Live now
Live now
Masquer
Image d'erreur
Vis ta vie

J’ai testé pour vous… avoir une dégaine pas ordinaire

Tout a commencé le jour où j’ai réclamé à ma mère un de ces joggings en nylon hautement inflammables. Toute ma classe en avait un. Oui, sauf que moi j’ai tenu à ce que le mien soit fuchsia. Ce qui était alors le comble de la ringardise. J’avais six ans.

Plus tard, encore une fois pour faire comme le reste de ma classe, j’ai réclamé un bombers. Mais le Schott noir, je n’en voulais pas. Le mien, je l’ai pris en lamé argent. J’ai réitéré avec le jean neige, sauf que n’ayant pas bien saisi le concept colorimétrique de la neige, j’ai choisi le mien orange. Puis j’ai investi dans les Kickers. Oui mais jaunes. Puis dans les Docs. Oui mais vernies, et en imitation croco.

Et un beau jour j’ai eu une révélation, quand en fouillant dans le grenier de ma grand-mère, je suis tombée sur un sac de fringues ayant appartenu à ma mère dans les seventies. Premier orgasme vestimentaire, noyée au milieu de pantalons pattes d’eph’ aux couleurs improbables et de tops en synthétique qui grattent et qui font sentir des aisselles.

Pendant que mes amis s’adonnaient aux cargos Carhartt et aux Vans, je ne sortais jamais sans mes futes vintage et mes gilets achetés au Secours Populaire. Pour le plus grand malheur de ma mère, qui a fait définitivement une croix sur l’ado au gentil look preppy qu’elle a toujours rêvé d’avoir.

Quand j’ai eu mon bac, ma chambre en cité U et mon indépendance, j’ai un peu flippé de me retrouver seule. Alors je me suis acheté une paire de bottes noires à talons et à bouts pointus, ce qui à l’époque était au top de la mode. Ce fut la plus belle erreur de ma vie. Je me sentais autant à l’aise dans ces bottes que dans des chaussures de chantier. Mais au moins, je ne prenais pas le risque qu’on me fasse une sale réflexion sur mon look.

Puis petit à petit, j’ai pris confiance en moi. J’ai bazardé cette affreuse paire de chaussures en 100% pétrole, et je me suis redirigée vers les friperies vintage et les marchés aux puces. Et je ne les ai plus quittés, malgré quelques erreurs de parcours du genre atébas et piercing au nombril.

Enfin bref, je me suis cherchée, et finalement, je me suis trouvée : en effet, je ne m’accorde qu’avec des robes vintage tendance ridicules, des vieilleries trouvées aux fripes, et les robes que ma mamie a cousues pour se rendre au baptême de mon papa, mâtinées de collants aux couleurs improbables, de chaussures importables et de bijoux en forme d’animaux.

C’est simple, Anna Karina est pour moi la maîtresse absolue du style (j’ai rien compris à Pierrot le Fou, par contre j’ai bien bavé sur la petite robe rouge), et Betty Draper a décidément tout compris (d’une, elle s’est tapé ce fieffé connard de Don, et elle a une garde-robe que je troquerais volontiers contre un rein). Je te vois venir, t’es sur le point de me dire que le vintage c’est à la mode. Certes, ça rentre dans les mœurs.

degaine

La preuve : il y a quelques temps, lorsque je dégotais un nouveau chiffon rétro en tissu qui fait transpirer, ma petite sœur s’enfonçait deux doigts au niveau de la glotte afin de me prouver son dégoût. Aujourd’hui, elle me demande d’une petite voix timide si je ne pourrais pas l’emmener avec elle faire le tour de mes friperies. Merci Dita Von Teese. Enfin, pas tout à fait. S’il est effectivement entré dans l’esprit des gens qu’on pouvait s’habiller autrement qu’en jean brut, tee shirt noir et converses, avoir un look qui dénote une identité pas vraiment discrète, c’est pas facile. La preuve :

Avec ton mec : c’est votre premier rendez-vous. Tu le retrouves dans deux heures, et là il faut que tu t’habilles. Sauf que dilemme : est-ce que tu mets un truc relativement passe-partout, histoire de le préserver un peu (tu lui révèleras ta vraie nature plus tard) ? Ou est-ce que tu lâches tout avec un chemisier en soie rose à manches gigot et une mini en cuir (comme ça au moins il est fixé, il saura à quoi s’attendre) ? Plus tard, alors que l’histoire est sur les rails, il voudra te présenter à sa mère. Tu choisiras ta plus belle robe, celle fabriquée à partir d’une nappe de pizzeria napolitaine. Il lèvera les sourcils et dira : « celle là, t’es sûre ?  Tu veux pas plutôt mettre un pantalon ? » Et le coup de grâce c’est quand il te dira que t’es vraiment canon en jean et baskets, alors que toi t’as juste l’impression d’aller à une soirée costumée.

Avec tes amis : Comme tu ne recrutes pas tes amis sur le contenu de leur garde-robe, et que par bonheur, ils ont fait de même avec toi, nombreux sont ceux avec qui tu n’es pas sur la même longueur d’onde vestimentaire. Du coup, ça limite beaucoup le choix de la copine complice avec qui aller dévaliser les boutiques. Tu préfères faire du lèche-vitrines seule qu’avec quelqu’un qui, alors que tu lui exhibes une superbe robe rouge à volants, te dira avec une moue désapprobatrice que « ça t’irait bien, mais moi vraiment, j’aime pas ». Et que dire de ceux qui, pour te taquiner, parce que qui aime bien charrie bien, te demanderont pourquoi tu t’acharnes à te vêtir avec des rideaux et du tissu d’ameublement…

Avec ta famille : Une fois que tu auras dévalisé le placard de ta maman, tu iras fouiner dans celui de ta mamie, en lui disant que tu ne fais que puiser dans ce qui fera partie de ton héritage. Et quand ta mère-grand te demandera si c’est pour une soirée déguisée (c’est en général pour ça que les cousins fouillent dans ses placards) tu lui répondras « Ah ben non, c’est pour tous les jours, pourquoi ? ». Et elle te regardera avec un air consterné. Quand à ta mère, sa phrase préférée à ton égard sera un truc du genre « Non, mais tu vas pas mettre ça quand même ! Si ? ». Evidement, quand tu vois que le reste de la lignée voue un culte aux dieux Guess et Ed Hardy, tu songes souvent à faire faire des tests ADN à tout le monde.

Au travail : Évidemment, tes collègues sont adeptes du tailleur beige. Souvent, ta responsable te fera des remarques sur ta tenue, te demandant si c’est vraiment approprié pour des missions en contact avec le public. Toi tu ne comprends pas, vu que ta tenue ne comporte ni décolleté nombrilesque, ni cuisseau apparent. Juste du tissu aux motifs que tu ne risques pas de trouver au Comptoir des Cotonniers.

Là où ça deviendra vraiment difficile, c’est lors des entretiens d’embauche. Tu seras obligée de téléphoner à ta copine Sidonie pour lui demander conseil, et elle se sentira obligée de te prêter un chemisier blanc dit « normal » (il y a des chatons brodés sur le tien), en arguant que ta garde-robe n’est en aucun cas adaptée à un entretien pour devenir contrôleur de gestion. Parce que oui, on peut être contrôleur de gestion et être barrée du placard.

Dans la rue : De deux choses l’une. Soit les gens t’arrêtent carrément pour te dire que ce sweat en lurex rebrodé de paillettes est juste une petite merveille, soit ils te stoppent pour te dire que le carnaval c’est passé, et que la manière dont tu t’habilles c’est juste trop moche tellement c’est pas à la mode, et que tu ressembles à un transformiste débutant.

Quoi qu’il en soit, quand on a testé pour vous avoir une dégaine pas ordinaire, on réalise deux choses.

  • Primo, assumer ses goûts, c’est assumer ce qu’on est et ne pas avoir peur de l’image qu’on donne. À moins qu’avoir un look pas vraiment passe-partout soit un moyen de masquer d’autres faiblesses en détournant l’attention.
  • Secundo, avoir une dégaine pas ordinaire en révèle autant sur toi que sur ceux qui réagissent (ou pas) à ton apparence. Et ça permet de faire un joli tri. Pour résumer, montre moi comment tu réagis à ce que je porte et je verrai si je t’offre un coca.
Témoignez sur Madmoizelle

Pour témoigner sur Madmoizelle, écrivez-nous à :
[email protected]
On a hâte de vous lire !


Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.

Les Commentaires

34
Avatar de ArtdeCorps
10 février 2012 à 19h02
ArtdeCorps
Je découvre cet article qu'aujourd'hui mais ça me fait plaisir ! Je ressens un peu la même chose.

Dans la rue, j'ai droit à des sourires d'envie ["regarde son manteau, il est vraiment sympa"] à des "HINHIN UGLY BETTY WESH HINHINHIINN" à cause de mes lunettes papillons framboise translucides avec petits diamants sur les côtés.

J'ai aussi la chance d'avoir beaucoup d'amis gays, d'être bi, et d'être membres de plusieurs asso donc je vais de temps à autre dans des bars gays [et franchement, plus cliché tu meurs]. Et du coup, j'ai droit à "haannn tu ressembles à Lady Gaga !" [trop pas non] et à des petits nullos à peine mineurs qui viennent faire copain copain avec moi parce que je suis "hors du commun".

Celui qui m'a le plus choqué c'est un type qui portait des lunettes sans verre en plastique blanc, qui adoraaiiiit Lady Gaga, que je n'avais jamais vu de ma vie et qui m'a tapé la bise. 5 minutes plus tard, je décidai de partir et il m'a dit "Haann mais comme c'est dommage ! On aurait pu discuter, raconter nos vies et devenir super amis !". C'est gentil hein, mais bon... non merci. Lady Gaga n'est pas mon amie.
0
Voir les 34 commentaires

Plus de contenus Vis ta vie

Source : @Eve_Piper_ sur X
Humeurs & Humours

L’astuce anti-seum : les trouvailles du net de la semaine du 18 mars

1
Source : @ajdeluxe_ sur X
Humeurs & Humours

L’astuce anti-seum : les trouvailles du net de la semaine

1
Source : série Pretty Little Liars
Lifestyle

Et si on arrêtait les vocaux à la place des textos ? Pitié.

26
Deux femmes qui portent le foulard, souriantes et bien habillées. Crédit Gabriella Csapo de la part de corelens via Canva
Culture

6 expositions, films et festivals féministes pour le 8 mars à Paris

Copie de [Image de une] Horizontale – 2024-03-01T143149.814
Soirées & Sorties

Pourquoi le one-woman show de Caroline Vigneaux est le meilleur cadeau, pour soi et pour la daronne

1
Source : Getty Images Signature
Vis ta vie

Top 4 des types de clients croisés au café du coin, en télétravail

idees-date-rendez-vous-froid
Soirées & Sorties

14 idées de rendez-vous galant pour quand on se pèle le fion

7
comment-faire-des-rencontres
Ah ! Les mecs...

Je n’aime pas les applis de rencontres… Je vais où pour pécho ?

11
Quand l'humoriste Malik Bentalha parodie Cédric Grolet pour un résultat exquis // Source : Capture d'écran YouTube
Humeurs & Humours

Cette parodie de Cédric Grolet par l’humoriste Malik Bentalha risque fortement de vous amuser

29
La plus grande gymnaste de tous les temps, Simone Biles, et celui qui lui sert de mari, l'arrogant Jonathan Owens // Source : Capture d'écran Instagram
Humeurs & Humours

Le mari de Simone Biles estime être le vrai « trophée » du couple, ce qui est une sacrée blague en soi…

9

Vis ta vie