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Celui qui… ne m’a pas retenue

La rupture est toujours un déchirement. On tourne et on retourne l’idée dans son crâne transformé en sèche-linge. Et parfois, rien ne se passe comme on l’avait prévu.

Voilà. J’étais face à lui, les yeux dans le vide. Les mains moites. Le dos pas très droit. J’allais le faire, il le fallait. Après de longs mois à prendre sur moi, à laisser couler, à attendre la prochaine fois. Après l’attente et quelques promesses, des combats avec moi-même. Après m’être battue en pensant que tout irait mieux. Que tout irait bien.

Ça n’allait pas.

Lui et moi, on était ensemble depuis cinq années. On vivait sous le même toit depuis trois d’entre elles, partageant couette, Sopalin et t-shirts trop larges. On était bien, surtout le dimanche matin, quand le micro-ondes sentait le pancake réchauffé et le samedi soir, quand on se couchait chacun de notre côté avec un goût de bière blonde dans la bouche.

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Voilà, j’étais face à lui, les yeux dans le vide. Les mains moites. Le dos pas très droit. J’allais le faire. J’allais le faire souffrir.

En 2011, notre histoire commençait comme un excellent drame sur grand écran. J’en quittais un autre pour lui, j’ouvrais les yeux. Je laissais mon cœur décider et ma raison sur un autre palier. J’étais heureuse, vivante, avec ce cœur qui crépite.

C’était trop beau pour ne durer qu’un temps, et Victor Hugo en aurait fait une super adaptation. C’était ma comédie française à moi : on était beaux, s’emboîtant comme des LEGO et regardant dans la même direction sur notre couverture Facebook.

C’était lui. Il avait vaincu l’angoisse, le noir, l’ennui. C’était forcément lui.

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Je me suis accrochée à cet espoir de toutes mes forces, comme une tique derrière le genou qui lutte pour ne pas qu’on lui sépare la tête du corps. J’ai embrassé cette idée, je l’ai serrée dans mes bras, le plus fort possible. Malheureusement, je ne fais que cinquante kilos. Et ça n’a pas suffi.

Il m’a appris à ne plus avoir peur de la routine et à l’apprécier plus qu’une nouvelle box Sushi Shop. Y a juste qu’un jour, on a commencé à ne plus marcher côte à côte. Un pas de plus, intercalé, puis deux. Et on se décale, on se gêne. On se lâche.

J’ai ouvert mes doigts, desserré l’étreinte. Et j’ai lâché. J’en avais des bleus sur les phalanges, j’y avais cru. J’avais tenté de recoller les morceaux, de faire des efforts, de prendre sur moi. Et j’étais là, assise sur ma chaise, les yeux et le cœur dans le vide, à lui dire que je pouvais plus continuer.

En plus de nous détruire, j’allais le détruire, lui. Cette idée était la plus insupportable de toutes.

On avait toujours été proches. Trop proches peut-être. Sans doute. J’en sais rien, tiens. N’empêche qu’il me rassurait avec ses mots tout doux et ses mains longeant ma colonne vertébrale. Il m’aimait vraiment — enfin, c’est ce qu’il disait. Il m’écrivait pour me dire qu’il ne pouvait plus se passer de moi, que j’étais la seule, pour toujours.

Plus je ruminais l’idée de le quitter dans ma tête, plus j’imaginais son pouvoir dévastateur. En plus de nous détruire, j’allais le détruire, lui. Cette idée était la plus insupportable de toutes.

Alors j’ai attendu. Jusqu’à ce que je me rende compte que la Patafix, ça recolle pas un cœur, encore moins deux. Ça permet juste de faire du bricolage. Et l’amour, c’est pas comme chez Leroy Merlin.

500days

J’ai voulu éviter le « C’est pas toi, c’est moi

» et les reproches à trois centimes qui n’auraient de toute façon rien changé. J’ai juste dit :

« Ça peut plus continuer, je vais partir. »

J’avais tellement peur de sa réaction que je me faisais toute petite, ratatinée sur mon siège, car j’attendais la chute, le bruit d’un corps qui tombe mollement sur le parquet, celui d’un livre que l’on referme brutalement. 

L’idée l’a frappé en pleine tronche, mais il ne s’est pas débattu avec elle. On s’est noyés dans nos mouchoirs toute la nuit. Et le lendemain, j’étais partie. Silence radiophonique, téléphonique, thermique. Quelques jours plus tard, je lui annonçais ma recherche d’appartement, impliquant que cette pause n’en était plus vraiment une.

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Il acquiesçait mollement. Au bout de la ligne, j’entendais la rumeur des passant•es dans la rue. Sa réaction, je l’ai prise comme un mur dans la tête, façon pub de prévention routière. Le mannequin en plastique thermoformé, c’était moi.

Il n’a rien dit. Pas un seul SMS se terminant par « … », pas de message de lui reniflant du nez sur ma boîte vocale à quatre heures du matin, pas un seul appel à un ami (avec option « Vas-y, tente de la faire revenir vieux »). Rien.

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Je suis passée par de nombreuses émotions, du « Ok, tu veux la jouer comme ça ? » à « Choquée et déçue ». Il m’a dit qu’il se sentait seul. Pas une seule fois que je lui manquais. Que mes mains sur son cou, que mon haleine du matin, que mes pieds froids lui manquaient. Si c’était avec cette force-là qu’il se battait pour moi, j’avais l’impression d’avoir autant d’importance pour lui qu’une vieille culotte sale.

S’était-il rendu compte que, finalement, être seul c’était mieux ? Se noyait-il dans la honte et la colère ? Ou ne réalisait-il pas que j’avais bouclé ma valise, et pas seulement pour le week-end ? S’était-il foutu de moi ?

Moi qui avais si peur de sa réaction, je me retrouvais désormais à tenter de comprendre pourquoi il n’en avait strictement plus rien à foutre.

À l’appel suivant, on aurait ajouté les classiques « Bisous, je t’aime » avant d’appuyer sur le petit téléphone rouge, rien n’aurait changé. Moi qui avais si peur de sa réaction, je me retrouvais désormais à tenter de comprendre pourquoi il n’en avait strictement plus rien à foutre. J’étais vexée, triste et surtout plus vraiment sûre d’avoir affaire à ce garçon qui m’avait promis de rendre ma vie plus cool, quelques jours auparavant.

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Les séparations sont toujours plus difficiles en réalité. Et pourtant, j’avais imaginé tous les scénarios sauf celui-là. Plus tard, il m’a expliqué que c’était sa manière à lui de réagir, de se protéger. J’ai trouvé ça un peu égoïste et sans grosse prise de position, à l’image de certains aspects de notre relation.

J’ai pensé qu’on était capable de tout pour récupérer la personne qu’on aime. S’arracher les tripes, tuer son/sa voisin•e. Et puis, je me suis rappelée que la méchante dans l’histoire, c’était moi. Alors j’ai réfléchi, accepté. J’étais triste. Je suis triste. Car celui que je ne pensais pas capable de me retenir, ne l’avait simplement pas voulu.

Et ça, c’est un sacré twist final pour une si jolie pièce de théâtre que la nôtre.

mouin rouge

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Les Commentaires

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Avatar de SmileandCo
7 février 2019 à 16h02
SmileandCo
Je suis entièrement d'accord avec @Madthilde et @haricotbleu si la personne veut partir c'est qu'elle ne veut plus du couple, à quoi ça ser t de la retenir ? rester avec quelqu'un dont on sait qu'il a des doutes et qu'il ne veut pas forcément rester c'est horrible.
Après je comprends le côté romantique du truc, quand on aime on se donne à fonds et on fait tout pour récupérer la personne mais en pratique lorsqu'une personne décide de mettre fin à une relation, l'autre généralement se protège et n'essaye pas de courir derrière quelqu'un qui ne veut plus de lui.
Enfin, certaines personnes sont très entières, une fois que c'est fini, c'est fini et tu as beau essayé d'avoir des nouvelles, tu es face à un mur !
Courage à cette madmoizelle car ce n'est pas évident quand on tient autant à quelqu'un, de le voir s'éloigner d'un coup.
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