1998 – 2018, la boucle est bouclée. Si des Français·es sentaient leur patriotisme en berne, pendant un mois, l’occasion a été donnée de se parer du drapeau français, et non sans fierté !
Un vent de joie et de festivités soufflait ces dernières semaines. Dans les bars, le train, le métro, les rues, les foyers, le foot nous a fait sortir, communiquer, discuter, partager.
Mais puisqu’il y a toujours deux faces à une même pièce, très vite un bilan plus sordide a traversé le web. Sur Twitter, depuis plusieurs jours, des femmes témoignent des agressions sexuelles dont elles ont été victimes.
Face à ces récits, la twittosphère réagit et s’exprime. Et les réponses valent le détour.
Les réactions face aux témoignages d’agressions sexuelles
Une partie des réactions à ces témoignages ont notamment été compilées dans le thread ci-dessous :
Clique pour pouvoir lire ce thread en intégralité !
Les nombreux récits d’agressions sexuelles commises lors des célébrations de victoire ont suscité pléthore de réactions, souvent similaires.
Celles-ci peuvent être classées en catégories bien distinctes, identifiées par ce thread.
Plus de 8 mois après le début du mouvement #MeToo, ces réactions provoquent chez moi comme une impression de retour à la case départ.
Les réactions de la twittosphère me montrent encore une fois que le sexisme est toujours fidèle à son poste de fléau culturel et systémique. Et ce, alors qu’elles font face à des dénonciations de comportements sexistes récurrents des hommes envers les femmes.
Voici un florilège des principales idées reçues qui transpirent de ces réponses.
Les racistes, passez votre chemin, on vous voit
Difficile de passer à côté des commentaires bateaux des racistes enragés qui se servent de la moindre occasion pour justifier leur haine xénophobe.
Sauf que.
Dans les témoignages que j’ai pu lire, personne ne parle de noirs, de blancs, de musulmans ou de « racailles ». On parle ici d’agressions perpétrées par des hommes. Des hommes de toutes origines, et de toutes catégories socio-professionnelles.
Quelle agilité a le raciste pour arriver à retourner n’importe quel sujet et débat de société, afin de pouvoir s’en servir comme argument pour justifier sa xénophobie !
Ok, on vous a vu. Passons à autre chose.
« S’il vous plait, pas d’amalgames ! Tous les hommes ne sont pas des agresseurs ! »
Jusqu’ici, on est d’accord…
Mais. À quel moment ces témoignages affirment-ils que tous les hommes sont des agresseurs ?
En réponse à la dénonciation du sexisme, certaines personnes tendent à diminuer ou invalider le propos en faisant remarquer que oui, c’est grave, mais que les hommes ne sont pas tous des bourreaux.
Le cheminement est simple : si moi, mon frère ou mon père, nous ne sommes pas des agresseurs, alors nous nous dédouanons du problème qui devient un problème anecdotique et individuel, et non plus systémique.
Il s’agit ici de la réaction type visant à rappeler que TOUS les hommes ne sont pas mauvais. Oui, et vous savez quoi ? Ce n’est pas le sujet !
Encore aujourd’hui des milliers de femmes sont agressées par des milliers d’hommes et ce, tous les jours, même en période de coupe du monde. Et c’est ça, le sujet.
« Un bon coup de genou dans les couilles et on n’en parle plus ! »
Cette réaction pourrait aller de pair avec le fait de dire que les femmes n’avaient rien à faire dans les rues pendant la coupe du monde.
Bah oui, avec autant de mecs bourrés au mètre carré, on savait que ça pouvait arriver ! Ne cherchez pas les ennuis, mesdames !
Ou apprenez à vous défendre, car vous savez que le risque existe. Mais tous les hommes ne sont pas comme ça, hein, attention !
Une grande démonstration de logique.
D’un côté, cette réaction concède une triste réalité : les femmes deviennent encore trop souvent des proies quand elles sont seules dans l’espace public.
Mais de l’autre, elle rend les femmes responsables d’un problème systémique qui résulte d’une culture sexiste généralisée.
Elle induit que les femmes devraient faire attention à elles et apprendre à se défendre pour dissuader l’agresseur. Or, ce serait plutôt à l’ensemble de la société d’évoluer, pour permettre aux femmes de jouir des mêmes libertés que les hommes !
Nous sommes tous et toutes concernées par le sexisme
Je suis d’avis que dans une nécessité d’empouvoirement des femmes sur leur corps et leur place dans la société, le message devrait passer dans les oreilles de toutes que :
Oui. Vous avez le droit de vous défendre, de frapper, de dénoncer, de crier, de faire peur à votre agresseur.
Oui. Si avoir une bombe lacrymogène ou une matraque télescopique dans votre sac à main, et que prendre des cours de krav maga vous aide à vous sentir plus en sécurité, faites-le !
Mais dire que se cacher ou riposter par la violence est LA solution pour que les violences faites aux femmes disparaissent, c’est nier la responsabilité globale que nous avons TOUS et TOUTES dans le problème du sexisme.
C’est aussi nier à quel point le sexisme est ancré et inhérent à notre société depuis des lustres.
Et c’est surtout ne pas considérer qu’il est parfois impossible de réagir et se défendre. C’est oublier toutes les femmes qui se sentent honteuses, démunies, et qui ne devraient pas pour autant se priver de fréquenter certains lieux et certains évènements.
La seule réponse au sexisme et aux violences qu’il génère ne peut pas être : défendez-vous.
La coupe du monde, en tant qu’événement fédérateur de centaines de milliers de personnes donne une photo très représentative d’où en est notre société, 9 mois après #MeToo.
À en juger par ces commentaires, il y a encore du chemin à faire pour que les mentalités évoluent.
Et toi, quel est ton sentiment sur ces réactions aux témoignages de victimes d’agressions sexuelles ? Quel regard portes-tu sur l’évolution de la société française depuis #MeToo ? Viens partager ton expérience dans les commentaires !
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