Avec le professeur Bobby Freckles, vous avez évoqué leurs commentaires sur Internet. Avec Lady Dylan, vous avez révisé vos classiques en matière de trolls de la vraie vie. Avec Alfrédette, vous avez même pioché quelques idées-cadeaux à leur offrir. Mais aujourd’hui, éloignons-nous de la vie quotidienne et concentrons-nous sur les trolls en ligne (cette phrase n’a aucun sens ni pour moi, ni pour un tas d’entre vous qui travaillent sur l’Internet).
Car le troll est une espèce infatigable et particulièrement présente dans les eaux de l’Internet. Il n’a de cesse d’essayer de nous pourrir la journée, parfois avec un résultat concluant (nous avons toutes, n’est-ce pas, nos moments de faiblesse kryptonitique), parfois en se contentant de nous faire rire tant il frôle le grotesque. Les trolls font partie de notre existence. Ils y jouent un rôle plus ou moins important, mais ils sont là, tapis dans l’ombre, à l’affût, prêts à sortir leur réplique cinglante et à t’imaginer moisir dans l’eau stagnante de tes larmes.
Pour leur rendre hommage, rangeons-les par genre. Je suis sûre qu’ils aiment ça.
Le troll inconscient
C’est l’espèce la moins drôle de tous les trolls des Internets et c’est bien pour ça que je décide de le mettre en premier ; c’est simple, on ne peut rien en faire. Le troll inconscient s’engouffre dans toutes les failles pour épancher sa colère sous couvert d’humour, ne réalisant jamais qu’il peut réellement blesser les personnes à qui il s’adresse. Les Inrocks en ont d’ailleurs récemment rencontré un pendant son procès pour trollerie aggravée sur père de petit garçon malade.
Le troll trop frais
Il a l’apanage de sa jeunesse qui en fait un être impétueux, plein de fougue et d’énergie, mais peut éventuellement souffrir d’un net manque de recul sur les choses du monde. Le troll trop frais voudrait être un troll, mais il n’y arrive pas encore pour la simple et bonne raison qu’il n’est pas prêt. Pas prêt à assumer sa trollerie, pas prêt à se dire que celui qui est trollé aura envie de lui répondre pour avoir le dernier mot, pas prêt à comprendre qu’il est éventuellement probable qu’il y ait quelques chances pour que la personne trollée ne soit un meilleur troll que lui, qui débute. Un jour, dans un moment de faiblesse, il se pourrait même qu’il vous sorte un « Ta mère elle… », trouvant l’idée brillante.
Il faut être indulgent avec le troll trop frais : il est finalement tout petit dans un monde si grand.
Parabole du petit troll face à la grandeur du monde de l’Internet.
Le troll donneur de leçons
Il a tout vu, tout compris, tout entendu, il sait tout mieux que toi parce qu’il estime que ta profession ou ton choix d’études montrent un certain manque de maturité. Lui n’hésite pas à rebondir sur ce que tu dis pour contredire tes propos avec un ton condescendant des plus brise-vulve. Si tu es sur Twitter et que le troll donneur de leçon t’a repéré, il choisira de te retweeter avant de te répondre afin que tous ses followers voient comme il est en train de te faire prendre cher.
C’est sale.
Le troll rabat-jouasserie
Le troll rabat-jouasserie n’aime pas les mouvements de foule. S’il a remarqué que de nombreuses personnes faisaient des jeux de mots et des traits d’humour sur le même thème en rapport avec une actualité précise (comme, par exemple, le hashtag #unpapaunemaman le 23 octobre dans l’après-midi), il n’hésitera pas à éditer son statut pour casser l’ambiance façon « Franchement, ce panurgisme me dégoûte. Vous n’avez aucune personnalité et vous me décevez tous beaucoup, j’espère que vous allez mourir rapi » (car le troll rabat-jouasserie ne maîtrise pas toujours la règle des 140 caractères). Un jour, tu l’observeras même atteindre le point humour d’antan, invoquant l’esprit de Pierre Desproges « qui faisait décidément mieux que vous tous réunis, putain ».
Pierre Desproges, générateur de troll totalitaire du lol malgré lui.
En ce sens, le troll rabat-jouasserie est un peu comme le voisin qui a accès à ton compteur EDF et qui te coupe l’alimentation électrique à 22h30 quand tu fais une soirée chez toi.
L’avantage, c’est qu’on peut décider d’
unfollower ou de supprimer le troll rabat-jouasserie de ses amis afin de nier son existence en quelques clics. On peut en revanche difficilement réussir à faire de même au sujet de son voisin, à moins de déménager, moyennant finance.
Le troll fanboy ou fangirl
Le troll fanboy ou fangirl a toujours un oeil sur le moteur de recherche de Twitter qui lui permet de ne rien rater de ce qu’il se dit sur sa célébrité préférée. C’est ainsi que si tu fais l’affront d’utiliser le site de micro-blogging pour dire que vraiment, le dernier Rihanna te sort par tellement par les oreilles que t’en récupères tous les matins sur ton coton-tige, tu risques fort de te faire vilipender par un-e jeune fanboy/girl enragé-e façon « Eh t qui pour parlé de Rihanna elle est beaucoup mieu que toi ah oué ? Hashtag pute ».
Avatar du fanboy de Rihanna (ça marche aussi avec Lady Gaga ou Justin Bieber, bien sûr (mais pas avec la même photo par contre).
Que répondre à ça ? Rien. Un petit retweet sarcastique suffira et le fanboy/la fangirl t’oubliera de toutes façons bien vite, trop affairé-e à défendre la réputation de son idole.
Et toi, quels sont les trolls que tu croises le plus souvent sur les réseaux sociaux ?
Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.
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