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« Les gens blessés blessent des gens » : Dylan Marron et son hater livrent une belle leçon d’humanité

Parfois, il suffit d’une discussion pour désamorcer des tensions qui tordent le ventre. Y compris lorsqu’elles incluent deux personnes que tout a l’air d’opposer.

Je crois fondamentalement en la vertu du dialogue et de l’empathie. De l’échange, calme et constructif. Je suis persuadée que c’est à travers le point de vue des autres qu’on élargit son propre point de vue.

Dylan Marron a poussé ce concept à l’extrême en lançant une série de podcast intitulée « Conversation with people who hate me », « Conversation avec des gens qui me détestent », en français.

On vous en a déjà parlé, le concept est dans le titre : Dylan Marron discute avec des personnes qui lui ont laissé des commentaires ou envoyé des messages détestables.

Dans celle-ci, c’est avec Josh qu’il discute, et c’est plus que constructif.

Josh, dans « Conversation with people who hate me »

Josh a laissé un commentaire à Dylan sur l’une de ses précédentes vidéos, comme le font beaucoup de haters :

« Tu es un abruti. Tu es la raison pour laquelle ce pays est tant divisé. Toutes tes vidéos ne sont que ton opinion, et une opinion détestable en plus. Arrête ça. Oh, et être gay est un péché. »

Ça donne la couleur… Dylan Marron est gay et ne le cache pas, ce qui sert de prétexte pour achever ce commentaire déjà violent, avec un dernier coup de couteau.

Ce qui est impressionnant, tout d’abord, c’est la sérénité avec laquelle Dylan aborde la discussion. Il n’est pas question de se venger ou de faire de Josh une bête de foire : il veut en savoir plus sur lui, qui se révèle être un lycéen, sur le point de débuter ses études pour devenir assistant thérapeute :

« J’aime aider les gens. J’aurais voulu faire du conseil, mais les études sont trop longues et trop chères, alors j’ai pensé que ce serait une bonne idée. »

Il commence donc par poser la question à Josh : qu’est-ce qui l’a poussé à laisser un tel commentaire ?

« J’étais juste en colère à propos de tout ça. C’était une accumulation de tout ce que tu dis dans tes vidéos, qui m’ont rendu fou. »

En particulier, c’est la vidéo de Dylan intitulée « Unboxing Police Brutality », pour comprendre ce que sont les violences policières, qui a été la goutte d’eau qui fait déborder le vase pour Josh.

Pour lui, toutes les forces de l’ordre sont mises dans le même panier dans ce type de discours, alors qu’il a un profond respect pour elles – d’autant plus que plusieurs membres de sa famille en font partie.

S’ensuit une discussion à propos de ces violences policières, qui permet aussi d’aborder leur traitement par les médias

, interprété totalement différemment par les deux jeunes hommes.

D’ailleurs, Josh n’est pas fan des médias car il trouve qu’ils ne couvrent que ce qu’il y a de négatif dans le monde, alors qu’il s’y passe plein de belles choses aussi « comme ces marches contre le cancer ».

Ce à quoi Dylan répond, et c’est important pour la suite, que l’on peut voir ces marches comme quelque chose de négatif, car c’est en rapport avec une maladie qu’on n’arrive pas encore à vaincre. Comme quoi, tout est ambivalent.

Dylan revient au commentaire, et en particulier à la dernière phrase : « Être gay est un péché ». Et Josh explique que cela tient de son éducation :

« – de respecter ce que dit la Bible, et être gay est l’un des plus gros trucs dedans. […] Je pense qu’être gay, c’est un choix – et je ne dis pas ça dans le but de te vexer.

– Je ne suis pas offensé, parce que d’une part, je sais que je n’ai pas choisi ça, et en plus, ça aide de savoir ce que tu crois, même si c’est en directe opposition avec ce que je sais être la vérité, pour moi. Mais alors dis moi, pourquoi avoir terminé ton commentaire ainsi ?

– J’étais en colère. Les humains tendent à dire des choses quand ils sont en colère, qu’ils ne diraient pas autrement. J’essayais malheureusement simplement de te blesser. Et ça m’est revenu dans la tête. »

« Les gens blessés blessent des gens »

Okay, donc là, on arrive au point très intéressant dans cette discussion. Josh a voulu délibérément être méchant et blesser Dylan. Mais plutôt que de se focaliser là-dessus, Dylan en revient à Josh :

« – C’était comment le lycée pour toi ?

– C’était l’enfer, et ça l’est toujours même s’il ne reste que deux semaines.

– Qu’est-ce que tu veux dire par enfer ?

– Quand tu es différent, de n’importe quelle façon, si tu n’est pas « populaire », tu n’est pas vraiment apprécié, tu vois ? Je suis un peu plus rond que beaucoup de gens, et on me juge avant de me connaître. […]

On m’a appelé gros cul, idiot, on m’a dit que tout le monde s’en foutait de moi, que je devrais boire de la javel, que je suis moche comme pas possible.

– C’est détestable de leur part… Et je veux que tu saches que j’ai été moi aussi harcelé au lycée, en particulier par des mecs qui disaient que j’étais gay. »

Sans chercher d’excuses aux harceleurs, la discussion en arrive à la conclusion que lorsqu’on reçoit tant de méchanceté, il faut finir par en faire quelque chose, par évacuer la colère qui nous emplit. Pour Dylan, c’était d’énormes disputes avec ses parents. Et finalement, le commentaire de Josh découlait un peu de ce même processus.

C’est très révélateur, et c’est loin d’être un cas isolé. Sur madmoiZelle, on parle beaucoup de harcèlement scolaire, et on avait donné la parole aux harceleuses en 2013. C’était un cas de figure assez récurrent, que celui de la fille harcelée qui finissait par en harceler d’autres à son tour.

Et c’est ce qui donne son titre à cet épisode du podcast, finalement : « Hurt people hurt people », en français « les gens blessés blessent des gens ».

Pas une excuse, pas un passe-droit, mais une clé de compréhension et un sacré outil pour désamorcer les conflits et tensions.

Vous savez quoi ? On est tous humains

Finalement, Josh et Dylan ont beaucoup en commun, ne serait-ce que le fait d’être « différents ».

Et quoi de mieux que d’oser être différent, pour rendre le monde meilleur ? On n’aurait pas cru, mais c’est bien Josh qui tire cette conclusion :

« Ne change pas à cause de ce que disent d’autres gens. Je pense que t’es un mec bien, t’es vraiment cool.

Et ce n’est pas parce que je ne suis pas d’accord avec les choix que tu as faits, ou les choix avec lesquels tu es né, selon le point de vue, que je ne suis pas d’accord avec toi.

Je peux détester le pêché, ça ne veut pas dire que je dois détester le pêcheur, comme dit Dieu. Donc ne laisse pas des commentaires stupides comme celui que j’ai fait te changer.

Si tu n’es pas prêt à assumer cette différence, alors rien ne changera jamais. Si tu n’est pas prêt à assumer ton homosexualité, alors tu n’es pas le vrai Dylan Marron. […]

Je ne peux pas dire ce que l’avenir me réserve, à moi ou à mes croyances… Mais je peux te dire que cette conversation me donne matière à penser. C’est comme si je m’étais renfermé dans une pièce, et que maintenant j’en suis sorti. Je peux voir le monde à travers d’autres points de vue. »

Alors oui, toutes ces discussions ne seront pas toujours aussi productives. Mais imaginez, si on faisait l’effort de dialoguer, à quel point ce monde serait plus bienveillant, dans l’ensemble ?

Je suis la première à ne pas en avoir toujours la force, et je ne reprocherai à personne de ne pas l’avoir.

Simplement, j’aspire réellement à vivre dans un monde où on s’écoute, plutôt que dans un monde où l’on espère crier suffisamment fort pour faire taire le voisin, surtout s’il a une opinion qui nous dérange.

Et la preuve par Josh, parfois, ça marche. Parce qu’en fait, on est tous humains.

À lire aussi : La bienveillance sur Internet, le débat en replay de la Nuit Originale

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Les Commentaires

4
Avatar de Ewillyon
23 août 2017 à 18h08
Ewillyon
Hello !

Contenu spoiler caché.

En tout cas, encore une fois je suis ravie et toujours aussi "amoureuse" de ce genre de discussions !
Et bravo pour l'article @Esther ! Clair et bien écrit, bien joué !
1
Voir les 4 commentaires

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