La mode a beau être une industrie multimilliardaire, tentaculaire, écocidaire et controversée, elle aime nous faire rêver, souvent avec poésie, pour tenter de nous le faire oublier. Certain·e·s designers s’y démarquent même comme des artistes, à l’instar de Thom Browne.
En plus d’officier comme président du CFDA (Council of Fashion Designers of America) depuis 2022, il fait partie des rares à avoir déjà été invités à participer au calendrier officiel de la haute couture parisienne, preuve de son savoir-faire exceptionnel qu’il sait déployer jusque dans son prêt-à-porter. En atteste son dernier défilé pour l’automne-hiver 2024-2025, présenté dans le cadre de la New York Fashion Week, le 14 février 2024.
Le défilé Thom Browne automne-hiver 2024-2025, inspiré d’Edgar Allan Poe
Né en 1965, le styliste états-unien a créé sa marque éponyme en 2004 pour du prêt-à-porter masculin, et l’étend avec rigueur et extravagance aux femmes depuis belle lurette également. Pour la saison prochaine, Thom Browne s’est inspiré du poème narratif « The Raven » d’Edgar Allan Poe, que notre cher Baudelaire a traduit en français sous le titre de « Corbeau ».
Ainsi, pendant que la comédienne Carrie Coon (Tony Awards en 2012 pour son interprétation dans Qui a peur de Virginia Woolf ?) déclamait ce texte, les silhouettes au tailoring aiguisé défilaient autour d’une immense robe noire gonflée à bloc au centre de la scène carrée enneigée. Certains looks semblaient griffés par des corbeaux, quand ils ne se composaient pas déjà de pied de poule ou de pied de coq, ou d’imprimés d’oiseaux, prouvant son sens du storytelling (un tantinet premier degré).
Quand le drama est au service de la couture, plutôt que pour masquer le manque de savoir-faire, c’est là qu’on sait qu’on est fasse à une véritable expertise plutôt qu’un ballon de baudruche marketing, comme on en voit trop souvent durant les fashion weeks…
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