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Règlement de comptes

Salma, 1 890 € par mois : « Ma banque m’a complètement retourné le cerveau »

Entre emploi stable et salaire élevé, que choisir ? Comment anticiper une baisse de revenus ? Voici quelques-unes des questions auxquelles nous nous attaquons dans Règlement de comptes !

Parler d’argent, en France, c’est encore tabou. Pourtant, c’est un sujet passionnant… et féministe, par certains aspects ! Dans Règlement de comptes, des personnes en tout genre épluchent leur budget, nous parlent de leur organisation financière en couple ou en solo, et de leur rapport à l’argent. Aujourd’hui, Salma a accepté d’éplucher ses comptes pour nous.

  • Prénom : Salma
  • Âge : 27 ans
  • Métier : dans le secteur de la culture
  • Salaire mensuel net : 1 740 € et environ 150 € de tickets restaurants
  • Lieu de vie : un studio de 24m2 dont elle est locataire à Paris
  • Vit seule

Les revenus de Salma

Salma travaille dans le secteur de la culture, mais ne souhaite pas préciser son métier pour ne pas être reconnaissable. Elle ajoute toutefois que c’est un domaine où les opportunités sont rares.

« J’ai commencé à travailler il y a trois ans, et à l’époque, j’étais freelance. Les débuts ont été compliqués, avec des revenus très instables qui pouvaient passer de 0 € à 3000 € certains mois. J’étais obligée de vivre chez mes parents.

Petit à petit, les choses ont commencé à se stabiliser. J’ai enchaîné les missions régulières, et j’ai commencé à gagner un salaire qui me permettait d’épargner : je touchais rarement en dessous de 2 600 € net par mois. Mais sur la fin, ce que je faisais ne me plaisait plus et la possibilité que mes contrats s’arrêtent du jour au lendemain m’angoissait beaucoup.

J’ai trouvé un CDI dans un milieu qui me plaît plus, et qui me permet d’être beaucoup plus stable. Mais j’ai accepté pour cela un salaire beaucoup plus bas : pour moi, j’ai acheté ma stabilité. »

En CDI, elle gagne 1 740 € net par mois (1 820 € par mois avant prélèvement à la source), auxquels s’ajoutent environ 150 € mensuels de titres restaurant.

« Je ne pense pas être bien payée pour mon poste. Surtout que j’ai investi dans des études à l’étranger, dans une école spécialisée assez prestigieuse pour laquelle je paie encore un crédit étudiant…

Je pense néanmoins que dans le secteur où j’évolue, c’est un salaire moyen. Il y a un vrai problème de valorisation des salaires dans mon métier : j’ai des copines, dans d’autres milieux, qui se battent pour des salaires à 40 000 euros annuels, parce qu’elles trouvent que c’est trop bas. »

RDC_SALMA_SALAIRE

Pour autant, Salma s’estime privilégiée sur certains plans :

« Mes parents font partie de la classe moyenne supérieure, et même si aujourd’hui, ils gagnent moins bien leur vie qu’avant, ils ont pu payer une partie de mes études et je n’ai jamais connu le manque. J’estime donc que j’ai été privilégiée, grâce à l’environnement où j’ai grandi. »

RDC_SALMA_REVENUS

Le rapport à l’argent de Salma et son organisation financière

Salma décrit son rapport à l’argent comme « stressé », et explique que cela lui vient de son père :

« Je suis quelqu’un d’angoissé, et mon père m’a transmis son stress de l’argent. Il a vraiment galéré quand il était plus jeune, et il a toujours eu peur du manque. Même quand il gagnait bien sa vie, il avait très peur de la précarité. Pourtant, on n’a jamais manqué de rien et c’est une personne très généreuse, mais il m’a transmis son stress.

Paradoxalement, je suis aussi dans le déni. Là, mon loyer est trop élevé pour ce que je gagne, mais je fais l’autruche. Je fais attention à ne jamais trop dépenser d’un coup, mais en même temps, les petites sommes s’accumulent et je dépense beaucoup… Et même si je gagne moins d’argent qu’avant, je suis bien plus détendue depuis que j’ai un CDI. »

Elle possède une carte bancaire en débit différé : toutes ses dépenses sont prélevées de son compte en fin de mois, à la même date. Cela lui permet, si besoin, de piocher dans ses économies pour couvrir les extras sans jamais être à découvert.

« C’est un truc de sécurité, pour que si je me fasse voler ma carte, on ne puisse pas vider mon compte. Mais je ne sais pas ce que je dépense en temps réel. »

Les dépenses de Salma

Comme la plupart des Parisiens et Parisiennes, le loyer est le poste de dépense principal de Salma. Pour le studio de 24 m² qu’elle loue depuis quelques mois, elle paie un loyer de 810 € par mois, charges comprises.

« J’ai trouvé cet appartement grâce à un coup de chance. Quand j’étais indépendante, personne ne voulait de mon dossier. J’ai réussi à obtenir ce studio parce que son propriétaire loue un autre de ses biens à des proches à moi qu’il apprécie beaucoup, et il a donc décidé de me le louer malgré mon dossier un peu bancal.

J’aime beaucoup cet appartement et je m’y sens bien, mais il est cher. Avec mon ancien salaire, je pouvais payer le loyer confortablement, mais ce n’est plus le cas. »

Elle paie par ailleurs 72 € de factures chaque mois pour l’eau, l’électricité et le chauffage.

Sa deuxième plus grosse dépense mensuelle est le remboursement de son crédit étudiant, qui lui coûte 433 € par mois, et pour lequel elle est engagée pendant encore trois ans et demi.

Ses courses alimentaires lui coûtent 150 € chaque mois.

« Je fais mes courses en supermarché autour de chez moi. Je ne suis pas végétarienne, mais je n’achète quasiment plus de viande parce que je trouve que le prix est hyper élevé.

Pour mes légumes, je vais au marché une fois par semaine, c’est beaucoup moins cher et meilleur qu’en supermarché. Je pense que je devrais dépenser un peu plus dans mes courses, pour manger un peu moins dehors. Si je faisais des courses plus intelligemment, j’aurais moins de dépense “loisirs” genre barquette de frites au bar. »

RDC_SALMA_DÉPENSES

« Mes frais bancaires sont chers, je crois que j’ai toutes les assurances du monde »

Les frais fixes de Salma comprennent aussi 12 € d’assurance habitation, 23 € de mutuelle, et 70 € d’abonnement aux transports en commun. Elle paie l’équivalent de 8,3 € de frais bancaires par mois (100 € lissés à l’année), une somme qu’elle trouve trop élevée :

« Cette somme m’est prélevée une fois par an, et je la trouve très élevée. Récemment, j’ai pris rendez-vous avec ma banque pour changer ça, et ils m’ont complètement retourné le cerveau : ils m’ont expliqué tous les avantages de la carte, en m’expliquant que si je tombais malade, que je me cassais une jambe et que je ratais un train, j’aurais toutes les assurances du monde. Je ne suis pas très douée en négociations et je me suis laissé amadouer.

En même temps, j’ai une copine qui a la même carte et qui a réussi à se faire rembourser un voyage complet, parce que son copain était tombé malade la veille du départ. Peut-être que je rentabiliserai ces frais…

Son abonnement téléphonique est payé par ses parents, et lui sert pour avoir internet chez elle, en partage de connexion.

Les loisirs de Salma

Chaque mois, Salma compte 400 € de budget loisirs. Un budget qu’elle trouve élevé, mais auquel elle tient :

« Je suis quelqu’un de très sociable, et c’est important pour moi de sortir, de faire des choses, de voir du monde… J’ai du mal à rester enfermée toute une journée.

Je vais régulièrement au cinéma, plus rarement voir des spectacles ou au théatre. J’ai aussi un budget de 20 € par mois pour faire des séances de sport une semaine sur deux avec des copines. Mais le plus gros de ce budget, j’en ai un peu honte, mais c’est les bières en terrasse.

Plutôt que de me priver de sortir, j’essaie de faire attention aux endroits où je sors : je choisis des bars pas chers, des restaurants pas chers… Si je dois aller manger dehors, je ne mettrai pas 40 € dans un restau par exemple, mais ça ne m’empêche pas d’aller boire des pintes tous les soirs parce qu’elles ne coûtent que 3,50 €. Sauf que mises bout à bout, les dépenses s’accumulent ! »

Elle aime aussi marcher, se balader gratuitement dans Paris ou à portée de transports en commun. Quand son budget lui permet, elle part aussi en week-end dans d’autres villes avec des amis. Mais en groupe, la question de l’argent n’est pas toujours simple à gérer :

« Je suis entourée de gens qui gagnent beaucoup plus d’argent que moi, et parfois, je ne peux pas suivre. Pour les vacances par exemple, je suis du genre à éviter de dépenser dans le logement et ça a occasionnellement créé des situations où je me sentais trop mal et où je soulais tout le monde. J’étais face à des gens qui gagnent bien plus que moi et qui me disaient “On veut profiter, c’est notre seule semaine de vacances, donc on va dépenser beaucoup dans une grosse villa » par exemple…

Je les adore, mais je les ai rencontrés dans un autre contexte, notre rapport à l’argent n’est pas le même. »

L’épargne et les projets d’avenir de Salma

Après avoir fait ses comptes, il manque environ 80 € chaque mois à Salma pour subvenir à ses dépenses. Une somme qu’elle pioche dans ses économies, constituées à l’époque où elle gagnait plus :

« Quand j’étais indépendante, j’épargnais beaucoup sur un livre A et un livret développement durable. À 18 ans, mon banquier m’a aussi fait ouvrir un PEA liquidité sur lequel 500 € ont été placés, mais qui n’ont pas vraiment d’utilité, ce compte n’ayant pas de taux d’intérêt. Apparemment, ça m’aidera si un jour, je veux monter ma boîte, mais je ne suis pas sûre que ça me serve…

En ce moment, mes économies me servent surtout à absorber ma baisse de revenus, mais j’espère pouvoir mieux gérer dans les mois à venir. Me faire des tupperwares à midi pour économiser et éviter de manger dehors, par exemple ! »

À l’avenir, elle aimerait prendre quelques mois de césure pour voyager.

Merci à Salma d’avoir répondu à nos questions !

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Les Commentaires

69
Avatar de Absol-626
14 mars 2023 à 17h03
Absol-626
(il y a des jobs où tu ne coupes pas aux déjeuners d'équipe / client quasi tous les midis)
Mais dans ces cas là, t'es pas censé payer toi même, il me semble, c'est pris en charge par l'entreprise.
Enfin personnellement faudrait pas compter sur moi pour débourser de ma poche des resto tous les midis parce que "c'est comme ça, pour le boulot, il faut."
Si il faut, c'est l'entreprise qui paye, point.
ça ne serait donc pas compté dans les "sorties" puisque c'est du temps de travail, du coup.
EDIT : J'avais pas vu qu'il y avait tellement de pages et de commentaires.
ça avait possiblement déjà été dit, en fait.
Désolée si ma réponse fait doublon.
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