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Société

3 avocates commises d’office parlent de leur métier méconnu

Trois avocates commises d’office racontent leur quotidien dans une série documentaire. Des épisodes qui permettent de mieux comprendre ce métier trop souvent mal vu.

Les idées reçues se bousculent quand on pense aux avocat•es commis•es d’office. Dans l’imaginaire collectif, et dans la fiction, ces magistrat•es n’ont pas toujours bonne presse.

La réalisatrice Olivia Barlier avait elle aussi des idées fausses en tête avant de rencontrer un ami d’ami exerçant ce métier. Il lui a fait découvrir que la profession était loin des clichés que l’on peut imaginer.

C’est ainsi qu’elle décide de lui rendre hommage dans une série documentaire diffusée sur YouTube, à travers huit épisodes de sept minutes trente qui permettent de montrer le visage méconnu de la profession.

Et c’est plus qu’intéressant. Ça secoue.

Commises d’office, une série qui tire le portrait de trois avocates dans le vent

La série suit au jour le jour trois avocates commises d’office en banlieue parisienne : Déborah, Noémie et Marion. Des portraits subtils qui laissent autant place aux nombreux cas compliqués qu’aux précieuses victoires.

Et pour que le documentaire montre la réalité du métier, il a fallu obtenir les autorisations pour suivre les protagonistes partout : dans les salles d’audience, les commissariats ou pendant les entretiens. Des lieux qui ne sont pas forcément accueillants.

Olivia Barlier, la réalisatrice, explique :

« Il était primordial que j’arrive à me faire la plus discrète possible afin de ne pas rajouter une part supplémentaire de stress aux situations et qu’elles soient captées au plus proche de la réalité du quotidien des avocates.

Si Marion, Noémie et Déborah sont très différentes, j’ai été marquée par cette énergie commune qui les anime. Elles arrivent en toutes circonstances à apporter le soutien nécessaire, ça change définitivement tout pour les gens qui se retrouvent là… »

Si la profession peut être difficile à exercer, elle l’est aussi à montrer. C’est pour cette raison que la réalisatrice a tenu à rencontrer des personnes avec qui elle s’entendait très bien avant de se lancer dans la série.

« Déborah, Noémie et Marion étaient emballées par le projet, elles voulaient dévoiler leur métier. Je pense qu’elles souhaitaient montrer qu’elles font le boulot de la même manière que n’importe quel•le avocat•e choisi•e, qu’elles s’investissent vraiment.

Parce qu’être avocate commise d’office, c’est ça : défendre des client•es qui n’ont pas forcément suivi les règles que notre société impose, qui ont perdu le contrôle et surtout qui n’ont pas les moyens de payer, et donc ne peuvent choisir la personne qui va les défendre. »

À lire aussi : Le viol conjugal au cœur d’un procès poignant, dessiné par Pénélope Bagieu pour Envoyé Spécial

Commises d’office, un métier humain avant tout

Thématique oblige, on découvre à travers la série Commises d’office de nombreuses affaires touchantes. La réalisatrice me raconte celles qui l’ont le plus marquée.

« Pour moi, chaque nouvelle situation est très émouvante, mais celles concernant les mineurs le sont d’autant plus. Il y a dans le documentaire cette histoire qui m’a particulièrement touchée, celle d’une jeune fille qui a peur de son père, qui a essayé de l’écraser avec une voiture.

Mais l’affaire qui m’a le plus touchée, c’est celle avec un héroïnomane dépassé par son addiction qui a fini par dealer par besoin.

Cet homme m’a paru tellement fragile et démuni… Il avait l’air écrasé par cette machine judiciaire… Je n’ai pu m’empêcher de ressentir de l’empathie.

La journée a été extrêmement longue et même si Noémie n’était au final pas totalement convaincue de l’efficacité de sa plaidoirie, elle a réussi à emmener la juge dans son raisonnement. Ce client n’est pas parti en détention. »

À un moment, l’une des avocates explique qu’il n’y a pas de vrais méchants, de vrais monstres. Une phrase qui fait écho à ce témoignage d’infirmier qui soigne des criminels : au fond, tout le monde a du bon en soi. Et ça donne espoir !

La série Commises d’office montre un métier… qui a aussi des moments de légèreté

J’ai particulièrement apprécié dans le documentaire que l’on voit des moments plus légers, où les trois avocates s’amusent.

Olivia Barlier explique que c’était volontaire, histoire de montrer le quotidien tel qu’il est et non seulement le côté dur du métier.

« C’est comme n’importe quel métier, au bout d’un moment, pour faire un travail efficace, il faut aussi prendre le temps de se détendre. Mais quand il faut être sérieuses, Déborah, Noémie et Marion le sont.

D’ailleurs, ces avocates sont aussi là pour aider les clients à relativiser, à ne pas perdre leurs moyens.

C’est leur quotidien à elles mais pas celui de leurs clients. Ils risquent souvent très gros. Alors elles ont aussi pour rôle de les rassurer, de leur montrer que quelqu’un est là pour les écouter, pour les défendre, pour prendre le relais. »

Alors, parfois, j’ai ri avec elles. Et ça faisait du bien.

Commises d’office, une série qui donne espoir

Finalement, la série Commises d’office a deux qualités principales.

La première est de promouvoir une profession de manière bien plus sexy qu’un reportage Onisep. La réalisatrice m’explique à ce sujet :

« J’espère donner envie aux étudiants en droit de se lancer dans cette voie. Même si c’est un métier terrible de l’extérieur, c’était passionnant de suivre ces trois avocates au jour le jour. Passionnant et inspirant. »

La seconde est de donner espoir au genre humain. Et ça, c’est beau.

À lire aussi : « L’avocate du diable », le témoignage de celle qui défend violeurs et meurtriers


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Les Commentaires

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Avatar de Eros Thanatos
18 juin 2017 à 22h06
Eros Thanatos
Merci beaucoup pour la découverte, @Anouk Perry ! J'ai dévoré les épisodes, c'était vraiment très intéressant et très bien réalisé. J'aime beaucoup ce genre de portraits tout en sobriété qui ne défendent aucune thèse et se contentent de créer de l'empathie. Et du coup, là on a une sorte de mise en abîme de l'empathie, puisque le métier des femmes que l'on suit consiste en grande partie à avoir de l'empathie pour leurs client-e-s afin de les défendre au mieux.

Du coup, je suis en train de m'intéresser aux autres séries documentaires des Nouvelles Écritures du Réel, qui ont l'air chouettes aussi !
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