Petite, je n’ai jamais eu peur du vide. Ce qui a toujours déstabilisé mes parents, particulièrement ma mère qui a le vertige du haut d’un escabeau. Je rêvais de pouvoir prendre l’avion un jour, mieux, de pouvoir sauter en parachute tel un membre des forces spéciales.
Les années ont passé et je suis devenue une adulte (une bien drôle d’idée j’en conviens). Avec son lot de peurs, de barrières et de doutes qui se sont ancrés pour scléroser peu à peu mon insouciance. Le « je rêve de sauter en parachute » est devenu « je rêverais de dépasser ma peur de sauter en parachute ».
Mais bien évidemment, étant donné que je ne m’en estimais pas capable, j’ai laissé cette idée saugrenue dans un coin de ma tête, l’enfouissant assez pour qu’elle me laisse tranquille.
Sauter en parachute : comment vaincre ma peur
Jusqu’à ce qu’au début de l’été, des potes me proposent de me joindre à eux pour aller « jumper » (c’est le verbe que les amateurs de chute libre emploient). J’ai commencé par décliner la proposition en me disant que financièrement, ce n’était pas hyper raisonnable.
Mais plus j’y réfléchissais, plus je me disais que l’occasion était trop belle pour la laisser passer. Deux de mes acolytes ont passé leur diplôme de chute libre (PAC pour les intimes). J’ai pu vivre par procuration les différentes étapes qu’ils ont franchies sur la base, et je sais que l’équipe qui les encadre est au top.
Toutes les conditions étaient donc réunies pour vivre un moment inoubliable. Il ne me restait plus qu’à vaincre ma meilleure ennemie : la peur. Elle est aussi grande que mon envie de la vaincre est forte. Dire que c’est un combat de titans qui s’annonce dans ma tête à cet instant serait un euphémisme.
Une fois rentrée chez moi, je vais donc consulter le site de la base sur laquelle j’effectuerai le grand saut afin de prendre quelques informations pratiques. Comme tu l’auras deviné, derrière ce simple désir d’information se cache une raison bien plus évidente : le besoin d’être rassurée !
Un témoignage qui me donne envie de sauter en parachute
J’ai alors le même réflexe que lorsque l’on a un symptôme inconnu un dimanche après-midi : vouloir chercher une explication sur internet ! Je travaille depuis assez longtemps dans le web pour savoir qu’il s’agit de LA PIRE IDÉE qui soit lorsque l’on cherche à se rassurer, quel que soit le domaine concerné.
Comme je ne suis pas née de la dernière mésinformation émanant d’un forum de Doctissimo, je cible donc ma recherche de manière à ne pas tomber sur le témoignage de Jean-Michel Padpo.
C’est ainsi qu’après avoir vu défiler trois sites des bases des plus sérieuses, mes yeux se posent sur le titre d’un article publié par l’Express : « Mon premier saut en parachute, la preuve que nous sommes nos propres freins ».
Cynthia y raconte ses appréhensions, et comment après le millième de seconde pendant lequel on se demande ce qu’on fait là (je suis toujours en vie, je respire, je n’ai pas percuté un oiseau) les 50 secondes qui suivent sont purement magiques.
Je remercie l’univers et Google de m’avoir conduite à cet article, et décide que je ne chercherai pas plus loin : c’est exactement ce que je veux garder en tête dans les jours qui viennent !
Contrairement à mon habitude, j’en parle autour de moi. Comme ça impossible de reculer : mon entourage attend mes impressions ! Les seules personnes à qui je ne veux pas en parler sont mes parents, parce qu’il se feraient un sang d’encre et que je veux leur épargner ça.
Mais également parce que je refuse de me laisser envahir par des ondes négatives qui pourraient potentiellement me faire douter.
La veille du jour J, je suis étonnamment sereine. Je pensais que le stress s’intensifierait au fil des jours mais non : J’AI TERRIBLEMENT HÂTE !
Hâte de découvrir des sensations, de me dépasser, d’y arriver. De faire partie de ces initiés que j’admire depuis que je suis gosse ! Je ferais certainement moins la maligne demain, mais chaque chose en son temps.
Le jour de mon saut en parachute
Le réveil à 6h du matin pique sévère, mais ça y est : c’est le jour J !
Nous sommes samedi, qui plus est le week-end du 14 juillet, alors nous devons arriver tôt sur la base pour éviter qu’il y ait trop de monde. Spoiler alert : c’est blindé quand on arrive. De nombreuses personnes sont déjà harnachées et prêtes à embarquer, entourées de leurs proches plus ou moins détendus et prêts à immortaliser le moment.
Nous commençons par les formalités administratives, avant de pouvoir patienter pour savoir qui sera notre binôme de tandem / skydiver expert / personne qui tiendra notre vie entre ses mains (no drama) et l’avion auquel nous serons affectés. (On utilise le terme skydiver pour désigner spécifiquement quelqu’un qui saute depuis un avion, et non depuis un point fixe).
On nous demande alors si on a mangé (car “celui qui mange est celui qui ne vomit pas”, un adage que je te conseille fortement de retenir si tu veux te jeter dans le vide). Comme le petit dej’ remonte à quelques heures, on décide d’aller faire un tour à la cafétéria en attendant.
Les conditions météorologiques ne sont pas ultra favorables, car le ciel est très nuageux. Deux des potes qui m’accompagnent ont récemment obtenu leur diplôme de chute libre, leur permettant de sauter seuls, mais ils n’ont malheureusement pas encore assez de sauts à leur actif pour être autorisés à le faire aujourd’hui, en raison de nuages trop bas.
Pour les sauts en tandem, cela ne pose en revanche pas de problème. L’attente ne sera finalement pas si longue. Mon nom et celui de mon acolyte qui va aussi effectuer son baptême s’affichent sur l’écran : plus que 3 avions avant notre départ, soit moins d’une heure avant d’embarquer.
L’ascension en avion avant le saut en parachute
À l’appel de nos noms, nous nous présentons pour être équipés par notre moniteur. Je rencontre donc Cédric, qui dégage une force tranquille sans pareil, il fixe mon harnais avec bienveillance tout en évaluant l’état d’esprit dans lequel je me trouve. À ce stade, j’affiche un immense sourire et lui explique qu’il s’agit d’un véritable challenge pour moi.
Après un briefing de quelques minutes nous expliquant les positions à tenir pendant les trois grandes étapes du saut, direction le tarmac, où nous montons dans l’avion. Nous embarquons alors pour une vingtaine de minutes d’ascension jusqu’à 4000m, avec 3 autres tandems, 2 skydivers qui chuteront en solo, et 2 videomen pour immortaliser tout ça.
Si tu nous imagines tous assis sur des sièges placés le long de la carlingue, oublie tout de suite ! Nous sommes à même le sol, dos au pilote, chacun assis entre les jambes de la personne placée derrière nous. Une configuration qui rapproche.
Pendant toute la montée, je regarde le ciel comme une gosse, ne réalisant pas vraiment ce que je m’apprête à faire. Je suis étonnamment détendue. Cédric me demande régulièrement comme je me sens et m’explique chaque détail de la préparation. Il me rebriefe sur les positions à tenir et me donne quelques derniers conseils.
Sauter en parachute : des sensations incroyables
Arrivés à 3000 mètres, les premières lignes commencent à échanger des checks, il s’agit de se dire : “bon saut et on se retrouve en bas !” (et pas bonne chance comme on pourrait le penser au premier abord).
4000 mètres, on y est. À partir de là, tout va TRÈS vite ! En quelques secondes, la porte s’ouvre, le vent s’engouffre, le bruit est assourdissant et on prend conscience des vingts degrés perdus pendant la montée. Le premier skydiver s’accroche à l’extérieur de l’avion, les cameramen et jumper solo se jettent dans le vide.
La peur est montée en une fraction de seconde. Je souffle un grand coup. Cédric me demande une dernière fois si ça va, et nous fait glisser jusqu’à la porte en me rappelant en quelques mots la position à tenir et là … difficile de retranscrire avec des mots ce que j’ai ressenti.
Il me semble que j’ai crié, très fort. Je ne sais plus trop. Nous chutons à 200km/h au dessus d’un tapis de nuages. Je ne vois qu’une immense étendue blanche à perte de vue, le sol est encore imperceptible et la dose d’adrénaline que je suis en train d’encaisser est d’une intensité rare.
Pendant ces 50 secondes, je suis submergée par des sensations si fortes que je ne sais plus trop où je suis. Je vois les mains de Cédric qui me rappellent la position à tenir, il joue un rôle de repère extrêmement rassurant qui à cet instant me faire garder le lien avec la réalité.
Il me fait signe de regarder l’horizon : on peut rapidement prendre le réflexe de regarder en bas, ce qui peut entraîner des difficultés à gérer sa respiration.
Il faut savoir que la sensation de manquer d’air est une de mes plus grandes peurs (je t’entends te demander : mais pourquoi tu fais ça alors, ça va pas bien ?!), et malgré ma déconnexion j’ai réussi à appliquer les deux conseils de Cédric à la lettre : regarder devant moi et me détendre.
Nous traversons les nuages (oui j’ai bien dit NOUS TRAVERSONS LES NUAGES, cette phrase est complètement dingue) et Cédric déclenche l’ouverture du parachute, tout en me félicitant chaleureusement “Bravo Véro, tu l’as fait !”.
L’atterrissage après un saut en parachute
Je ressens la sécurité provoquée par l’adhérence de la toile au vent, et découvre en même temps le paysage qui se trouve sous nos pieds. Le vol sous voile commence. Cédric nous fait alors faire un tour à 360°, puis me donne les commandes du parachute pour quelques secondes (minutes ? la notion de temps s’est fait la malle depuis bien longtemps).
J’ai à nouveau 10 ans : je ris, je dis que trouve ça fou, je suis submergée par mes émotions. J’ai dû répéter un nombre incalculable de fois que c’était incroyable.
Au 3ème ou 4ème tour je lui demande de ralentir un peu, car je sens que j’arrive aux limites de ce que mon corps arrive à supporter ! Arrive alors le moment de préparer l’atterrissage, et je me dis que tout est passé très vite.
Nous touchons le sol sans encombre, je rends mes lunettes à Cédric qui repart direct dans un avion pour effectuer un autre saut en tandem.
De mon côté, je suis aussi fière que dépourvue de tout gramme de glycémie dans le sang. Je ne me rends absolument pas compte que je suis blanche comme un linge (mes proches ont eu la délicatesse de ne pas insister sur ce point) bien trop heureuse et sonnée par l’incroyable expérience que je viens de vivre.
Mes partners in crime malencontreusement restés au sol savent ce que je suis en train de vivre et me laissent donc tout l’espace nécessaire pour que je puisse redescendre à mon rythme.
Je n’ai pas de mots, je suis stone et ce dont j’ai besoin dans l’immédiat est d’éclater un gros burger. Après avoir repris des forces, j’ai à nouveau les pieds sur terre mais la tête encore là haut. Il me faudra encore un peu de temps avant d’atterrir totalement.
Le bilan après mon saut en chute libre
Bien que l’expérience ait sans aucun doute été plus intense et physiquement éprouvante pour moi que pour d’autres, je n’ai qu’une envie : recommencer ! Maintenant que je connais les étapes et les sensations, je vais pouvoir profiter plus pleinement du prochain saut.
Si tu souhaites effectuer un premier saut en tandem, ou carrément passer le cap et être formé(e) pour devenir skydiver, je ne peux que te recommander de te rendre à l’aérodrome d’Estrées-Mons près de Peronne (en Haute Somme) : l’équipe de chutelibre.net est d’une incroyable gentillesse et d’un professionnalisme sans faille.
Mille mercis à Cédric de m’avoir accompagnée dans cette aventure (son compte Instagram si tu veux le suivre : bluesky.paris). Rendez-vous au prochain saut !
Et toi, tu as déjà fait le grand saut ? Tu y réfléchis ? Viens en parler dans les commentaires !
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