La dernière mention publique d’Hamilton a eu lieu il y a quelques jours aux États-Unis, dans le discours d’Hillary Clinton lors de la convention démocrate à Philadelphie — excusez-moi du peu. Une preuve supplémentaire que la comédie musicale est devenue un phénomène incontournable.
Ainsi, elle déclare :
« Though we may not live to see the glory, as the song from the musical Hamilton goes, let us gladly join the fight… »
« Même si on ne vivra pas pour connaître la gloire, comme le dit la chanson de la comédie musicale Hamilton, laissez-nous joyeusement prendre part au combat… »
Si certains mots sonnent familièrement à votre oreille, c’est que vous avez pu écouter les magnifiques chansons de Lin-Manuel Miranda — qui répond d’ailleurs à la candidate démocrate sur Twitter.
Oui, il la soutient, et il est content car elle a écouté le disque 2 de la bande-sonore d’Hamilton ! Pour situer le contexte, tout le monde connaît bien mieux les chansons du disque 1 que du disque 2. Ohlala, vous allez me dire, mais de quoi elle parle, c’est quoi cette comédie musicale ?
Hamilton, kézako ?
Avant d’en parler, voici une petite compilation de clips du spectacle.
Alors oui, la vidéo ne dure pas assez longtemps, et en plus, maintenant que la troupe originale est partie, celles et ceux (moi incluse) qui n’ont jamais assisté au show ne pourront plus jamais le voir dans sa forme originelle, et comme c’est Broadway, même s’il y a eu une captation, Dieu sait si on en verra les images…
« Hamilton » est en fait une comédie musicale créée par Lin-Manuel Miranda qui parle des pères fondateurs des États-Unis, et particulièrement d’Alexander Hamilton.
En France, c’est absolument normal (non) de ne pas en avoir entendu parler. Hamilton est en fait une comédie musicale créée par Lin-Manuel Miranda qui parle des pères fondateurs des États-Unis, et particulièrement d’Alexander Hamilton, quelque peu oublié. Jusque-là, me direz-vous, on s’en fiche un peu, non ? Eh bien, oui et non.
En fait, cette comédie musicale se distingue par bien des qualités. Déjà, elle est moderne en ce que son style musical penche vers le rap et le hip-hop et n’a pas ce chant broadwayesque classique qu’on pourrait trouver kitsch chez nous.
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Ensuite, les rôles de nombreux•ses Américain•es blanc•hes historiques tels que Georges Washington ou encore Thomas Jefferson sont tenus par des comédien•nes Afros-Américain•es et Asiatiques (vous reconnaîtrez peut-être Leslie Odom Jr. et Philippa Soo, vus dans Smash).
Forcément, quand on touche aux pères fondateurs dans une Amérique patriotique et qu’en plus on ajoute de la diversité à tout ça, ça fait couler pas mal d’encre.
Du coup, forcément, quand on touche aux pères fondateurs dans une Amérique patriotique et qu’en plus on ajoute de la diversité à tout ça, ça fait couler pas mal d’encre, même quand la troupe jouait encore off-Broadway devant une salle comble (NDLR : la différence entre Broadway et off-Broadway est une question de contenance de la salle et de localisation du théâtre. En gros, un « off » se jouera dans une salle de 100 à 500 personnes).
Des critiques mentionnent Hamilton comme l’apport le plus majeur du siècle à l’histoire américaine, tant culturellement qu’au niveau créatif !
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Lin-Manuel Miranda, un parolier de génie
Bonjour, je m’appelle Aki, je suis rédactrice séries/ciné chez madmoiZelle et je suis atteinte d’Hamilaria. Pour comprendre ce que c’est, je vous invite à voir la vidéo suivante qui résume très bien la situation.
Comment je peux être fan de cette comédie musicale alors que je n’en ai jamais vu aucune représentation et que j’en ai seulement écouté la bande-sonore ? Eh bien, grâce à Lin-Manuel Miranda.
Tout d’abord, il faut savoir que Lin-Manuel Miranda s’est déjà distingué aux Tony Awards (les Molière américains) il y a quelques années avec In the Heights, qui avait remporté le Tony de la meilleure comédie musicale et des meilleures chansons.
« My name is Alexander Hamilton, and there’s a million things I haven’t done. »
Je m’appelle Alexander Hamilton, et il y a des millions de choses que je n’ai pas accomplies.
Le mec développe son projet depuis 2009. Les premières lignes de ce dernier sont rappées à la Maison blanche, devant Obama, lors d’un showcase du jeune artiste. Le public adore, et c’est parti.
L’idée de parler des pères fondateurs est en fait largement inspirée de la biographie sur Alexander Hamilton écrite par Ron Chernow, que Lin-Manuel a adaptée en comédie musicale. Ses rimes sont très bien trouvées, son ton est inspirant, et c’est hyper moderne. Donc oui, ça brasse un public plus large que les seniors abonné•es aux théâtres.
Rien que la chanson d’ouverture est incroyable : les notes rythmées donnent déjà des frissons et j’ai été conquise dès les premières secondes (il n’y a malheureusement pas de vidéo disponible, donc je vais me contenter du son).
Et puis, Lin-Manuel Miranda est trop cool : non seulement il est super pote avec Jonathan Groff qui joue dans son projet, mais en plus, il est super drôle. J.J. Abrams lui-même a demandé à l’artiste de composer une musique pour une scène de Star Wars : le réveil de la force.
Et il dit des choses comme ça :
https://twitter.com/iHollaback/status/759055974673948673
« Mon nouveau truc, quand je vois des mecs qui sifflent une fille dans la rue, c’est de prétendre que ça m’est destiné.
« Merci les gars ! »
Ils captent rien, et je suis content de moi. »
« Un conseil d’ami de la part de Lin-Manuel Miranda sur la manière d’interagir avec les harceleurs de rue : les embrouiller. »
En plus, il va jouer bientôt avec Emily Blunt et Meryl Streep dans une nouvelle version de Mary Poppins : que demander de mieux ?
Hamilton, un conte qui sort de l’ordinaire
Personnellement, ce que j’aime le plus dans ce spectacle, c’est la qualité des paroles, puisque l’histoire se comprend sans problème, même sans voir l’image.
Alors c’est vrai, quand j’ai visionné quelques clips, je me suis rendu compte que c’était beaucoup plus drôle que ce que je pouvais simplement entendre, et bien sûr, ça ne vaudra jamais le spectacle intégral, mais c’est mieux que rien non ?
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Concrètement, le hip hop, le R’n’B et le rap, je suis loin d’être fan (c’est sûrement pour ça que j’aime pas Empire, mais passons). Quand j’ai entendu dire que le nouveau phénomène musical et théâtral se situait dans ces registres-là, j’ai fait une grimace de scepticisme.
Mais je lui ai laissé une chance car il était difficile de se prétendre amateur•trice de Broadway sans écouter l’album d’Hamilton au moins une fois, et là… ça a été la révélation.
Sa modernité ne se cantonne pas dans au genre musical ou encore à la diversité mais concerne aussi aux thèmes abordés.
Sa modernité ne se cantonne pas au genre musical ou encore à la diversité mais concerne aussi les thèmes abordés. En effet, le message exprimé par Hamilton est universel, tout en respectant fidèlement les dates historiques et les intrigues politiques… à un tel point que le corps enseignant souhaite intégrer la comédie musicale dans le cursus scolaire !
https://www.youtube.com/watch?v=h6Te_qO8_BQ
« We hold these truths to be self-evident that all men are created equal. »
« Nous considérons de manière évidente que tous les hommes naissent égaux. »
Ce sont les sœurs Schuyler qui disent ça, citant la Constitution américaine et les propos de Thomas Jefferson, et c’est bien vrai, non ?
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Un raz-de-marée qui ne peut être contenu ?
La comédie a actuellement un succès retentissant et à New York, le spectacle se joue à guichet fermé jusqu’à février 2017. À noter que pour la dernière prestation de la troupe originelle, certains billets s’étaient revendus à presque 20 000 $… et ce n’est pas une blague.
Malheureusement, tout phénomène a ses dérives : des sites Internet raflent de nombreux billets pour les revendre au prix fort, et quand ils n’arrivent pas à s’en débarrasser, les comédien•nes se retrouvent à jouer devant une salle qui n’est pas complètement remplie…
Les célébrités se sont enchaînées pour voir le show, du président Obama et sa famille à d’autres stars issues de tous les domaines, et les habitué•es de Broadway s’accordent à dire que quelque chose d’unique se passe avec Hamilton. Et je veux bien le croire.
Bref, si vous en avez l’occasion, écoutez les chansons d’Hamilton: an American Musical.
« Who lives who dies who tells your story? »
« Qui vit, qui meurt, qui raconte ton histoire ? »
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