pouvoir de défoncer les tympans des gens en gueulant — comme moi, en somme.
Bref, comme d’habitude, l’intrigue est inepte et j’ai quasiment rien pigé.
La pire expérience cinéma EVER
Mais au delà du montage clipé au possible, au delà de la performance flemmarde de Tom Hardy qui donne à peine le change, le pire du pire pour un esprit aussi las que le mien, ça demeure Venom lui même, qui gueule pendant 1h37 de film de sa voix grave et tonitruante sans quasiment jamais nous laisser du répit.
Pas étonnant que cette horreur filmique n’ait qu’une étoile et demi sur Allociné, là ou même Pingu en a récolté trois pour sa sortie le même jour !
Au final, comme avec toute bonne adaptation des comics Marvel qui se respecte, j’ai oublié que j’avais vu ce film un quart d’heure après être sortie du cinéma. Pourtant, j’ai bien senti le temps passer, pendant ce bordel sonore, scénaristique et visuel monstrueux, qui donne un avant-goût de la fin du monde…
Pour résumer mon expérience filmique d’anniversaire, je terminerais donc sur une phrase du journal Libération concernant un film de BHL :
« Je suis allée à la séance de 10h, deux heures après j’ai regardé ma montre : il était 10h20 ».
Le seul avis qui compte est un podcast de Madmoizelle écrit et présenté par Kalindi Ramphul. Réalisation et édition : Mathis Grosos. Rédaction en chef : Mymy Haegel. Direction de la rédaction : Mélanie Wanga. Direction générale : Marine Normand.
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