Qu’est-ce qui me met plus en joie que de voir une meuf se lancer dans sa passion tel un petit poney fougueux ?
Voir deux meufs, meilleures amies, qui se lancent dans leur passion ensemble, peut-être…
C’est Pas Un Film : la première interview d’Alex et Tal
J’étais donc aux anges en rencontrant Alex et Tal pour les écouter retracer leur parcours.
À 25 ans, les deux jeunes femmes derrière C’est Pas Un Film sont devenues photographes en quelques mois et ont fait des portraits de rappeurs leur spécialité.
Leur culot et leur talent vont les emmener très loin, mais ce sera sur madmoiZelle que tu auras lu leur première interview !
Comment vous êtes-vous rencontrées ?
Tal : On est amies depuis le lycée et nos études d’esthétique. Moi, je détestais l’école. On séchait beaucoup, toujours à deux (rires).
Alex : Au collège, on m’avait dit « C’est coiffure ou esthétique », donc je me suis retrouvée en lycée pro.
Qu’est-ce que vous faisiez avant C’est Pas Un Film ?
Alex : Euh, moi j’ai été surveillante… (rires). Quand j’ai arrêté mes études, j’ai eu ma fille et je suis restée mère au foyer. En troisième, je n’avais aucune idée de ce que je voulais faire. Je savais juste que j’aimais l’art donc ma mère m’avait payé des cours de peinture et j’étais dans une classe option Art au lycée.
Tal : J’étais mère au foyer aussi. J’avais voulu faire une école de photo il y a des années mais j’avais raté le concours et laissé tomber.
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Comment avez-vous commencé la photo ?
Tal : On fait de la photo de manière professionnelle depuis un an. Avant ça, on faisait des photos chacune de notre côté, avec nos téléphones. On photographiait nos enfants et on les postait sur Instagram, en mode « #instamom ».
Puis mon ex-belle-mère m’a donné son réflexe et on a commencé à se prendre en photo entre nous, en jouant beaucoup sur les couleurs, en assortissant nos tenues aux décors.
Un jour, j’ai repris contact avec un ami réalisateur et il nous a invité sur le tournage d’un clip. On a fait des photos pour le plaisir, pour se faire la main.
Alex : Comme ça nous a plu, notre ami nous a fait venir sur d’autres tournages. Un jour, on a eu le déclic et on a compris que c’était vraiment ce qu’on voulait faire. Ensuite des labels sont venus à nous et tout s’est enchainé. Aujourd’hui, on commence à en vivre.
Vous écoutiez du rap avant ça ?
Tal : Moi pas du tout, j’étais plutôt rock et métal. J’avais écouté du rap plus jeune mais j’avais arrêté en me disant que les deux styles n’allaient pas ensemble. Ensuite, je me suis ré-ouverte, je me suis libérée et je me suis avouée que oui, j’aime AUSSI le rap.
Alex : Et puis quand c’était moi qui mettais de la musique, c’était forcément du rap donc ça a finit par l’influencer je pense ! Le rap est tellement diversifié aujourd’hui que tout le monde peut y trouver son compte.
Rap et féminisme, pour vous c’est compatible ?
Alex : Je sais que ça peut paraître contradictoire d’être féministe et d’écouter une musique qui dépeint souvent les femmes comme des objets… Mais il faut voir le côté egotrip de l’exercice.
Les rappeurs se donnent un genre parce que lorsque tu les rencontres, ils sont respectueux, ce ne sont pas des gros misogynes mais ils reflètent aussi la société dans laquelle on baigne.
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Ça a été compliqué de vous imposer dans ce milieu ?
Tal : Au début, c’était super intimidant de demander aux artistes de poser, on était un peu timides. Mais quand tu l’as fait une fois ou deux, la barrière tombe et tu te dis que si t’as su gérer la fois précédente, ça devrait le faire.
Alex : Moi je suis plutôt renfermée sur moi-même à la base. Avec la photo, je me suis rendu compte que lorsque tu t’ouvres, il se passe plein de trucs cool. Quand t’es pas dans ton coin, que tu vas parler aux gens, tu te fais des contacts et plein de portes s’ouvrent.
Tal : Sachant qu’on avait passé pas mal de temps enfermées nous-mêmes dans nos appartements, avec nos enfants.
Alex : La photo nous a fait un entrainement pour nous-mêmes, pour la vie. Ça nous a donné plus d’assurance. Et finalement, dans ce milieu plutôt masculin, les gens nous disent qu’ils sont contents de bosser avec des femmes, qu’on a un œil différent, une autre approche. Ni mieux, ni moins bien mais différente.
On vous a pris au sérieux dès le début ?
Taj : Dans le milieu professionnel, une fois qu’on avait fait nos preuves, oui. Mais nos familles et nos amis ont eu beaucoup de mal à prendre notre démarche au sérieux.
Le fait de se lancer à corps perdu dans un truc « pas sûr » leur a fait peur.
Alex : Tout le monde ne comprend pas la photo, les gens pensent qu’il n’y a aucun débouché.
Taj : Nos proches avaient aussi du mal à prendre ça au sérieux parce qu’on est meilleures potes et que c’est notre passion. Quand on va sur les tournages de clip, on est contentes, on s’amuse… Donc nos proches pensent qu’on sort entre copines. Ils ne comprennent pas qu’on puisse kiffer ET travailler. Mais nos mères commencent à être de plus en plus impressionnées (rires).
Le syndrome de l’imposteur, ça vous parle ?
Tal : Ah carrément ! J’avais beaucoup de mal à me penser légitime au début.
Alex : J’étais plus confiante parce que je faisais de la photo de concert à côté qui me permettait de m’entrainer, de travailler mes réglages, de m’exercer à la retouche. D’ailleurs, c’est bien la première fois de ma vie que j’ai confiance en quelque chose. Je me suis posé très peu de questions. Jusqu’à maintenant, quand j’entamais quelque chose, j’étais là à me dire « Mouais mais oui, non, oui, non… » et je finissais par lâcher.
Tal : Ça a été ça avec tous nos tafs !
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Alex : Mais là non, là j’ai confiance. Aussi parce qu’il y a des gens qui croient en nous et qui nous poussent, comme nos potes réalisateurs et surtout un chef op qui nous a donné une force incroyable. Il nous a appris presque tout ce qu’on sait aujourd’hui, il nous a prêté du matériel, ramenées sur d’autres tournages dans nos périodes de creux…
Tal : Quand on a des baisses de moral, il y en a toujours une de nous pour remonter l’autre.
Alex : C’est une grande force d’être deux.
Quel conseil vous donneriez aux madmoiZelles qui n’osent pas se lancer ?
Alex : Si c’est votre passion, lancez-vous à corps perdu. N’ayez pas peur, croyez-en vous. Rien ne peut t’arrêter si t’es vraiment passionnée par ce que tu fais. J’avais peur de me lancer dans ma passion, mais du moment où je me suis lancée, je me suis enfin sentie bien dans ma vie, enfin à ma place. Il faut persévérer, résister aux échecs. Ces moments testent ton envie d’y arriver.
Tal : Aller au travail en faisant la gueule, ça nous paraissait de toute façon impossible. On ne se voyait pas se lever en soufflant toute notre vie. Là, on se lève à 3h du matin s’il faut et on est contentes.
Alex : C’est important de bien s’entourer aussi, de s’entourer de personnes qui te donnent de la force, te poussent, te donnent des coups de pouces.
Tal : Et tu supprimes ceux qui ne croient pas en toi !
Alex : Si t’aimes vraiment ce que tu fais, ça ira comme sur des roulettes, la motivation sera là. C’est le but de la vie, de faire ce qu’on aime !
Tu peux retrouver C’est Pas Un Film sur Instagram et suivre l’incroyable parcours de Alex et Tal qui t’aura, je l’espère, donné envie de bien niquer le game. Cordialement.
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Les Commentaires
Leurs photos sont belles, et je ne doute pas qu'elles ont bossé dur. Mais elles ont clairement eu énormément de chances niveau contacts et tout... ce n'est pas la réalité pour l'immense majorité des artistes, que ce soit dans la photo ou autre.
Ce n'est même pas encourageant en fait comme propos , à mes yeux. C'est joli sur le papier, mais c'est limite démotivant pour les gens qui galèrent. Enfin ce n'est que mon avis.