Existe-t-il meilleure sortie culturelle que l’excursion au musée ? Statues de la Renaissance, peintures impressionnistes ou classiques, sculptures antiques, art contemporain ou découvertes scientifiques… il y en a pour tout le monde.
Et si on peut finir la visite avec un muffin à la cafétéria du musée et un détour par sa boutique pour acheter une balle rebondissante avec la tête de Léonard de Vinci dedans, c’est parfait.
L’autre avantage, c’est la population très variée qu’attirent les musées qui vient contribuer à l’ambiance du lieu. Au fond, il n’y a probablement pas meilleur observatoire humain que le musée.
Les familles excédées
Surtout visibles en période de vacances scolaires ou le dimanche, les familles excédées sont reconnaissables à deux choses : d’une, elles forment chacune un petit attroupement, plus ou moins massif selon le nombre d’enfants qu’elles traînent. De deux, les tensions y sont palpables.
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Le problème de la famille excédée, et ce qui fait qu’elle est excédée, c’est qu’elle est habituellement composée de parents fatigués qui se sont dit que l’option musée était une sortie facile qui allait occuper l’esprit vif de leurs chérubins… ainsi que de chérubins fatigués.
La famille excédée est habituellement composée de parents fatigués qui se sont dit que l’option musée était une sortie facile qui allait occuper l’esprit vif de leurs chérubins…
Bien sûr, chaque famille excédée est différente. Tout dépend des personnalités de chacun•e et de l’osmose au sein du groupe. Certaines vont être menées par les enfants tandis que les parents vont leur courir après, épuisés et en sueur, pour faire en sorte qu’ils ne cassent pas ce buste antique plus qu’il ne l’est déjà, ou satisfaire la curiosité intellectuelle des bambins en leur expliquant ce que fait la madame toute nue avec le cygne.
« Mamaaan pourquoi ils ont encadré une zézette ? »
Et il y a les familles menées par les parents qui ne parviennent pas à contenir leur enthousiasme à l’idée de partager ces merveilles de connaissances avec leur progéniture. Progéniture qui a envie de faire pipi, qui a mal aux pieds et qui voudrait savoir quand est-ce qu’on s’en va…
L’étudiant•e en art
Les professeur•es de l’étudiant•e en art lui ont dit et re-dit qu’il fallait s’entraîner à dessiner les gens en mouvement et l’anatomie et les natures mortes et…
Reconnaissable le plus souvent à son air caféiné et son vieux carton à dessins épuisé, l’étudiant•e en art n’est en général pas certain•e de vouloir être là. C’est juste que ses professeur•es lui ont dit, re-dit et répété (et re-répété) qu’il fallait s’entraîner à dessiner les gens en mouvement et l’anatomie et les natures mortes et les mouches en plein vol et…
Alors, aidé•e par cette image un peu bohème des jeunes artistes qui dessinent dans les musées, l’étudiant•e en art est venu•e dessiner dans un musée. Bah oui.
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Elle/Il fait le dos rond quand un charmant bambin vient regarder par dessus son épaule (« MAMAN REGARDE ELLE/IL DESSINE LA DAME/LE MONSIEUR »), le dos droit quand des touristes font des « Ooh » et des « Aah » devant son air concentré, mais se demande dans l’ensemble si elle/il n’aurait pas pu passer son samedi autrement — et oh, mais qu’est donc sa vie devenue (soupir).
L’artiste bohème
L’artiste bohème n’a pas fait d’études d’art — ou alors il y a longtemps. Suffisamment longtemps pour avoir oublié les nuits blanches et le stress des dates butoir impossibles à tenir qui font partie du quotidien de l’étudiant•e en art… et lui envier tout le reste. C’est-à-dire le statut d’Artiste.
On distingue l’artiste bohème de l’étudiant•e en art en ce qu’il/elle a déjà une meilleure mine (puisqu’il/elle fait des nuits complètes), l’air torturé étudié du/de la peintre qui recherche sa Muse, et la place qu’il/elle occupe avec son énorme carton à dessin (variante : plein de petits cartons à dessin).
La fréquence de ses petits coups de crayons pas forcément utiles s’accentue en fonction de son public et dans ses rêves, l’espace d’un fugace instant, c’est lui/elle qui vient de peindre cette charmante dame au sourire énigmatique.
L’admirateur•trice de l’artiste bohème
Il s’agit souvent d’un•e touriste, ou en tout cas de quelqu’un qui n’a pas l’habitude de voir des gens dessiner dans les musées.
Souvent un•e touriste, ou en tout cas quelqu’un qui n’a pas l’habitude de voir des gens dessiner dans les musées, l’admirateur•trice de l’artiste bohème voit son existence intimement liée à celle de ce•tte dernier•e. Pas d’artiste bohème ? Pas d’admirateur•trice de l’artiste bohème. Pas d’admirateur•trice de l’artiste bohème ? Pas d’artiste bohème. L’un dépérit sans l’autre.
Il faut dire que l’admirateur•trice est, par principe, particulièrement enthousiaste. Il/Elle est heureux•se d’être là, et son bonheur influence son sens critique au plus haut point. Tout ce que fait l’Artiste est formidable. En fait, le simple fait de voir un•e Artiste à l’œuvre est formidable. C’est si pittoresque.
Seule ombre au tableau (tu l’as ?) : l’admirateur•trice de l’artiste bohème ne fait pas bien la différence entre l’artiste bohème et l’étudiant•e en art. Cela tend à vexer l’artiste bohème, qui est quand même surtout là pour se faire mousser.
Les touristes qui prennent tout en photo (avec le flash)
Mais ils/elles n’ont pas fait exprès, c’est l’appareil qui a mis le flash tout seul !
Cinquante fois de suite.
Le/La gardien•ne qui court après les touristes qui prennent tout en photo (avec le flash)
Le/La gardien•ne qui court après les touristes qui prennent tout en photo (avec le flash) fait partie du paysage quotidien d’un musée.
Sans être un•e visiteur•e, le/la gardien•ne qui court après les touristes qui prennent tout en photo (avec le flash) fait néanmoins partie du paysage quotidien d’un musée. Rapport que le flash est interdit, et qu’il/elle commence à en avoir marre de le répéter. Et de courir.
Tout serait plus beau dans la vie du/de la gardien•ne qui court après les touristes qui prennent tout photo (avec le flash) si les touristes ne prenaient pas tout en photo (avec le flash). Mais en même temps, si les touristes ne prenaient pas tout en photo (avec le flash), le/la gardien•ne qui court après les touristes qui prennent tout en photo (avec le flash) n’aurait plus de raison d’être. Le paradoxe d’une vie.
Les écolier•es perdu•es
Au départ plutôt satisfait•es d’avoir échappé au/à la prof, les écolier•es perdu•es sont ces gamin•es à la mine mi-railleuse mi-déconfite qui essaient de vous faire croire qu’ils/elles savourent leur nouvelle indépendance quand, en réalité, ils/elles ont envie d’appeler maman pour qu’elle vienne les chercher.
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Ils/Elles font les malin•es mais, au fond, ils/elles en arrivent à regretter ce temps béni où ils/elles marchaient en rang d’oignons derrière leur professeur•e, malgré l’acharnement de ce•tte dernier•e à crier « SUIVEZ-LE-PE-TIT-DRA-PEAAAU » toutes les cinq minutes à la manière d’un•e guide rendu•e hystérique par la crainte d’égarer l’un des fruits des entrailles des Parents d’Élèves. C’était la tehon, mais au moins ils/elles n’étaient pas paumé•es comme des glands.
Ce sont ces gamin•es à la mine mi-railleuse mi-déconfite qui essaient de vous faire croire qu’ils/elles savourent leur nouvelle indépendance quand ils/elles ont envie d’appeler maman pour qu’elle vienne les chercher.
À présents, ils/elles errent en petits groupes — parfois en solitaire et l’âme en peine — à la recherche du bon escalier. L’Enfer porte un nom, et c’est « entresol 4 ». Qui, un jour, a eu cette idée absurde de séparer les escaliers qui mènent aux entresols et ceux qui mènent aux vrais étages ? ET D’ABORD, C’EST QUOI UN ENTRESOL ?
Ils/Elles pensaient être prêts pour la Vie. Or, l’école ne les avait pas préparé•es à ça.
« Je vous dis qu’on n’est pas encore passées par là ! »
Parfois, certain•es d’entre eux/elles se retrouvent au hasard au beau milieu d’un groupe de touristes. Ils/Elles se jurent alors fidélité éternelle mais hélas (!), au premier croisement, le groupe va se diviser entre celles et ceux qui veulent chercher les toilettes et celles et ceux qui pensent que la cafet’ est le meilleur point de rendez-vous.
Ils/Elles continueront à en faire des caisses devant les gardien•nes blasé•es jusqu’à ce qu’un•e prof excédé•e les retrouve. Plus tard, une fois nourri•es et rassuré•es, ils/elles vanteront à leurs petit•es camarades les avantages de la vie d’aventurier•e, tout en appréciant secrètement leur retour à la vie en troupeau.
Du moins, jusqu’au prochain QCM sur leur visite au musée.
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Les Commentaires
Et enfin mais je les met à part, parce qu'en soi on peut pas leur reprocher, les enfants curieux qui posent toutes sortes de questions dès qu'elles leur passent par la tête. C'est sûr c'est chiant, ils mobilisent la guide avec des questions pas toujours hyper intéressantes aux yeux des adultes: "mais alors les hommes de cavernes, comment ils faisaient pour aller aux toilettes? et pour dormir? Moi je sais pourquoi ci et ça!... Mais finalement il vaut mieux des enfants curieux et avides d'apprendre, que des zombis trainés à bouts de bras par leurs parents au musée de la Charentaise.