J’ai été trop gâtée, petite. J’ai peur de mourir en n’ayant pas profité de tous les trucs cool qu’offre la vie. J’ai un problème de personnalité. J’aime faire simple quand ça pourrait être compliqué. Du coup, je me lasse rapidement de tout.
Je suis un peu comme une impératrice étendue sur un sofa recouvert d’étoffes nobles, attendant qu’on arrive à la distraire. Comme tout le monde, je trouve un confort certain dans la routine, j’aime bien me mettre de la crème sur le visage à heures fixes et prendre la même ligne de métro pour rentrer chez moi. Mais j’ai quand même l’impression de m’ennuyer trop vite.
Comme en cours de philo, par exemple…
Bien évidement, je ne suis pas du genre à casser le bail de mon appart’ tous les deux mois ou à vendre mon chien une fois que j’ai épuisé tout le paquet de croquettes. S’il y a bien une chose que je suis sûre de ne jamais balancer par-dessus mon épaule, c’est ma passion pour l’équitation (que j’entretiens et lustre fièrement depuis mes six printemps). Je me suis également fait tatouer des choses fortes que je ne pense pas renier.
Se lasser rapidement n’est pas fondamentalement difficile à vivre, ce n’est pas comme avoir une troisième jambe ou une aversion pour l’eau. C’est un petit caillou dans la chaussure, ce genre de désagrément qui revient quand on finit par l’oublier.
À l’école, une fois que j’avais fait le tour d’un sujet, j’avais juste envie de passer à autre chose. Je ne me suis jamais imaginée débuter de longues études dans une branche spécifique. En deux ans de BTS audiovisuel, j’ai presque fini de me lasser du montage. En un an d’étude de journalisme à écrire sur les chats perdus du coin, j’ai eu envie de voir par-delà les collines.
Parce que bon, les brocantes de quartiers c’est dur d’en faire un sujet de thèse.
Avec les mecs, c’est pareil. Je n’ai pas eu une tonne de partenaires,
je ne suis pas du genre à enchaîner les conquêtes (je ne sais pas draguer de toute façon). J’ai eu plusieurs relations ni trop longues, ni trop courtes. À chaque fois, c’est la même : son sourire charmeur et sa pupille vive finissent par me casser les ovaires. Tout ce que j’ai aimé au premier regard devient en quelques mois insignifiant, voire repoussant. Je me réveille un matin en ayant l’impression de partager ma couche avec Big Foot. Alors je fuis.
En fait, je crois que j’ai tendance à tout magnifier. Une formation, une ville, une coupe de cheveux, tout est un peu trop beau pour moi, du coup le soufflé retombe toujours un peu trop vite.
Enfin… jusqu’à aujourd’hui.
C’est au moment où je finissais PAR me demander si je n’allais pas devenir une Emma Bovary du pauvre que j’ai fini par trouver un être de chair et de sang dont l’intérêt n’avait pas l’air de se réduire au fil du temps.
Mon ancienne relation, relativement longue, commençait sérieusement à boiter ENCORE plus qu’un canard. Après avoir passé de longues soirées à parler de tout, c’était le rien qui avait fini par prendre le dessus. Et puis j’ai rencontré celui qui a réalisé le miracle de repousser la lassitude.
Au départ c’était un ami, puis le garçon qu’on cache dans le placard. J’ai fini par quitter mon ex et je me suis mise en couple. C’était il y a trois ans.
C’est fou comme le temps file.
Trois ans et je n’ai pas encore éprouvé le besoin d’imaginer quelqu’un d’autre sous ma couette pour humecter mon bigorneau, jamais senti l’envie de le dégager à grand coups de pelle à ramasser les miettes de notre appartement, ni une répulsion viscérale à la vue de ses ongles de pied.
Rapidement, nous en somme venus à comprendre que nous sommes un peu pareils : l’ennui a eu raison de toutes nos relations amoureuses. Il semble que c’était dû au fait que nous n’avions pas encore trouvé de personne compatible avec l’envie d’enchaîner trois replay de Cauchemar en cuisine tout en se donnant des conseils sur Hearthstone d’une voix rendue pâteuse par une grosse cuillère de raviolis à la mozzarella. Nous sommes forcément faits l’un pour l’autre : le fromage ne ment jamais.
En fait je pense qu’il est facile de se lasser tant qu’on est pas tombé sur une personne qui nous épanouit. Avant j’avais l’impression de faire le tour de la question en quelques mois, je pensais que je serais cantonnée à un engouement périssable. Pourtant, ce garçon m’a montré que je ne suis pas plus étrange, exigeante ou capricieuse que n’importe qui. J’ai appris à aimer cette routine qui me faisait plus peur encore qu’une araignée au plafond. J’ai trouvé quelqu’un avec qui j’ai des millions de choses à partager, de morceaux de musique sur lesquels chouiner et surtout d’innombrables Josée l’Obsédée à rédiger.
Et ce, sans jamais sentir l’odeur du périmé.
Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.
Les Commentaires
Voilà pourquoi je n'ai pas réussi à lire plus de 5 lignes de cet article.
PS : Je ne suis absolument pas en train de dire que l'article est nul, je pense qu'il est très bien ! Mais j'ai une capacité de concentration qui est proche de 0. C'est triste mais véridique !