Initialement publié le 9 octobre 2015
Le 8 octobre, c’était la World Octopus Day. Et c’est très bien. S’il y a des journées mondiales du lapin, c’est bien normal qu’il y ait aussi des journées mondiales du poulpe, non ? D’accord, le poulpe est un animal un peu moins fluffy et mignon, et il a la fâcheuse tendance de laisser traîner ses tentacules pleines de ventouses peu inspirantes.
Greuh.
Le poulpe, présentation
Mais celui qu’on appelle le poulpe, ou pieuvre commune, n’est pas que gluant. Le mollusque, de la classe des céphalopodes (littéralement « tête » et « pieds »), est un guerrier, du genre qui barbote dans les océans depuis plus de 300 millions d’années. Eh ouais : on a retrouvé des fossiles de pieuvre datant de l’ère primaire, tandis qu’aucun vertébré n’avait encore roulé des mécaniques sur notre belle planète. Bien avant les dinosaures.
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C’est que c’est tenace, comme bestiole. Et diablement intelligent. Autant de choses qui s’ajoutent à son aura mystérieuse, et qui font que, même si aucun poulpe n’a jamais attaqué le moindre être humain (ou alors c’est que vous avez une tête de crabe), derrière chaque tentacule plane l’ombre du kraken…
https://youtu.be/CVBcP4RTbZE
Le KRAKEN je vous dis.
Le poulpe, génie (et kraken) incompris
Il y a tellement de choses à dire sur le poulpe que nous ne ferons pas le tour, je vous préviens tout de suite. Alors calmez-vous bien. Sans compter qu’il n’y a pas qu’une seule de ces bébêtes, et je me focalise de ce fait sur une seule espèce, la plus répandue : l’octopus vulgaris ou poulpe commun. Ne vous inquiétez pas, il a lui-même plus d’un tour sous ses tentacules !
Avant de voir lesquels, commençons pour éclaircir un point qui, je le sais, vous embrouille tout autant que moi avant que je n’écume le Web et les encyclopédies à la recherche d’une réponse simple et concise. Quelle est la foutue différence entre poulpe, pieuvre, seiche et calmar ? (Et est-ce qu’on écrit « calmar » ou « calamar », je ne sais pas, je ne sais plus, laissez-moi, je…) Eh bien sachez qu’entre « poulpe » et « pieuvre »… Il n’y a pas de différence ! Du moins sur le plan scientifique (et sur le plan « je préfère dire poulpe »).
Dans le langage courant, on va plutôt dire « pieuvre » pour parler de l’animal, et « poulpe » pour dire qu’on se le boulotte en tapas.
Je… Paul ?
En revanche, la seiche et le calmar sont des espèces distinctes, qui font partie d’un sous-ordre des céphalopodes, les Debabrachia. Ça ne vous dit pas grand chose, certes, mais sachez qu’ils ont dix bras, quand les poulpes n’en ont que huit. Bim. Quant à la différence entre la seiche et le calmar : la première a, entre autres, un os que le second n’a pas. Voilà pour ça. Passons à présent à « pourquoi le poulpe est une créature fantastique ».
- Le poulpe se déplace par propulsion
Tout à fait, le poulpe se déplace par propulsion à réaction, en avant ou en arrière, sans galère. Il est un peu pionnier en son domaine, et ce mode de déplacement fait probablement partie des facteurs qui ont permis l’évolution de son espèce (et le fait qu’elle existe encore). Pensez ! Un petit prout bien placé, et il peut piquer un sprint en cas d’attaque de prédateur, ou pour fondre sur une proie.
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Bon, en vrai c’est un peu plus compliqué qu’un prout. Pour se déplacer rapidement, le poulpe se sert d’une cavité (dite palléale) dans laquelle il stocke de l’eau ; lorsqu’il passe au DEFCON 1, il contracte ses muscles de manière à expulser cette eau par un tuyau émergeant, courant qui le propulse dans la direction souhaitée. Et vous, quand vous pétez, vous avancez plus vite ? Je ne crois pas, non.
- Le poulpe pète de l’encre quand il est contrarié
Puisqu’on est dans les propulsions, peut-être saviez-vous déjà que le poulpe ne pète pas que de l’eau ? Il peut également secréter une sorte de pigment noir mêlé de mucus, qu’on appelle communément « encre » pour ne gâcher l’appétit de personne. Lorsqu’il se sent en stress, ou qu’il estime qu’on envahit son espace vital, le poulpe, animal solitaire et méfiant s’il en est, envoie des jets d’encre. Il forme ainsi un nuage noir brouillant les pistes, et lui permet de se propulser hors de là à toute allure.
Accessoirement, il stocke son encre dans une petite poche située juste à côté de l’anus. Une erreur d’inattention de sa part, et vous êtes littéralement dans la m…
- Le poulpe quand il copule, il ne le fait pas à moitié
Quoi, comment ça j’ai les idées fixes ? Je m’en fiche, je n’ai plus rien à dire au niveau stade anal. Passons donc au sexe.
Le poulpe, comme on vient brièvement de le voir, aime sa solitude. Il vit seul, pépère, sur son petit territoire sous-marin, et malheur à qui oserait envahir son espace vital ! Le poulpe est du genre vieux misanthrope aigri à tout âge. D’ailleurs il n’a pas d’amis. En revanche, il reste purement pratique et, de temps à autres, consent à s’organiser une petite séance d’échange de fluides avec un partenaire approprié, au nom de la reproduction de l’espèce.
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La mécanique est très bien rodée, et tout se fait dans une organisation et un respect parfaits — il vaut mieux, parce que ça peut durer trois plombes (de type plusieurs heures). En gros, le mâle doit insérer son gros bras dit « hectocotyle », avec tous les spermatozoïdes qu’il contient pour l’occasion, dans la cavité palléale de la femelle. Et on recommence. Vous comprendrez que ça prend du temps. En général le poulpe préfère enchaîner les copulations pour rentabiliser son temps.
« Bon, time to niquer. »
- Le poulpe tout ce qu’il faut pour être un génie du mal
Avec tout ça, vous l’aurez compris : le poulpe est un malin. En fait, l’animal prouve généralement être d’une intelligence presque déconcertante pour les scientifiques, puisqu’il est capable de réflexion, d’apprendre des obstacles auquel il est confronté, et même de trouver une solution appropriée.
Alors je suis désolée, mais si on rajoute à son intelligence diabolique (et probablement encore sous-estimée) sa capacité à déchiqueter du crabe avec le bec qu’il planque sous ses huit tentacules, je pense que le jour où il daignera avoir des ambitions, le poulpe nous dominera tous•tes.
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Tremblez.
Le poulpe dans l’imaginaire, petit monstre grandi par nos terreurs nocturnes
Inutile de chercher bien longtemps les origines des mythes à bases de monstres marins à tentacules comme, bien sûr, le fameux kraken — dont le nom provient des épopées scandinaves, mais qui a de nombreux homonymes dans des cultures du monde entier. Non seulement on ne sait toujours pas ce qui se cache dans les eaux sombres qui recouvrent une vaste partie de la planète… mais en plus, quand on en a un aperçu, c’est des trucs louches et visqueux qui nous regardent en biais par-dessus leurs tentacules.
Qui êtes-vous, dans quel sens ?!
Il faut croire que nous avons été nombreux•ses à trouver un petit côté créature fantastique sortie des limbes à la pieuvre. Quand on a vu, ou cru voir, que la bête pouvait atteindre des tailles susceptibles d’inquiéter plus qu’un seul petit crabe, ça n’a pas raté : le poulpe a eu droit à ses légendes urbaines et autres croyances populaires, qui avaient tendance à le surestimer. Dans la Grèce Antique par exemple, il ne portait pas vraiment chance, et on se méfiait à l’excès de son intelligence, au point de protéger ses victuailles d’une éventuelle attaque en fourbe.
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Ceci dit, quelque part, on n’a pas arrêté ! Souvenez-vous de Paul le poulpe, qui titille ma dyslexie latente au point de m’obliger à copier/coller son nom pour ne pas écrire « Poul le paulpe » (mais c’est drôle). Au départ, c’était un pauvre poulpe qui avait fini dans un aquarium allemand et qui, pour une raison qui m’échappe, a été choisi pour « prédire » les résultats de matchs de football. Il a suffit qu’il s’arrête du bon côté plusieurs fois de suite pour qu’il devienne la sensation du moment, et bim : le poulpe à la sagesse légendaire était (re)né.
Malaise.
(Poul le paulpe a trouvé la mort le 25 octobre 2010. Qu’il repose en paix. Poul, t’es pour toujours dans mon coeur.)
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Et puis le kraken a toujours la cote. Du 20 000 lieues sous les mers de Jules Verne au monstre à la mauvaise haleine de Pirate des Caraïbes, il est un peu le spécialiste ès cauchemars de la culture populaire… Et les quelques images de calmars géants qui se multiplient ne sont pas pour calmer le jeu. Ah, oui, parce que c’est un calmar géant, l’Architeutis qui peut atteindre les 20 mètres de long, pas un poulpe. Désolée pour vos takoyakis vengeurs !
Remarquez, certaines espèces de pieuvres peuvent aussi atteindre des tailles imposantes… Mais, si ça peut vous rassurer, d’ici qu’elles s’intéressent assez à notre existence pour réveiller Cthulu des Profondeurs, l’humanité aura déjà péri d’autre chose.
Allez, concluons sur une petite note de nostalgie instructive :
Alors, vous aimez les poulpes maintenant, ou bien ?
Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
Les Commentaires
Avec sa jolie petite corne sur la tête, elle me fait penser à une pieuvre du genre Hapalochlaena (les jolies petites pieuvres à anneaux bleus mortelles si on les touche) mais qui serait la pieuvre la plus zen du monde, vu les anneaux bleus apparaissent en cas de menace pour dire "attention je suis encore plus dangereuse qu'un gratin de chou-fleur"
Mais de là à en être sûre, faudrait demander à un poulpologue (pas sûre que ça s'appelle comme ça, par contre :cretin