Depuis Stress (2007), il est submergé de demandes. Le réalisateur Romain Gavras est en train de se faire une place en or au milieu des clippeurs les plus reconnus. Sa marque de fabrique ? Chacune de ses vidéos est une véritable immersion dans un univers, la contemplation d’un instant donné, une esthétisation de l’action.
No Church in the Wild ne déroge pas à la règle. Le clip dépeint une insurrection, véritable guérilla urbaine dans laquelle chaque coin de rue est un possible climax. Cocktails Molotov, barricades, voitures qui brûlent, vitrines qui volent en éclats : le peuple descend dans la rue et affronte les forces de police, dernier symbole du pouvoir en place.
Entrecoupées de tragiques gros plans sur des statues immmobiles, les échauffourées sont filmées en slow-motion. Un traitement visuel, mi-urbain, mi-sacré, qui fonctionne plutôt bien avec l’instru du morceau.
Ce qui fonctionne moins en revanche, ce sont les paroles du morceau, lesquelles ne servent pas exactement le propos visuel du clip. Certes, il y a ce message d’introduction (prononcé par Frank Ocean de Odd Future), un brin athéiste et anarchiste*. Mais pour le reste, Kanye West et Jay-Z ne font que chanter leur goût pour la coke, les plans à trois et la fête jusqu’au bout de la nuit.
*« Le peuple s’insurge, qu’est-ce qu’une insurrection pour un roi ? Et qu’est-ce qu’un roi pour un Dieu ? Qu’est-ce qu’un dieu pour un non-croyant ? » [Comprendre : le roi a le pouvoir de disperser une manifestation, mais le roi est une figure investie par Dieu, or si les manifestants ne croient pas en Dieu, ils n’ont que faire du roi et peuvent choisir de ne pas le respecter] — Source : rapgenius.com
Les deux rappeurs semblent définitivement faire de l’egotrip et de l’étalage de l’opulence leurs nouveaux leitmotivs.
Faut-il voir dans une insurrection le début de l’hédonisme tant vanté par Jay-Z et Kanye West ? C’est probablement ce que dirait l’avocat du diable, perso moi je ne suis plus.
Gavras, le clippeur
La particularité de la patte de Gavras ? L’héroïsation. Ainsi, le gamin classe populaire de Signatune (Dj Mehdi) se trouve extirpé de la grisaille de son quotidien pour être dépeint dans toute l’excitation d’une course de voitures tunées locale. Et le Maroc dans lequel M.I.A. se dandine (Born Free) ? C’est lui qu’on héroïse, en le montrant sous un jour nouveau, en harmonie avec la modernité des tenues de la chanteuse tamoule. Le beau est donc partout et tout peut être sublimé : c’est ce que Gavras, soucieux d’injecter un esprit « court-métrage » dans chacun de ses clips, cherche à nous montrer.
Et puisqu’il est presque en train de nous faire oublier qu’il a un jour réalisé un clip pour Fatal Bazooka, vous en conviendrez : il y arrive plutôt bien.
— No Church in the Wild a aussi fait l’objet d’un clip non-officiel, réalisé par le collectif High5Collective. La vidéo dénonce les persécutions raciales.
Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.
Les Commentaires
Bon, si pour Kanye ça passe par des fêtes de ouf en compagnie de mannequins et drogue, grand bien lui fasse, mais ça ne se limite pas à ça, en tout cas j'ai pas envie de limiter cette chanson à ça.
Et puis, niveau egotrip, "N***** in Paris" c'est quand même beaucoup plus gratiné, et à mon avis un meilleur exemple
Après je ne suis qu'une pauvre fangirl, et quand il s'agit d'eux, je réagis comme si c'était les One Direction