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L’ONISEP vivement critiqué pour des fiches d’orientations lourdes en clichés

L’ONISEP a publié une plateforme d’orientation à destination des lycéens et lycéennes qui a provoqué un tollé, au point qu’il a été accusé de léser les élèves. Pourquoi, et comment s’orienter ? Mathilde revient sur le sujet.

La Fédération des Associations Générales Étudiantes (FAGE), première organisation étudiante de France, a sorti mardi 16 janvier 2018 un communiqué salé en réaction à la nouvelle plateforme de l’ONISEP, Terminales 2017-2018.

Elle y accuse la structure de « perpétuer des clichés dégradants envers les professions ». Voici le pourquoi du comment.

Pour info : en toute transparence, je veux que tu saches avant de lire ces différents avis que je suis étudiante et que je fais partie de l’équipe nationale de la FAGE dont je parle ici. Cependant, je fais attention à me cantonner à une explication des faits et des positions, et je choisis d’être la plus objective possible pour que tu puisses te faire ton propre avis !

Une plateforme pour « bien s’orienter après le bac »

Si tu t’es plus ou moins approchée du système scolaire, tu as probablement déjà entendu parler de l’Office National d’Information sur les Enseignements et les Professions (ONISEP).

Cette structure est un opérateur de l’État, qui relève des ministères de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation.

Cela signifie qu’il s’agit d’un organisme distinct de l’État, mais qu’une mission de service public de l’État lui a été confiée. En tant qu’opérateur de l’État, l’ONISEP est placé sous son contrôle direct.

Il est également financé en majorité par l’État, et se doit de contribuer à la performance des programmes auxquels il participe, comme l’explique le site du gouvernement.

Parmi les missions de l’ONISEP, on peut compter l’information sur les formations, métiers et secteurs professionnels, l’accompagnement des jeunes et des familles dans leurs choix de parcours de formation, et le lien avec les équipes éducatives.

Il a aussi vocation à accompagner les politiques ministérielles en faveur des jeunes décrocheurs, de la scolarité des élèves en situation de handicap, de l’égalité filles/garçons, ou encore de la mobilité des jeunes en Europe.

De fait, l’ONISEP « produit et diffuse toute l’information sur les formations et les métiers ».

Mais si, rappelle-toi, les brochures qui t’étaient distribuées en troisième ou en terminale : il est fort probable que c’étaient celles de l’ONISEP.

Que tu as certainement lues avec une attention démesurée.

En janvier 2018, la nouveauté de l’ONISEP est le site Terminales 2017-2018, sorti le 15 janvier 2018 en même temps que ParcourSup, la plateforme qui remplace Admission Post-Bac.

Tu peux y trouver des conseils pour ton orientation si tu es en terminale durant l’année scolaire 2017-2018 (d’où le titre, rondement choisi).

Comme il est d’usage avec l’ONISEP, le site présente des fiches-études, des fiches-métiers, triées selon tes passions, tes qualités.

Par exemple, aimer réparer des objets pour être accessoiriste, ou bien organiser des fêtes pour être avocate ou avocat, ou encore réparer la machine à laver pour être infirmier·e… Wait, WHAT ?

 

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Véridique.

Oui, tu l’auras deviné, c’est là que le bât blesse.

« L’ONISEP se fout de la gueule des lycéens ! »

La première organisation étudiante de France avait négocié et soutenu les réformes liées au Plan Étudiants du gouvernement, et dont la plateforme de l’ONISEP fait partie.

À lire aussi : Quelles pistes pour réformer le système des bourses étudiantes ?

« C’est ce que tâcheront de faire respecter les élus du réseau de la FAGE, présents dans la plupart des établissements »

Néanmoins, elle avait indiqué dans un précédent communiqué que les élu·es de son réseau seraient vigilantes à leur mise en application et au respect de la philosophie dudit plan.

Ce n’est très visiblement pas le cas de la plateforme Terminales 2017-2018.

Jimmy Losfeld est le président de la FAGE.

Après consultation de l’ensemble de ses membres, la fédération a produit un communiqué de presse diffusé le 16 janvier 2018 et soutenu officiellement par 29 fédérations d’associations.

Elle y dénonce le contenu « très largement discutable » des fiches-métiers, et s’en indigne.

« Il est inacceptable qu’un site destiné à l’orientation perpétue des clichés dégradants envers les professions. De plus, celui-ci engendre de la désinformation, dans un climat où il est plus que jamais important de lutter contre les stéréotypes qui entraînent une mauvaise orientation. »

Des « stéréotypes » qui « perpétuent des clichés dégradants envers les professions»

Contactée, la FAGE a explicité ce qu’elle considérait comme des clichés dégradants.

« Sur la fiche-métier de sage-femme, il est indiqué qu’il faut aimer faire du baby-sitting. C’est un cliché déjà répandu dans la société, et entretenu par l’ONISEP.

Pour le métier d’avocat, il faut aimer porter des uniformes, ou encore aimer les séries policières. Pourtant, dès les premières années de formation, il est dit aux étudiants que cela n’a rien à voir. C’est l’équivalent du cliché qui fait croire qu’être médecin, c’est comme dans Grey’s Anatomy !

L’ONISEP s’appuie sur ces clichés pour orienter les étudiants, alors que dans les formations les enseignants cassent très rapidement les clichés. Les étudiants sont lésés ! »

La colère de la FAGE est telle qu’elle remet en question les compétences de l’ONISEP et sa « pertinence comme acteur de l’orientation des jeunes ».

Et d’ajouter :

« L’Onisep n’est pas à la hauteur des enjeux et ne semble, aujourd’hui, pas avoir la vision et les moyens requis pour orienter efficacement les jeunes. »

L’ONISEP n’a pas souhaité réagir. Cependant, suite à ce tollé, il a du faire marche arrière le mercredi 17 janvier 2018.

L’ONISEP, une structure désuète selon la FAGE

Cela n’est pas suffisant pour la FAGE, qui considère que l’ONISEP a un souci de fonctionnement, et que « c’est tout le système qui est à revoir ».

« La structure est assez vieille, les organisations étudiantes n’ont pas été intégrées dans ce processus, rien que le fait que l’ONISEP soit capable de sortir une telle plateforme démontre qu’il y a un problème structurel. »

Les autres organisations étudiantes n’ont pas réagi sur la plateforme Terminales 2017-2018 en elle-même, mais ont critiqué fortement le Plan Étudiants et la plateforme ParcourSup dans lesquels s’insère le site de l’ONISEP.

Le service de presse de l’Union Nationale des Étudiants de France (l’UNEF) m’a renvoyée sur les communiqués de presse disponibles sur son site internet, lesquels s’axent principalement sur la question de la sélection à l’université.

Des clichés qui participent à une société stéréotypée

Inquiète du découragement que pourraient engendrer ces généralités pour les femmes à se diriger vers des métiers catégorisés comme « masculins », et tout aussi préoccupée par l’inverse, j’ai questionné la FAGE à ce sujet.

« En effet, une femme qui verrait « réparer une machine à laver » comme critère pour tel ou tel métier pourrait y renoncer, si elle n’est pas bricoleuse. D’autant plus que les liens entre les professions et les centres d’intérêts sont souvent incompréhensibles.

Il en est de même pour les hommes : un élève qui souhaiterait devenir sage-femme mais n’a jamais fait de baby-sitting risquerait de penser qu’il ne peut pas pratiquer ce métier, or cela n’a rien à voir.

Le problème est que ces clichés existent déjà dans la société actuelle, et que l’ONISEP les véhicule, ne fait rien pour les briser. »

D’autres solutions pour t’orienter

Pour moi, le plus important à retenir ici n’est pas les erreurs dans la plateforme de l’ONISEP, mais surtout la nécessité de croiser les sources et de prendre du recul sur les informations que tu trouves sur le net ou ailleurs.

On ne le dira jamais assez

Pour t’orienter, tu as de nombreuses possibilités, incluant l’ONISEP (mais pas que). N’hésite pas à fouiller le net et ton CDI, en multipliant les sources. Les fiches CIDJ sont par exemple très bien faites et recommandées par plusieurs professionnels de l’orientation.

Mais les documents ne sont pas les seuls à pouvoir t’aider. Tu peux poser des questions à tes enseignants et enseignantes, ou encore au ou à la conseillère d’orientation de ton lycée. Te rendre au Centre d’Information et d’Orientation (CIO) le plus proche peut aussi être une option.

Cependant, il n’y a rien de mieux que la pratique. Pour te renseigner sur des études, rends-toi aux nombreux forums organisés chaque année, durant lesquels tu peux rencontrer des enseignant·es et parfois même des étudiant·es.

À force, tu sauras peut-être même faire ça !

Va également à la rencontre de professionnel·les. Ils et elles sont les mieux placé·es pour répondre à tes questions et te donner un aperçu concret de leur métier.

Aussi, fais des stages. Vraiment. Plein. Dans tous les domaines qui t’intéressent de près ou de loin. La meilleure manière de savoir en quoi consiste une profession est de t’y former auprès d’experts.

Un simple exemple : je suis actuellement en stage chez madmoiZelle.com, dans la rédaction. Je n’ai jamais fait de journalisme, je suis étudiante en LLCER Espagnol, et je ne crois même pas avoir tenu de Skyblog lorsque c’était encore à la mode.

Grâce à ce stage, j’ai appris énormément, et je me suis découvert quelques talents que je ne soupçonnais pas (je reviendrai là-dessus plus tard, ne t’en fais pas). J’ai aussi exploré un nouveau monde, ce qui m’a permis de revoir mon avenir professionnel à la lumière de cette expérience.

Je sais un peu mieux ce qui me plaît, et ce qui ne me plaît pas.

Alors que, si j’avais suivi la logique « classique » des stages, si je n’étais pas allée chercher un peu plus loin, je n’aurais pas joui de cette expérience. Voilà pourquoi je te conseille vraiment de faire des stages, autant que possible. C’est l’occasion de te découvrir, ou au moins de savoir ce qui ne te convient pas.

Ainsi, tu ne finiras pas aigri·e comme ce panda qui n’aime ni ses collègues, ni l’informatique

Dernier conseil, et pas des moindres : lis madmoiZelle !

Je ne plaisante qu’à moitié : nous publions régulièrement des articles, sur l’orientation, au point que nous avons même une rubrique dédiée !

Entre autres, tu y trouveras des témoignages « Maintenant que je suis grande », où des femmes racontent leur métier et leur quotidien, mais aussi des vidéos, des liens vers différentes plateformes comme Impala, l’appli qui t’aide à trouver le métier de tes rêves ou bien Pixis, le conseiller d’orientation du futur.

https://www.youtube.com/watch?v=7tXlTRM-iNI&t=23s

Et si tu te trompes ?

N’oublie pas qui tu es qu’il n’est jamais trop tard pour changer d’avis.

Dis-moi que tu as la ref stp

Il te sera toujours possible de te réorienter, voire de changer de métier au cours de ton cursus.

À lire aussi : La réorientation scolaire, tu y penses ? Elles l’ont fait, voici leur histoire !

Alors keep calm, renseigne-toi et tout ira bien.

À lire aussi : Huit conseils sur l’orientation scolaire si tu es en perdition


Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.

Les Commentaires

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Avatar de violedegambe
31 janvier 2018 à 22h01
violedegambe
@Kaus Australis Merci pour ta réponse! Je me suis réorientée deux fois, j'ai fait deux licences et c'est mon deuxième master (enfin le premier je l'ai arrêté en plein milieu, un peu la mort dans l'âme mais bon) J'en peux juste plus des études donc tant pis, on verra après ^^. Ça me rassure beaucoup ce que tu dis. Je m'ennuie cruellement en cours, et que quelqu'un me dise que suivre la formation, puis travailler, ce sont deux facteurs biiiiien différents qui peuvent faire changer de voie, ça me fait du bien, même si je le savais déjà. En plus, j'en ai honte mais c'est ma mère qui paye mes études depuis trop longtemps donc là tant pis, je vais bosser, j'ai des projets en dehors du taf en plus donc...
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