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Santé

Pourquoi les femmes sont plus susceptibles d’être consommatrices d’homéopathie

Les femmes sont majoritaires parmi les adeptes de l’homéopathie. Et ce n’est pas tout à fait un hasard…

Un article d’Anaïs GOZZI

Alors qu’en France, l’homéopathie ne sera plus du tout remboursée à partir du 1er janvier 2021, les petites granules restent plébiscitées par une partie des Français, et plus encore des Françaises.

Selon l’avis sur l’homéopathie de la Haute Autorité de Santé, les femmes sont en effet majoritaires parmi les patients ayant demandé des remboursements.

Mais d’où vient cet engouement majoritairement féminin pour cette pratique de médecine alternative ? On essaie de vous apporter quelques éléments de réponse !

Homéopathie et « problèmes de filles », une vision entretenue par la presse féminine

Il suffit d’une recherche rapide pour découvrir que l’homéopathie serait la réponse à tous les troubles et maux spécifiquement féminins.

Des règles douloureuses ? Il y a des granules pour ça. Inconforts liés à la grossesse ? Il y a des granules pour ça aussi. « Puberté tardive », cystite, ménopause… l’homéopathie semble avoir toutes les solutions à nos « problèmes de filles ».

Présentée comme une médecine douce et « naturelle », elle est très largement relayée par la presse féminine traditionnelle qui vante régulièrement ses propriétés « bien-être », entre quelques conseils décos pour un intérieur qui fait circuler les énergies et une recette de pistou minceur.

Une méfiance grandissante envers la médecine conventionnelle

Cependant, on ne peut pas réduire l’attractivité de l’homéopathie à une simple envie de renouer avec plus de naturel.

Dans sa thèse de doctorat en anthropologie à l’EHESS, la Dr. Laurel McEwen étudie les relations entre la médecine conventionnelle et la médecine complémentaire en France. Si ses études n’ont pas directement montré une surutilisation de l’homéopathie et de la médecine alternative par les femmes, cela apparaît néanmoins, nous dit-elle, en sous-texte dans ses données.

Elle nous explique notamment que « les douleurs des femmes peuvent être considérées comme émotionnelles et perçues comme de la somatisation de la part de la médecine conventionnelle. »

Elle souligne également les nombreux problèmes liés au système de santé en France : manque de moyens, déserts médicaux, hôpitaux surchargés, etc, qui ont possiblement conduit à une banalisation des maux féminins du quotidien, alors que la médecine alternative aurait le loisir de prendre son temps.

De plus, le système classique reste axé sur la maladie et le curatif, alors que les médecines alternatives peuvent également cibler le bien-être et la prévention.

Récemment, la libération de la parole sur les violences obstétricales ou encore le #BalanceTonMédecin corroborent cette idée que certaines femmes ont perdu confiance dans le système classique, ou, en tout cas, qu’elles l’abordent avec plus de méfiance.

Une méfiance vis-à-vis des médicaments

C’est ce que constate également Annaëlle Gasnier, sage-femme à la maternité de Saint-Nazaire et à la maternité de Melun, qui a écrit son mémoire de fin d’études en 2017 sur l’utilisation de l’homéopathie dans le service mère-enfant de l’hôpital de Nantes.

Elle note que la plupart du temps, ce sont les femmes qui demandent spécifiquement des médicaments homéopathiques, souvent en complément de traitements plus conventionnels.

« Les femmes ne sont pas toujours écoutées dans leur maux, ceci est vrai, je pense qu’elles essaient alors de se tourner vers des médecines alternatives avec cette impression d’écoute plus ouverte sûrement. »

Elle nous confie également :

« Les gens sont parfois moins bienveillants vis à vis des soignants et remettent en question régulièrement notre savoir faire. Si avant, il me semble, ce n’était que chose rare, cela devient parfois une bataille du quotidien. Il y a une méfiance vis à vis des médicaments, même ceux autorisés pendant la grossesse, et surtout un grand souhait de n’en prendre aucun. »

L’homéopathie, les femmes et le patriarcat

Et en filigrane, derrière toutes ces pistes d’explication de l’intérêt des femmes pour l’homéopathie, on retrouve l’ennemi de toujours : cet enfoiré de patriarcat.

La charge mentale et les injonctions sexistes sont aussi des éléments de réponse intéressants qui nous questionnent sur nos propres habitudes de consommation et notre rapport aux soins.

Dans les faits, les femmes sont toujours celles qui ont le plus à gérer les enfants, dans un univers de petits bobos où l’Arnica règne en maître incontesté.

S’ajoutent à cela les éternels diktats portés sur le corps et la santé des femmes : être belle et mince, mais aussi épanouie, reposée, zen, etc. Des injonctions d’ailleurs elles aussi largement relayées dans la presse féminine.

Ainsi, si l’homéopathie n’a pas fait ses preuves d’un point de vue scientifique en l’état actuel des connaissances, on comprend qu’elle puisse demeurer populaire auprès de nombreuses femmes. Il semble alors pertinent, voire important, de s’interroger sur ces pratiques, et leurs racines, sans porter de jugement de valeur.


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