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Mon père, cet égoïste menteur — Fête des pères 2016

On continue les témoignages spécial fête des pères avec Bambi qui nous parle de sa délicate relation avec son père, menteur et égoïste.

« Papa »… ce n’est pas un terme que j’emploie souvent. En fait, c’est un mot que je n’utilise pas. Mon ex me l’avait dit au bout d’un certain temps :

« En six mois, c’est la première fois que je t’entends le dire. »

Ma relation avec mon père n’est pas évidente, et en même temps elle est très simple. Il faut dire que j’ai quelques casseroles familiales, dont il fait partie bien sûr.

Le divorce de mes parents, et l’après

J’ai assez peu de souvenirs avec mon père de quand j’étais petite. Tout se passait bien. Lors du divorce de mes parents, la garde est revenue à ma mère, ce qui a fait que je le voyais beaucoup moins.

Chez ma mère, il y avait un cadre établi. C’est normal — et encore heureux d’ailleurs — mais à l’âge de sept ans, ça vous paraît bien ennuyeux quand, à côté, il y a les week-ends chez papa où vous pouvez regarder la télé toute la journée (vraiment toute la journée, je connais les programmes de l’époque par cœur) et manger ce que vous voulez aux repas (adieu les légumes, salut les pâtes au ketchup).

À cette époque j’adorais mon père, c’était mon petit papa.

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Puis tout a fichu le camp lorsqu’il s’est mis en couple avec sa compagne, et que nous sommes allés habiter chez elle (à temps partiel donc). Il a changé, il était (et est toujours) soumis à sa compagne au caractère exécrable.

Il a bringuebalé mon frère et moi ici et là, sans nous demander notre avis. Les week-ends et les Noël surprises dans la famille de sa compagne, qui ne nous aimait pas et que nous n’aimions pas, restent d’horribles souvenirs.

La seule chose qui était bien, c’était que chez elle nous avions tous les deux notre ordinateur, et nous passions toutes nos journées dessus, chacun dans son coin et sans limite de temps (je vous raconte pas le nombre d’heures passées sur MSN). Nous nous retrouvions pour les repas et le film du soir.

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C’est à cette époque que la préférence de mon père pour moi s’est précisée. Je ne prends pas plaisir à le dire, mais c’est le cas, parce que je sors moins du rang que mon frère, que je donne moins de fil à retordre, que j’élève moins la voix. Je passerai sur l’effet que ça a eu sur ma relation avec mon frère, déjà chaotique.

À lire aussi : Génération Mad n°17 – Tes frères, tes soeurs & toi

Une relation père/fille plus obligatoire que voulue

Un jour nous nous sommes fait mettre dehors avec mon frère, littéralement, sur un accès de colère de sa compagne.

Il n’a pas pris notre défense : il nous a dit qu’à cause de nous, lui aussi allait devoir partir, qu’il n’aurait nulle part où aller, qu’il était à la rue (bonjour la culpabilisation)…

Alors on a décidé d’aller voir l’avocate pour enfants, et finalement c’est le jugement de divorce qui a été appliqué. Nous étions encore mineurs, donc forcés d’aller chez eux. Au début c’était dans la ville où habitait notre mère, ça passait encore. Puis ils ont décidé de déménager dans un trou perdu (pas la Creuse mais presque), à trois heures de TER de chez elle.

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Pendant quatre ans, deux ou trois week-ends par mois, je me levais donc à 7h le samedi pour me farcir six heures de train aller-retour — quand dame SNCF était clémente — pour passer la journée devant mon ordi. J’aurais tout aussi bien pu rester chez ma mère !

D’ailleurs, si vous regardez bien dans les gares, vous les verrez sûrement les vendredi et dimanche soirs, les enfants de divorcés qui vont ou reviennent de chez l’un de leurs parents. Mais je pouvais me faire payer deux ou trois fringues, alors j’y trouvais mon compte d’une certaine manière. Mon frère, de deux ans mon aîné, a arrêté de s’y rendre dès sa majorité, me laissant seule dans ce bordel (cimer bro’).

Lorsque j’ai atteint ma majorité, j’ai moi aussi cessé d’y aller, faute de temps et d’argent.

Un père qui n’apporte aucun soutien à ses enfants

Ma seconde année d’études a été particulièrement difficile, et lorsque j’ai naïvement demandé à mon père de venir me voir, histoire d’avoir un peu de soutien moral, il m’a sorti un savant et précis calcul prouvant que ça lui coûterait trop cher (soixante-dix euros). Ah, ok.

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Il m’a toujours dit qu’il était en galère d’argent, mais chaque fois que je venais chez lui il y avait quelque chose de nouveau : un iPad, un appareil photo, des voyages prévus pour lui et sa compagne…

Notre bien-être ne semblait pas être une priorité pour lui. Il a tenté d’attaquer ma mère en justice en prétextant que nous n’étions pas bien chez elle. Et ce n’était pas par inquiétude pour nous, mais bien parce qu’il voulait l’atteindre, elle. Finalement, il a lâché l’affaire.

Depuis des années, il refuse de reconnaître que mon frère est malade et dépressif, en grande partie par sa faute. Il nous a fait mille coups à l’envers, prétextant ceci ou cela, nous cachant des choses. Quand il dit quelque chose, je ne le crois jamais. Je suis toujours obligée de vérifier au moins deux fois, et encore.

On ne peut pas compter sur lui. C’est quelqu’un qui ne s’engage pas. Et quand il me rend un service, vous pouvez être sûr•e qu’il me le fera payer, même des années après, en ressortant des cadavres du placard qui n’ont parfois rien à voir avec la situation, juste pour me rappeler que je lui suis redevable.

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Il ne m’a jamais soutenue dans les moments difficiles comme ma mère l’a fait. Il n’a jamais calculé mes copains (j’ai pourtant eu deux relations longues), même mon grand-père s’intéressait plus à eux. Je suis sa seule « amie » — à sens unique puisqu’il n’y a que lui qui en retire quelque chose. Des amis, il n’en a plus, il a été trop peu fiable pour qu’ils restent.

Et ce ne sont que quelques-unes des problématiques que nous avons rencontrées, lui et moi. Nous nous sommes éloignés (sans blague), car il fallait que je me protège et prenne mes distances. Nous avons fini par ne plus nous voir qu’une ou deux fois par an, puis plus du tout, mais nous communiquions par téléphone ou par mails.

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Je l’ai revu en décembre après trois ans sans se croiser, et je n’entends pas renouveler l’expérience avant un long moment. Nos rencontres se passent bien mais ne m’apportent rien d’autre que de l’embarras et des ennuis, donc autant s’en passer.

En conclusion…

Malgré tout, mon père m’a transmis quelques bonnes choses : des centres d’intérêts que nous partageons comme la musique irlandaise, la photographie, une bonne culture cinématographique… mais ça ne suffit pas à construire une relation.

Aujourd’hui, je ne lui en veux presque plus, rapport que j’ai autre chose à faire de mon énergie, mais tout cela a des conséquences qui ne sont pas anodines sur ma perception des relations.

Mon père est un égoïste et un menteur, un manipulateur et un lâche. Ce n’est pas un monstre, il y en a des bien pires, mais ce n’est pas quelqu’un de très bien. Il n’est certainement pas vraiment heureux, mais ce n’est pas mon problème.

Alors je prends de lui ce qu’il y a à prendre — ma pension alimentaire et mes cadeaux d’anniversaire et de Noël — et je réponds aux quelques textos, principalement plaintifs et culpabilisants, qu’il m’envoie. Il n’a pas véritablement de place dans ma vie, juste une petite pas très importante, parce qu’il représente un véritable frein à mon épanouissement.

Allez, bonne fête papa !

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Les Commentaires

5
Avatar de Belcandiel
16 juin 2016 à 17h06
Belcandiel
Ah je vous comprend tellement, je vous fais des poutou !!
0
Voir les 5 commentaires

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