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En reconnaissant les victimes de la chasse aux sorcières, l’Écosse fait face à son histoire

Pendant deux siècles, la sorcellerie a été un crime capital en Écosse. Et ce sont les femmes qui ont été les principales victimes de ces lois injustes : des milliers ont été torturées et tuées. Une grâce posthume pourrait bientôt être votée par le Parlement.

C’est historique : l’Écosse pourrait accorder dans les mois à venir un pardon posthume aux victimes de la chasse aux sorcières perpétrée pendant plusieurs siècles.

Mi-décembre, des membres du parlement écossais ont annoncé qu’ils devraient examiner une loi. Une initiative soutenue depuis longtemps par la Première ministre Nicola Sturgeon.

Corriger les crimes du passé

« L’injuste criminalisation de ces femmes n’a fait que renforcer les stéréotypes de genres dans la société contemporaine », estime la parlementaire Natalie Don, « et je crois que corriger ces erreurs aura un vrai impact sur les comportements genrés et patriarcaux qui existent encore aujourd’hui. »

Le combat est porté depuis plusieurs années par Witches of Scotland qui demande que l’Écosse accorde une grâce posthume aux victimes, présente des excuses, et érige un monument national en leur mémoire.

L’organisation a récolté des données historiques sur cette partie de l’histoire écossaise : près de 4.000 personnes ont été accusées de sorcellerie au cours des deux siècles durant lesquelles le Witchcraft Act a été en vigueur.

84% d’elles étaient des femmes. Witches of Scotland estime que 2148 femmes et 410 hommes ont été condamnés à mort durant cette période. La loi prévoyait une mort par strangulation, et les corps ensuite brûlés au bûcher afin qu’il n’en reste aucune trace.

Ce sont aussi des actes de barbarie qui ont été perpétrés pour extorquer des aveux : les personnes accusées étaient enfermées et privées de sommeil, examinées eu vue de trouver la marque des sorcières (censée représenter leur allégeance au diable, mais étaient le plus souvent de simples tâches de naissance), torturées aux moyens d’aiguilles enfoncées dans la peau ou sous les ongles.

Si le Witchcraft Act a été levé au 18ème siècle, la chasse aux sorcières a eu des conséquences durables estime l’avocate Claire Mitchell à Euronews :

« Je crois qu’il y a eu des répercussions de ces procès. Pendant une période de 200 ans, les femmes ont eu peur. Elles ont eu peur de se distinguer. Elles ont eu peur de dire ce qu’elles pensent, et cela les a maintenues à une place où elles avaient peur. Et cela a du avoir un impact sur la psyché des femmes qui l’ont transmis à leurs enfants. »

The Wall Street Journal s’est penché sur un procès mémorable de cette période, montrant le poids des superstitions et de la misogynie qui ont conduit à la mort de centaines de femmes : celui des sorcières de North Berwick.

Nous sommes en 1589 quand le mariage du roi Jacques VI est retardé à cause d’une mauvaise météo. Le bateau qui transporte sa future femme, Anne du Danemark, est forcé d’accoster en Norvège à cause de vents violents. Intolérable pour le monarque, pour qui les responsables de la tempête sont… les sorcières.

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Les sorcières de North Berwick en train de jeter un sort.
Unknown author, Public domain, via Wikimedia Commons

Plusieurs femmes furent arrêtées, torturées et exécutées — l’une, Agnes Sampson, fut interrogée par Jacques VI lui-même.

Un pardon pour le futur et pour servir d’exemple ?

Cette reconnaissance et ce pardon sont loin d’être anecdotiques ou folkloriques. Pour Claire Mitchell, il y a d’ailleurs des similarités entre la chasse aux sorcières et d’autres périodes historiques dont les conséquences sont aujourd’hui encore très concrètes :

« Ce n’est pas différent de la façon dont l’Écosse doit faire face à son rôle dans la traite transatlantique des esclaves. »

Une reconnaissance du passé qui pourrait aussi être importante à l’étranger. Selon Leo Igwe, militant sud-africain travaillant sur les accusations de sorcellerie contre les enfants et contre les femmes, le geste de l’Écosse « pourrait donner un nouvel élan pour abolir le crime de sorcellerie dans de nombreux pays. »

À lire aussi : La Witch House, musique des sorcières, va-t-elle sortir de l’ombre ?

Crédit photo : Petr Sidorov via Unsplash


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