Lina, 2 798 € par mois à deux : « Quand on a deux revenus très différents, ce n’est pas évident »

Parler d’argent, en France, c’est encore tabou. Pourtant, c’est un sujet passionnant… et féministe, par certains aspects ! Dans Règlement de comptes, des personnes en tout genre épluchent leur budget, nous parlent de leur organisation financière en couple ou en solo, et de leur rapport à l’argent. Aujourd’hui, Lina a accepté d’éplucher ses comptes.

• prénom : Lina
• âge : 29 ans
• métier : chargée d’accompagnement à l’entrepreneuriat social
• salaire mensuel : 1914 € avant prélèvement à la source, 1846 € après prélèvement à la source
• vit avec : son conjoint, qui dispose de 952 € par mois d’allocation chômage, et son chat.
• lieu de vie : un appartement dont ils sont propriétaires dans la région de Nantes

Les revenus de Lina et son partenaire

Lina est salariée en CDI pour une association qui aide des personnes voulant lancer leur projet d’entreprise solidaire. Un métier qui se trouve « à la jonction entre le monde de l’entrepreneuriat / business et le monde associatif, militant ». Quand on lui demande si elle s’estime bien payée, elle répond :

« Je pense que je suis plutôt bien payée par rapport à d’autres salariés du monde associatif. Par contre, si je compare mon salaire à des revenus de consultants / expert de l’entrepreneuriat… Je sais que mes revenus sont largement moins importants. »

Elle vit avec son compagnon, actuellement au chômage, qui touche une allocation de 952 € par mois. À eux deux, ils gèrent un budget de 2 798 €.

L’organisation financière de Lina et son partenaire

La presque trentenaire et son conjoint sont pacsés. Pour organiser leurs finances, ils ont recours à trois comptes en banque : un compte individuel chacun, et un compte joint sur lequel leurs dépenses communes sont prélevées. Parce que les revenus de son partenaire sont bien moins élevés que les siens, Lina et son conjoint ont été amenés à s’interroger longuement sur le choix de leur fonctionnement.

Ils ont décidé de s’adapter selon les postes budgétaires : 50/50 ou au prorata, tout dépend de l’objectif.

« En début de mois, nous avons chacun des virements automatiques – proportionnels à nos revenus. Mon copain est pour le moment au chômage donc on a réfléchi à une répartition qui nous semblait la plus juste possible, on en a beaucoup discuté. On s’est créé un tableau de suivi permettant de calculer automatiquement la répartition équitable des dépenses fixes.

Pour le remboursement de notre prêt immobilier, on a décidé de faire 50/50. C’est une manière d’investir chacun de la même manière, et d’être vraiment propriétaires à la même part tous les deux. Pour les charges fixes, on a lu beaucoup de choses sur le sujet et on a décidé de faire la répartition au prorata de nos revenus.

Sur le « reste à vivre », c’est un peu plus anarchique ! Au départ, on voulait être sur du 50/50, mais on s’est rendu compte que ça ne fonctionnait pas pour le budget de mon copain. Pour assurer notre stabilité financière à tous les deux, il faut qu’on s’ajuste. Ce n’est pas toujours évident d’avoir une grosse différence de salaires et de doser ce qu’on met dans le pot commun ! »

Pour le couple, l’argent n’a jamais été une source de conflit. « Plutôt une source de réflexion, de discussions, d’apprentissage… » explique Lina.

Les dépenses de Lina et de son conjoint

Chaque mois, Lina et son compagnon remboursent environ 680 € de prêt immobilier pour leur appartement, somme qu’ils partagent donc à 50/50.

« Nous vivons dans un appartement de quasiment 100 m² en banlieue de Nantes, dans un immeuble que nous adorons. Nous avons acheté cet appartement l’année dernière, c’était une grosse étape et le créneau d’achat était assez serré : trouver l’appart’ idéal alors que mon copain était encore en CDI et avant que les taux bancaires ne remontent trop. Le prix de l’appartement était plutôt bas par rapport au marché de l’immobilier très tendu à Nantes, mais nos charges sont très élevées. »

À cela s’ajoutent des charges fixes de co-propriété de 366 € et qui comprennent les parties communes, le chauffage et le fonds travaux de la copropriété auquel ils doivent contribuer tous les mois. Ils ne connaissent pas encore le montant de leur taxe foncière.

Ils comptent 190 € de factures mensuelles pour leurs diverses assurances (voiture, habitation, prêt) ainsi que leur accès à l’eau, internet et à l’électricité. Ils ont fait baisser ce montant depuis qu’ils ont arrêté tous leurs services de streaming : ‹‹ On est maintenant adeptes de la bibliothèque municipale et du service de streaming gratuit d’Arte ». Pour leurs trois comptes et leurs deux cartes bancaires, ils paient 15 € mensuels de frais.

« On arrive pas à s’organiser pour aller au marché »

Chaque mois, Lina et son conjoint comptent 500 € de courses, la plupart du temps en supermarché.

« Idéalement, j’aimerais acheter 100% local mais dans la pratique ça n’est pas ça ! Pas pour une raison de budget mais plutôt pour une question de praticité… Le supermarché le plus près de chez nous est un grand hypermarché, et on n’arrive pas à s’organiser pour aller au marché et éviter le grand centre commercial. Par contre, j’achète tous mes légumes auprès de producteurs qui viennent une fois par semaine à mon travail et dans notre immeuble. »

Elle aimerait acheter un peu moins de produits transformés, et faire ainsi baisser un peu la note des courses.

À eux deux, ils dépensent 50 € par mois pour se déplacer : 20 € de transports, et 30 € d’essence. « La plupart du temps, je me déplace à vélo » explique Lina. Ils comptent aussi 60 € par mois pour acheter de la nourriture, de la litière et des médicaments à leur chat.

Les dépenses loisir du couple

Pour leurs loisirs, Lina et son conjoint dépensent environ 300 € mensuels. Elle y compte des cours de danse dans une asso pour elle, une cinquantaine d’euros chacun pour les sorties culturelles, ainsi que quelques sorties avec des amis dans des bars et restaurants. Elle prévoit déjà un gros budget anniversaires en 2023 :

« Cette année, une grosse partie de mes amis vont avoir 30 ans. Tous les mois, je vais avoir un bon poste de dépenses en week-end, fêtes et cadeaux pour fêter ça ! »

Elle compte aussi en moyenne 250 € mensuels lissés à l’année en vacances et week-end, y compris pour aller voir de la famille ou des amis.

Lina raconte avoir assez peu de « craquages » pour ce qui touche à l’argent. Quand elle s’offre des choses chères, c’est souvent très réfléchi et durable :

« Par exemple, je me suis offert une robe à 300 € pour le mariage de ma sœur… Mais c’est une robe d’une petite marque durable et responsable, et ça me fait plaisir de mettre ce budget pour un événement important ! »

Le rapport à l’argent et l’épargne de Lina

Lina l’explique, elle a souvent peur de faire trop de dépenses :

« Mes parents étaient plutôt économes, ils m’ont appris à réfléchir avant d’acheter, à comparer les prix… J’ai besoin de mettre de côté régulièrement, pour des projets futurs. Depuis que je suis devenue propriétaire, ça n’est pas évident d’accepter d’épargner moins qu’avant. Je me dis qu’avoir acheté un bien, c’est aussi une façon d’épargner ! »

Elle n’est quasi jamais à découvert : si elle est dans le rouge, elle comble avec ses économies :

« Avant, j’arrivais à mettre 500 € de côté par mois. Depuis que nous avons l’emprunt, c’est plus compliqué et assez aléatoire d’un mois à l’autre. Je dirais qu’on est plutôt autour de 200 € mensuels, que je place sur mon livret A. J’y pioche pour les vacances ou des projets d’achat plus importants. »

À l’avenir, ils aimeraient faire des travaux dans leur appartement, et peut-être voyager outre-Atlantique. Merci à Lina d’avoir répondu à nos questions !

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