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Jacqueline Sauvage finalement graciée par François Hollande

Jacqueline Sauvage, incarcérée pour avoir tué son mari qui la violentait ainsi que leurs enfants depuis des années, a été graciée. Et c’est une bonne nouvelle.

Mis à jour le 28 décembre 2016 – François Hollande vient d’annoncer qu’il accordait finalement « une remise gracieuse du reliquat de sa peine » à Jacqueline Sauvage. C’est un jargon un peu long et compliqué pour dire que Jacqueline Sauvage est graciée.

Après plusieurs années de détention, une grâce partielle, la réaction de Jacqueline Sauvage qui avait d’abord décidé de ne pas faire appel de cette décision d’être maintenue en détention (voir ci-dessous) : cela signifie qu’elle peut être libérée immédiatement.

Mis à jour le 19 août 2016 – Alors que Jacqueline Sauvage avait une dizaine de jours pour faire appel après le refus de sa mise en liberté conditionnelle le 12 août dernier, elle a décidé d’y renoncer.

Ses avocates ont expliqué qu’elle ne le ferait pas, étant épuisée de cet « acharnement judiciaire ». Cela pose la question du temps qu’il lui reste à passer en prison. Étant donné qu’elle a déjà passé plusieurs années en détention provisoire avant son jugement, sa peine de 10 ans prononcée en 2015 ne s’étendra pas jusqu’en 2025, mais « seulement » jusqu’en 2021 au maximum – puisqu’elle pourra aussi bénéficier des réductions de peine autorisées en France.

Le collectif de soutien mené par Eva Darlan a fait savoir qu’il demandait une grâce totale au Président de la République, dernier recours pour la faire libérer, mais il y a extrêmement peu de chances que cette demande aboutisse.

Mis à jour le 12 août 2016 à 10h57 — La remise gracieuse de sa peine accordée par François Hollande il y a six mois permettait à Jacqueline Sauvage de demander une remise en liberté conditionnelle.

Elle vient d’être rejetée par le juge d’application des peines de Seine-et-Marne, alors que le procureur avait requis la libération le 22 juillet dernier. La démonstration par l’exemple de l’absurdité de notre système judiciaire.

Une pétition a été lancée sur change.org pour demander la libération immédiate de Jacqueline Sauvage. Allons la signer !

Mis à jour le 31 janvier 2016 — iTélé l’annonce à l’instant : Jacqueline Sauvage va bénéficier d’une remise gracieuse de sa peine.

La famille de Jacqueline Sauvage avait été reçue pr François Hollande vendredi 29 janvier. L’Élysée annonce à l’instant la décision du Président de la République dans un communiqué.

Mise à jour du 1 février 2016 — Jacqueline Sauvage reste condamnée pour meurtre aggravé : on ne revient pas sur le jugement prononcé par le jury d’Assises, confirmé en appel.

La grâce présidentielle accordée par François Hollande lui permet de demander sa liberté conditionnelle dès à présent, au lieu de devoir attendre la moitié de sa peine, soit cinq ans de prison. Il lui reste plus de deux ans à effectuer avant de pouvoir présenter cette demande.

C’est toujours au juge d’application des peines de décider, au final, de la remise en liberté surveillée ou non de Jacqueline Sauvage, qui pourrait retrouver les siens dès le mois d’avril, ce qu’explique Pascale Robert-Diard sur Chroniques judiciaires.

Cette grâce partielle est un compromis : d’un côté, François Hollande ne déjuge pas les Assises, en ne revenant ni sur le verdict, ni sur le prononcé de la peine, mais de l’autre, il permet à Jacqueline Sauvage de ne pas rester en prison, elle qui a déjà passé quarante années de sa vie à être violentée par son mari.

Plus de 435 000 personnes avaient signé la pétition relayée sur Change.org pour demander à François Hollande d’intervenir pour faire libérer Jacqueline Sauvage. Pour ma part, j’espère que cette décision sera suivie d’une véritable action de fond autour des violences conjugales.

Le cas Sauvage est largement commenté, tant le recours à la grâce reste (heureusement) exceptionnel, mais l’on parle finalement trop peu de la forêt derrière l’arbre : le manque de prise en charge des victimes de violences conjugales. « Tout le monde savait » autour de la famille Sauvage, que Norbert Marot violentait son épouse et ses filles. Cette volonté de mettre en lumière l’inertie de la société face à ces situations était d’ailleurs clairement soulignée dans le texte de la pétition :

« Hélas cette situation [celle de Jacqueline Sauvage] est symptomatique du peu de cas, fait encore aujourd’hui, malgré les efforts engagés, de la situation des femmes et des enfants victimes de violences dans notre pays. Pour rappel, en 2014, 134 femmes sont décédées sous les coups.

Ces victimes de la violence ordinaire au sein de la famille sont les grandes bâillonnées, elles sont peu entendues, peu prises en compte, peu protégées. »

M. le Président, vous avez apaisé un drame individuel. Les centaines de victimes de violences conjugales, dans l’indifférence ou l’impuissance de leur entourage, ont encore besoin d’une action publique décisive, pour que leur nombre décroisse enfin.

Article initialement publié le 28 décembre 2015, avec ce titre :

De grâce, M. le Président, ne laissez pas Jacqueline Sauvage, victime de violences conjugales, en devenir le martyr.

« Tout le monde savait », répètent les témoins.

De leur propre aveu, les voisins, les personnels administratifs, éducatifs, médicaux qui ont côtoyé la famille Sauvage savaient que Norbert Marot était violent avec sa femme, et leurs enfants : « tout le monde savait », répètent les témoins.

À la barre du procès en appel de Jacqueline Sauvage, qui verra sa condamnation à 10 ans de prison ferme confirmée, une voisine témoigne :

« Je vous remercie, vous nous avez rendu service. On est tranquilles. »

Ces 2 citations sont extraites de l’enquête de Libération sur cette affaire, un article qui remet en perspective les fautes, les crimes et les responsabilités de chacun. Et ce n’est pas Jacqueline Sauvage qui porte la plus lourde, malgré la gravité de son geste.

Mais elle est la seule sur le banc des accusés, à écoper d’une peine ferme pour avoir commis l’irréparable envers un homme qui, pendant plus de 40 ans, commettaient l’insupportable, l’inexcusable. L’intolérable.

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« Les médecins aussi savaient »

Jacqueline Sauvage a abattu son mari de trois coups de carabine dans le dos, après un nouvel accès de violence de ce dernier. Et selon les jurés d’assises, ce n’était pas de la légitime défense, puisque cet acte a été perpétré quelques minutes après l’altercation.

« Mari », « épouse », c’est là le registre de l’avocat général, et ceux de la famille de Marot. Voici ce que l’une de leurs avocates, Me Cécile Henry-Weissgerber, a dit de l’accusée, selon Libération :

« Elle vivait dans l’illusion d’une vie de famille et a été déçue, c’est tout »

Si quelqu’un vit dans une illusion, c’est nous.

C’est nous, en tant que société, qui persistons à vivre dans l’illusion de l’égalité entre les genres. Et c’est cette illusion qui nous amène à ne pas voir, ne pas s’interroger, s’interpeller, lorsque nous sommes témoins de violences.

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À lire aussi : Le tueur misogyne n’était pas fou, juste misogyne

M. le Président, vous êtes l’ultime recours

M. le Président, une demande de grâce vous a été adressée, non pas par Jacqueline Sauvage elle-même, mais par

ses filles, victimes elles aussi de la violence de Norbert Marot.

À lire aussi : J’ai été victime de violences conjugales — Témoignage

La dernière fois que je vous ai adressé une lettre ouverte, c’était déjà pour vous interpeller sur la nécessité d’entendre de votre part un message fort en faveur de l’égalité. Je vous demandais de donner à notre société une grande impulsion vers l’avant, alors qu’elle est encore tiraillée à l’arrière par ses franges les plus réactionnaires, qui n’ont cessé depuis votre prise de fonction, de faire obstacle aux réformes que vous aviez défendues durant votre campagne.

À lire aussi : Le porte à porte avec le PS – La Présidentielle 2012 vue du terrain

Je reviens une nouvelle fois vous demander de trancher le sens de l’Histoire — rien que ça, vous qui en avez le pouvoir, et désormais l’opportunité, de corriger une injustice, celle de la responsabilité d’un crime, que nous partageons aussi, en partie.

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À lire aussi : Collège Montaigne : faut-il interdire les portables ou (enfin) éduquer les garçons ?

« L’affaire Sauvage », vue du futur

Pourquoi certaines affaires judiciaires marquent davantage l’Histoire que d’autres ? Parce qu’elles arrivent à un moment où la société est divisée sur une question de fond, et qu’un fait-divers devient la vitrine, le symptôme, le symbole de cette problématique particulière. « L’affaire Jacqueline Sauvage » sera de celles-là, de celles qu’on étudiera dans les écoles, avec l’une de ces deux conclusions.

« Selon le ministère de l’Intérieur, sur 165 meurtres au sein de couples, 22 % des meurtrières étaient victimes de violences de la part de leur compagnon. »

En décembre 2015, la société française était encore divisée sur la question des droits des femmes, et la prise de conscience pleine et entière des violences conjugales était encore embryonnaire. L’affaire Jacqueline Sauvage fut particulièrement médiatisée, car elle illustrait tragiquement ce phénomène, poussé à son paroxysme : une femme, victime d’abus perpétré sur elle et sur ses enfants, finit par abattre son bourreau de 3 coups de carabine.

« Tout le monde savait » confessent les témoins, mais personne n’a agit. Parce que ce ne sont « que des histoires de couple » ? Parce que l’on mesurait alors mal toutes les formes de violences conjugales et toutes les conséquences qu’elles peuvent avoir sur les individus ?

Avec « l’affaire Jacqueline Sauvage », la France a manqué l’occasion de redorer son blason de « Pays des Droits de l’Homme », ou du moins d’inclure expressément les femmes dans ce titre. En 2015 pourtant, 134 femmes sont mortes sous les coups de leurs maris.

« Tout le monde savait » sera cette conclusion. Mais personne n’a agi, parmi ceux qui en avaient le pouvoir.

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À lire aussi : Le harcèlement sexiste et les violences sexuelles dans les transports au cœur d’un plan gouvernemental

Les violences conjugales n’ont pas besoin d’un nouveau martyr

Ce n’est pas d’une meurtrière dont on vous demande la grâce. C’est d’abord une victime, que l’inertie de la société toute entière a conduite au désespoir.

L’autre conclusion, celle que je souhaite pour Jacqueline Sauvage, pour toutes les victimes de violences conjugales, et pour nous tou•tes, la société française hautement éprouvée cette année, c’est vous qui avez le pouvoir de l’écrire, M. le Président. En accordant votre grâce à cette femme, vous ne pardonnez pas le meurtre. Vous pardonnez à toutes celles et ceux qui, bien que voyant, sachant, ne sont pas intervenu•es. Vous reconnaissez notre responsabilité collective dans la persistance des inégalités entre les hommes et les femmes, ce sexisme ordinaire qui pourrit, gangrène le lien social.

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À lire aussi : Le sexisme ordinaire dans la cour de récré — Témoignage

Je ne sais pas si Jacqueline Sauvage deviendra le symbole de l’évolution de la loi sur les violences faites aux femmes. Mais de grâce, M. le Président, usez de ce pouvoir. Les violences conjugales font encore trop de victimes, elles n’ont pas besoin d’un nouveau martyr pour se rappeler à notre souvenir.

Jacqueline Sauvage a commis l’irréparable mais nous, nous avons commis l’irresponsable : détourner le regard d’un problème de société qui provoque ces drames. Et nous ajouterions à cela le plus inexcusable : notre silence ?

Non. À l’heure où je signe ces lignes, près de 200 000 personnes se joignent à Carole et Sylvie Sauvage pour vous demander la grâce de leur mère. J’espère sincèrement que vous accèderez à cette requête, car si le crime de Jacqueline Sauvage est inexcusable, mais compréhensible, notre inertie collective l’est infiniment moins.

Signer la pétition en soutien à Jacqueline Sauvage

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À lire aussi : Fuir les violences conjugales, une étude pointe les mesures à prendre


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Les Commentaires

233
Avatar de jorda
3 janvier 2017 à 23h01
jorda
@Kaus Australis sans compter que parfois on peut d'abord aimer, ce qui fait pardonner trop de claques et autres violences, jusqu'au jour où la victime se rend compte qu'elle est en danger mais qu'elle a trop peur, désormais piégée par son bourreau. Ainsi, alors même que la violence s'est installée, il peut y avoir l'amour et ensuite la peur.
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