11,9 millions de vues. C’est le nombre de personnes qui ont visionné les images de la brutale agression de Michel Zecler par trois policiers. La scène, diffusée jeudi 26 novembre par le Loopsider, est glaçante.
Alors qu’il rentre dans son studio de musique dans le 17e arrondissement de Paris, trois policiers font interruption à l’intérieur sans autorisation légale.
Il s’ensuit treize minutes de coups et de propos racistes de la part des forces de l’ordre, alors que la victime n’a aucun moment fait preuve de violences à leur encontre.
Ça s'est passé samedi à Paris. 15 minutes de coups et d'insultes racistes.
La folle scène de violences policières que nous révélons est tout simplement inouie et édifiante.
Il faut la regarder jusqu'au bout pour mesurer toute l'ampleur du problème. pic.twitter.com/vV00dOtmsg
— Loopsider (@Loopsidernews) November 26, 2020
Dans un deuxième temps, des jeunes qui se trouvaient dans le sous-sol du studio rejoignent l’entrée. Après avoir appelé des renforts, les policiers tentent de forcer la porte et jettent à l’intérieur du studio une grenade lacrymogène.
Ce mardi 24 novembre, le parquet de Paris a ouvert une enquête pour « violences par personne dépositaire de l’autorité publique » et « faux en écriture publique » : les policiers, dans leur compte rendu d’interpellation, ont déclaré que Michel Zecler les a frappés avant d’essayer de prendre leur arme de service.
Un déchaînement de violence de la part des forces de l’ordre, quelques jours après une autre scène, place de la République à Paris. Lundi 23 novembre, les images de l’évacuation brutale des migrants choquent. Au cours de cette soirée, une autre vidéo diffusée sur Twitter montre un policier frapper le journaliste de Brut Rémy Buisine.
IL Y EN RAS-LE BOL ! Bavure de trop. @RemyBuisine qui venait de se faire contrôler, est coincé dans un coin, tapé et menacé par ce même groupe de policier ! #libertedelapresse #ViolencesPolicieres pic.twitter.com/VLMYASfoWj
— Nicolas Mayart (@Nicomay) November 23, 2020
Face au choc des images, les réactions se multiplient
Suite à la diffusion de ces images, les réactions sur les réseaux sociaux ont déferlé. En commençant par les sportifs, tels que Samuel Umtiti ou bien encore Jules Kounde, joueur du FC Séville, affirmant :
« Contre cette frange de policiers qui outrepasse grandement ses droits en tabassant, en tuant même parfois, nos caméras sont nos meilleures armes ! »
Antoine Griezmann, footballeur de l’équipe de France, a pour sa part tweeté :
J'ai mal à ma France ! @GDarmanin https://t.co/78HRfoyqhA
— Antoine Griezmann (@AntoGriezmann) November 26, 2020
Beaucoup plus prudent, Kylian Mbappé a posté un message qualifiant la vidéo « d’insoutenable ».
— Kylian Mbappé (@KMbappe) November 26, 2020
Mauvais timing pour le joueur Paul Pogba. Alors qu’il souhaite « un heureux Thanksgiving à tous ceux qui célèbrent », le joueur de Manchester United est interpellé par les internautes sur le sujet.
Gros t'as vu ce qu'il se passe, ce dont tout le monde parle.
T'as l'audience pour parler de ca mais tu parles d'une fête qui célèbre le massacre des natifs américains.
— ???? (@LoicReviews) November 26, 2020
Les politiques ont également apporté leur soutien au producteur.
Élus de gauche et écologistes ont condamné l’agression. Selon eux, cet événement démontre l’importance du retrait de l’Art24 de la loi sur « la sécurité globale ».
Preuve terrible du caractère vital du droit à filmer l'action policière.
Sur ces images, ce n'est pas une police républicaine mais une milice barbare hors de contrôle.
Le préfet Lallement doit partir.
La police doit être reprise en main. #Michel #ViolencesPolicieres https://t.co/3bVgWtMdoH
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) November 26, 2020
Des violences et un racisme insupportables et inacceptables dans la police de la République. La loi #SecuriteGlobale veut dissimuler cette réalité alors que nous devons urgemment nous y attaquer ! Commençons par rendre l’IGPN indépendante. #StopLoiSecuriteGlobale https://t.co/fBxQfTfXIz
— Yannick Jadot (@yjadot) November 26, 2020
Autre réaction très attendue, celle du ministère de l’Intérieur Gérald Darmanin.
Sur le plateau du JT de 20 heures de France 2 , jeudi 27 novembre, il a affirmé :
«Je voudrais dire aux policiers et gendarmes que je les soutiens. La contrepartie de ce soutien, c’est le respect absolu de la loi et de la déontologie, c’est l’exemplarité. »
Je voudrais dire aux policiers et gendarmes que je les soutiens.
La contrepartie de ce soutien, c’est le respect absolu de la loi et de la déontologie, c’est l’exemplarité. L’immense majorité d’entre eux font un travail remarquable, dans des conditions difficiles. pic.twitter.com/dwia3thxnP— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) November 26, 2020
Demande du retrait du controversé article 24 de la loi sur la « sécurité globale », brutale évacuation des migrants place de la République, images du passage à tabac du producteur Michel Zecler par trois policiers… Face à ces événements, le silence de l’Elysée est assourdissant.
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