— Initialement publié le 1er mai 2016
— Cet article a été rédigé dans le cadre d’un partenariat avec Diaphana. Conformément à notre Manifeste, on y a écrit ce qu’on voulait.
— Certains prénoms ont été modifiés.
En 2016, à l’occasion de la sortie de Maggie a un plan dont madmoiZelle était fière partenaire, nous avons souhaité aborder le thème de l’infidélité.
Des madmoiZelles nous ont raconté leurs expériences et la façon dont cela a influé sur leur conception du couple.
Quand la confiance est brisée
Quand on dit infidélité, on pense généralement d’abord au fait d’être trompé•e par son copain ou sa copine : qu’il/elle ait une relation avec quelqu’un d’autre sans qu’on le sache ou alors qu’on est d’accord.
Marion raconte :
« J’ai rencontré une fille avec qui les choses ont évolué de façon inattendue et passionnelle. Nous avons commencé une relation très charnelle : je passais trois jours chez elle, puis plus de rencontre avant une ou deux semaines, et ainsi de suite.
Nous nous sommes mises d’accord sur le lien qui nous unissait sans le verbaliser : chacune menait sa vie, nous nous voyions quand nous le souhaitions et sans mettre de nom sur notre relation.
Personne n’abordait le sujet — et personne n’en avait envie.
Arriva le jour où, sur l’oreiller, elle me demanda si l’on pouvait instaurer une fidélité entre nous.
Arriva le jour où, sur l’oreiller, elle me demanda si l’on pouvait instaurer une fidélité entre nous.
Je dis oui, car j’appréciais beaucoup notre lien, notre relation étrange et nos rapports très minimaux en dehors de son lit.
Dès lors, elle se montra parfois réticente à entendre parler de la moindre personne ayant fait partie de mon passé : j’appréciais cette once de jalousie et cela me permettait de ne pas avoir le moindre doute sur sa fidélité.
Quelques mois plus tard, avant de partir en vacances quelques semaines, je lui ai expliqué que je souhaitais entamer une relation de couple avec elle ou arrêter immédiatement tout contact.
Je commençais à éprouver des sentiments forts pour elle, et ne souhaitais pas souffrir. Elle accepta sans même devoir y réfléchir.
Un certain soir, plusieurs mois après le début de notre relation, j’ai appris, bien malgré moi, que madame était non seulement fiancée à son colocataire (elle m’avait pourtant confié être uniquement attirée par les femmes), mais qu’elle voyait également en douce d’autres filles rencontrées sur Internet.
Elle avait toujours eu une part d’ombre : je n’avais jamais rencontré son coloc’, elle n’aimait pas les appels et refusait de me montrer des signes d’affection en public (ce qui me convenait néanmoins aussi).
Ceci dit, la claque que je me suis prise ce jour-là était sans précédent. J’avais donné énormément de temps, d’espoir, d’argent et de moi-même dans cette relation : j’avais proposé à cette fille de venir vivre chez moi lorsque son père l’avait mise dehors.
J’avais recherché un appartement aux alentours de chez elle quand elle avait dû partir vivre à 1h30 de ma ville. »
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Elsa a appris l’infidélité de son ex après leur rupture, alors qu’ils étaient restés amis et qu’elle le croyait honnête :
« Il sortait d’une relation compliquée avec son ex, mais peu importait. C’était très bien entre nous, il était adorable avec moi, très attentif (parfois un peu trop).
Je découvrais ce que c’était de se sentir unie à quelqu’un, pour de vrai. On a passé des moments incroyables tous les deux.
La belle histoire a fini par imploser quand il a réalisé que certes il m’aimait, mais qu’il aimait encore son ex aussi.
Ses mots m’ont démolie, donc j’ai mis un terme à tout ça parce que je ne voulais plus de trucs alambiqués, je voulais qu’il sache ce qu’il voulait avant de continuer.
Mais je ne lui en voulais pas : il avait au moins eu l’honnêteté de me dire ce qu’il avait sur le cœur, il avait été clean avec moi.
On est restés amis. On s’est revus plusieurs fois, platoniquement le plus souvent, sauf une fois où on a couché ensemble (une seule et unique fois après notre rupture).
Et puis un jour, j’ai découvert de manière totalement détournée qu’il m’avait trompée avec son ex. Depuis le début. Avec des situations un peu glauques où il couchait avec son ex l’après-midi et me rejoignait ensuite.
J’ai compris avec le recul que le jour où il avait été en retard, ce n’était pas à cause des trains. Que le jour où il avait soi-disant perdu son téléphone, il l’avait juste oublié chez elle.
Que certains détails surprenants venaient du fait qu’il couchait avec elle avant de venir chez moi, et sans protection en plus !
Quand je l’ai vu après ça, quelques heures après (et devant des amis), il a essayé de me toucher le bras.
Je ne me suis jamais sentie aussi forte que quand je lui ai répondu : « Ne me touche pas, ne me touche plus jamais ou je t’arrache la tête ».
Il s’est retrouvé tout bête, a compris, s’est mis à pleurer, à me supplier de le pardonner… mais je ne lui ai plus jamais adressé la parole.
Tout s’est cassé la figure, je me sentais trahie : je l’avais défendu devant mes amis, j’avais affirmé à tous que c’était un mec bien…
Je me sentais trahie, véritablement, parce que je l’avais défendu devant mes amis après notre rupture (« Non mais c’est pas sa faute, je préfère qu’il soit honnête avec moi plutôt qu’on continue sans qu’il soit sûr de ses sentiments… »), j’avais affirmé à tous que c’était un mec bien.
Tout s’est cassé la figure. Malgré l’aide de mes amis, leur soutien indéfectible, je suis restée longtemps célibataire après ça. Par peur, peut-être… »
Les madmoiZelles ont ainsi été nombreuses à souligner les conséquences de ces tromperies sur leur confiance en elle… et en leurs copain•ines suivant•es.
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Les conséquences de l’infidélité
Alex raconte que l’infidélité l’a changée :
« J’ai pardonné. Je suis restée. Mais ça m’a complètement changée.
J’ai commencé à fouiller son téléphone tous les matins quand il prenait sa douche, à espionner ses conversations Facebook quand il n’était pas là, à venir chez lui quand je savais qu’il y était avec ses potes, et à écouter à la porte pour découvrir d’autres choses !
Je n’ai jamais oublié. Je l’ai espionné pendant quatre ou cinq mois, puis c’est passé et nous sommes restés deux ans ensemble.
J’ai perdu toute confiance en moi à cause de lui (pourquoi il est allé voir ailleurs ? Qu’est-ce qu’il y a chez moi qui ne convient pas ?), à tel point qu’à force de me rabaisser et de me comparer aux autres, que ce soit physiquement, mentalement ou dans nos façons de vivre, j’en ai fait une dépression qui s’est « déclarée » il y a quatre mois.
Il n’est sans doute pas la source de tout mon mal-être mais il y a bien participé.
J’ai du mal à faire confiance aux hommes maintenant.
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J’ai perdu tout contact avec lui. Ca fait deux ans que je l’ai quitté, quatre ans que j’ai été cocue. Et j’ai toujours des séquelles. Je le hais pour ça. »
La relation suivante d’Alix a été assez compliquée à cause de l’infidélité de son précédent copain :
« Je me suis remise avec quelqu’un quelques temps après, et les débuts de notre relation ont été très compliqués : moi qui avant étais si détendue, j’étais devenue extrêmement jalouse, au détriment de ce pauvre garçon qui n’avait rien fait de mal.
Je pensais que l’infidélité était soit due au fait que « les hommes étaient tous pareils », soit due au fait que je n’étais pas assez bien pour les empêcher d’aller voir ailleurs. Ce qui ne me laissait pas beaucoup de perspectives de bonheur…
Il m’a fallu trois ans pour m’en remettre, trois ans pour pouvoir faire confiance, aux autres et aussi à moi-même.
Pour croire que moi aussi j’avais le droit d’être respectée et qu’on pouvait peut-être (du moins j’espère) vivre une relation sans ressentir le besoin d’aller butiner à droite et à gauche.
Pour rien au monde je ne revivrais ce calvaire, et si j’ai bien retenu quelque chose de tout ça, c’est qu’il n’y a pas de relation sans confiance.
Mon copain actuel est parfaitement au courant qu’aujourd’hui une infidélité de sa part équivaudrait à une séparation immédiate ; pour rien au monde je ne revivrais ce calvaire, et si j’ai bien retenu quelque chose de tout ça, c’est qu’il n’y a pas de relation sans confiance. »
Être la personne que l’on cache
D’autres madmoiZelles se sont retrouvées de l’autre côté : elles étaient celles avec qui il y avait infidélité.
Pour Noémie, c’est un schéma habituel :
« L’infidélité et moi c’est une longue histoire, mais curieusement moi je suis assez fidèle. Je suis la fille avec qui on trompe (comme dans une chanson de Bénabar).
Donc mon premier acte sexuel était avec un garçon qui m’a dit le lendemain : « T’es cool et tout mais j’ai une copine ». Puis je suis sortie avec un mec plus vieux que moi qui avait en parallèle deux autres amies. Et le même schéma s’est répété, encore et encore.
Aujourd’hui, je suis en couple depuis cinq ans avec un homme marié ; je connais sa femme et ses deux enfants mais ils ne sont pas au courant.
Il me parle de la vie avec eux. On se voit toutes les semaines et on parle tous les soirs, mais je suis pas sa vraie femme. Au début on disait qu’on était amants, mais maintenant on dit juste qu’on est « ensemble ».
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Je suis devenue une grande habituée du jonglage, des moyens de communication codés, des rendez-vous où on se retrouve dans la salle du ciné, pas devant…
Je ne suis pas une personne qui a foncièrement confiance en elle, alors je me dis que je mérite ce genre de demi-relation.
C’est un style de vie assez excitant. Je me disais que j’étais le « plus » dont tous les hommes ont besoin, le truc qu’ils n’ont pas à la maison.
Au début, je me disais qu’il y avait quelque chose de valorisant dans tout ça, que j’étais le « plus » dont tous les hommes ont besoin, le truc qu’ils n’ont pas à la maison.
Avec mon copain actuel, je me dis qu’il n’y a que moi qui connais tous les aspects de sa vie et que sa femme ne sait pas que j’existe, alors que moi oui !
Il faut avouer que c’est un style de vie assez excitant, dans le genre James Bond avec tous les secrets et les alibis à mettre en place (les numéros de téléphone sous d’autres noms, les fausses adresses mail…).
Je suis donc la méchante maîtresse, la femme de l’ombre. C’est une place bizarre mais on s’y fait. Au fond, avoir un couple à géométrie variable ne me dérange pas. Pour moi la fidélité physique n’est pas vraiment importante, par contre la complicité oui. »
Agathe a fait cette expérience deux fois :
« Je connais bien l’envers du décor de l’infidélité ; être la personne avec laquelle on trompe. J’ai démarré là-dedans à l’âge de seize ans, et cela a alors duré un an. Sa copine savait qu’il y avait eu fricotage entre nous mais pas plus, néanmoins elle voulait m’arracher les yeux.
D’un côté je la comprenais parce que c’était vraiment pas classe ; mais de l’autre je la détestais aussi parce qu’elle avait ce que je n’avais pas : l’amour de ce garçon et un corps que je jugeais parfait.
Pourquoi l’a-t-il trompée ? Oh, je pense qu’à seize ans, il ne voyait pas pourquoi choisir.
Pendant un an j’ai alterné les crises de larmes quand je n’avais pas de nouvelles, les pics de joie quand mon portable vibrait, les négociations avec mes parents pour aller le voir… Et puis au bout d’un an, j’en ai eu assez d’être dépendante, assez que mon moral fasse les montagnes russes.
J’ai rompu tout contact et rencontré mon premier vrai copain. »
Quand le schéma s’est reproduit, elle a cherché à en savoir plus sur les raisons pour lesquelles le garçon en question était infidèle :
« Il n’y a pas longtemps, j’ai eu une relation assez trouble avec un ami ; j’avais toujours repoussé ses avances car il était en couple (même si cela ne se passait pas bien) mais j’ai fini par céder un soir.
La fille qu’il fréquente ne sait rien. Mais moi je sais, et je sais qu’encore une fois, je ne suis pas celle avec laquelle on est fier•e de s’afficher mais celle que l’on cache. Sauf que là, je lui ai demandé pourquoi il faisait toutes ces infidélités. Réponse ?
— Les filles que j’ai le plus aimées sont celles que j’ai le plus trompées.
Ah. Très bien. Et encore une fois, « j’ai toujours fait ce que je voulais ». Bon. »
De nombreuses madmoiZelles qui ont été infidèles en ont cependant tiré les mêmes conclusions.
(Se) prouver quelque chose
Anna a trompé son copain par peur de perdre le contrôle :
Je l’ai trompé à deux reprises, alors que tout va bien à tous les niveaux : il est formidable.
« Je suis avec mon copain depuis l’été dernier. Je l’ai trompé à deux reprises, alors que tout va bien à tous les niveaux : il est formidable.
C’était à chaque fois pour reprendre le contrôle de la situation, me dire « Non, je ne suis pas amoureuse, je fais ce dont j’ai envie » parce que ce mec est trop bien, justement.
Récemment, une amie m’a tout simplement ouvert les yeux en me disant qui fallait juste que je profite d’être avec lui, et que si ça ne fonctionnait pas, ça ne fonctionnait pas, mais que je ne devais pas me pousser moi-même dans le ravin.
Depuis, je ne peux même pas m’imaginer être dans les bras d’un autre, en espérant qu’il n’apprenne jamais que c’est arrivé. »
Pour Elsa, cela a été une façon de se rendre compte que sa relation n’allait pas du tout :
« Quand j’avais vingt ans, j’ai trompé mon mec de l’époque — appelons-le S.
C’était très dur entre nous : je l’aimais mais lui ne m’avait jamais dit qu’il m’aimait et se fichait un peu de moi, alors que ça faisait deux ans qu’on était ensemble. Ce n’était pas une relation très épanouissante, je ne me sentais pas aimée.
Il avait en plus eu des gestes qui me marquent encore aujourd’hui (sexuellement c’était difficile car il était très exigeant et me poussait souvent à faire l’amour même quand je n’en avais pas envie…).
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Le pire, c’est que j’avais toujours eu peur que S. me trompe — ironie, quand tu nous tiens !
Je n’avais pas le courage de rompre, mais je ne me sentais pas aimée, négligée, pas respectée.
On dirait que j’essaie de me justifier — et c’est peut-être le cas —, mais c’est surtout pour décrire mon état d’esprit : je ne me sentais pas aimée, je me sentais négligée, pas respectée.
Sachant que j’ai déjà une confiance en moi très dégradée, je me sentais vraiment comme une moins que rien dans ce couple à sens unique.
Cela ne justifie rien, mais ça peut peut-être aider à envisager pourquoi j’ai fait ce que j’ai fait. Comme je n’avais pas non plus le courage de rompre, je me sentais coincée.
Alors quand d’autres mecs ont commencé à manifester leur intérêt pour moi, ça a reboosté mon égo de manière incroyable. J’ai commencé à me rapprocher d’un pote, disons L. : on s’entendait très bien, on rigolait beaucoup et il me plaisait.
Un soir il m’a invitée chez lui, et j’y suis allée — en toute innocence, car j’étais très naïve à l’époque. J’avais un copain et il était aussi dans une relation : pour moi on allait regarder une série et manger des chips en mettant des miettes sur le canapé, puis je rentrerais chez moi.
Sauf que quand il m’a embrassée, avoir un copain ne m’a pas empêchée de lui rendre son baiser.
On a couché ensemble ce soir-là, et c’était doux, plein de respect. Ce que je ne connaissais plus dans mon couple.
Ce moment-là, le moment où on a fait l’amour, je ne regrette même pas, parce que c’était bien.
Le remord est venu après, sur le principe même de l’infidélité. Parce que j’avais une peur bleue de l’infidélité potentielle de mon mec, et je venais de le faire moi-même.
Pire encore : on a recommencé. Plusieurs fois, à plusieurs moments différents. Je me sentais très proche de L, mentalement, physiquement. Il m’apportait beaucoup de choses que mon copain ne me donnait pas.
En parallèle, ma relation avec S. a d’abord connu une nette amélioration : je ne dépendais plus de son affection, alors forcément j’allais mieux dans ma tête… Jusqu’à réaliser, quelques temps plus tard, que ça ne pouvait plus durer. S. et moi nous sommes séparés. »
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Cela a également été un déclic pour L. :
« J’ai trompé mon ex. Cela faisait cinq ans que nous étions ensemble, dont une dernière année absolument invivable.
Je m’étais mise avec lui très jeune, j’idéalisais beaucoup notre couple et je n’arrivais pas à le quitter parce que j’étais persuadée que personne ne voudrait jamais plus de moi. J’avais très peur d’être seule.
Un de mes ex-petits amis de l’adolescence est revenu vers moi et m’a fait des avances, et j’ai fini par y répondre avec une énorme culpabilité. Deux jours plus tard, je quittais mon petit ami avec soulagement.
Cette expérience m’a donc aidée à le quitter, ce qui est à la fois triste et important pour moi.
Triste, parce que je regrette d’avoir manqué de courage et d’avoir eu besoin de passer à l’acte pour avancer. Et important parce que ça m’a vraiment aidée à me rendre compte que j’étais malheureuse (je me mettais beaucoup d’œillères), et frustrée.
La personne trompée, mon ex donc, a fini par le savoir environ six mois plus tard, de la bouche d’une amie commune. Je ne voulais pas qu’il le sache pour qu’il ne souffre pas davantage de notre rupture, mais j’ai rapidement coupé les ponts avec lui donc je ne sais pas si cela a aggravé les choses pour lui. »
Quand la relation exclusive ne convient pas
Suite à une infidélité ou en réfléchissant au concept, plusieurs madmoiZelles se sont rendu compte que les relations exclusives ne leur correspondaient pas, et qu’elles avaient besoin de relations avec des personnes extérieures à leur couple.
Angèle raconte :
« Ma vision de la relation a beaucoup changé depuis le début de mes relations amoureuses. Aujourd’hui, à vingt-et-un ans, je ne me m’imagine plus dans une relation exclusive.
J’ai d’ailleurs eu une relation avec un garçon, Rémy, qui acceptait cela. Jusqu’à ce que je fasse une saison avec l’un de ses amis (lui-même en relation libertine). Il m’a demandé de ne pas coucher avec lui. Sauf que ce garçon-là m’excitait énormément, et c’était réciproque.
J’ai eu l’impression qu’on m’avait donné un droit puis qu’on me l’avait retiré, et je n’avais même plus envie de lui. Après avoir mis fin à ma relation avec Rémy, pour de multiples raisons pas nécessairement toutes liées à notre vision différente du couple, j’ai entamé une relation avec son ami.
Une relation libre ou libertine est ce qu’il me faut.
Il est toujours avec sa copine, je suis seule, et on se voit régulièrement. Ce n’est bien sûr pas que du sexe, on s’entend très bien et on fait plein de choses ensemble, mais on fait tous les deux la différence entre son couple et nous deux.
Aujourd’hui je suis persuadée qu’une relation libre ou libertine est ce qu’il me faut. Si les deux partenaires y consentent, ce n’est pas de l’infidélité, ce n’est pas tromper : c’est une relation de confiance différente d’un couple « classique » (exclusif).
Par contre les coups d’un soir, c’est plus mon truc non plus. Même si je ne sors pas avec eux, je dois connaître les garçons avec qui j’ai des relations.
Je ne ressens pas toujours le besoin d’avoir des relations avec d’autres hommes, par contre, quand j’en ai envie, je ne me sens plus frustrée parce que je peux.
On a assez de frustrations dans la vie, pourquoi s’en imposer des supplémentaires dans nos relations amoureuses et sexuelles ? »
Le terme d’infidélité est donc questionnable, comme le souligne L. :
« Je pense que l’infidélité peut avoir sa place dans un couple, mais seulement si elle est assumée et ne fait souffrir personne. Dans ce cas, on peut difficilement l’appeler « infidélité », cela dit…
Mais en ce qui me concerne, je ne pourrais plus faire ce que j’ai fait sans être consciente que cela peut détruire mon couple, donc si je le fais, c’est soit que je suis dans une relation non exclusive, soit que je suis trop mal dans mon couple.
Il existe également des couples qui fonctionnent très bien où l’un est adultère et l’autre l’ignore ou refuse de le voir, donc pour moi, ça n’empêche pas d’être amoureux•se ou heureux•se avec son/sa conjoint•e.
Le fait de tromper l’autre n’est pas forcément synonyme d’ennui.
Mon regard sur l’infidélité a énormément évolué.
Mon regard sur l’infidélité a de fait énormément évolué en huit ans… Adolescente, j’étais pour la fidélité absolue, le couple fusionnel où chacun ne vit que pour l’autre.
Aujourd’hui, j’ai davantage tendance à penser qu’il peut y avoir des moments forts avec des gens différents à différents moments de sa vie, indépendamment du fait que l’on soit en couple et très amoureux.
Je ne tromperais pas mon amoureux actuel parce que ça le ferait souffrir, mais je n’ai aucun problème avec l’idée que nous puissions un jour l’un ou l’autre nous retrouver dans une situation où nous pourrions passer à l’acte avec quelqu’un d’autre, sans pour autant cesser de nous aimer.
Paradoxalement, j’aurais du mal à supporter qu’il puisse aimer quelqu’un d’autre que moi, que quelqu’un puisse passer avant moi.
Je différencie donc l’infidélité amoureuse de l’infidélité physique ou sexuelle. »
C’est également le cas d’Athénaïs :
« Aujourd’hui je suis en relation libre depuis un an. Le principe de base que nous nous somme posé avec mon amoureux est simple : mon corps m’appartient et il en est de même pour le sien.
Nous pouvons et devons disposer librement de nos corps et nos envies ; nous nous aimons mais pour autant nous restons deux individus différents, avec nos sentiments, nos caractères, nos envies, qu’il faut respecter.
C’est en discutant au préalable de notre relation et de nos expériences antérieures qu’on s’est dit que se prouver notre amour en se privant, en se restreignant était dommage.
Quand j’explique le principe, ça me semble normal. Pourtant, ça n’a pas toujours été simple de savoir que l’espace d’un instant, il partage un moment d’intimité avec d’autres filles (et je sais que c’est arrivé, et ça m’est arrivé également).
Ce n’est pas facile de mettre de côté tous ces réflexes monogames qui nous ont toujours été inculqués, mais finalement il suffit de penser à l’autre, à ses envies et d’accepter TOUTES ses sources d’épanouissement.
Notre relation est aujourd’hui très équilibrée, respectueuse et nous nous aimons énormément !
Je n’ai jamais été aussi bien avec quelqu’un. C’est notre conception du couple parfait, mais je comprends tout à fait que la monogamie soit une autre conception non négociable pour d’autres personnes ! »
Ne pas se mentir
Les madmoiZelles qui ont témoigné ont différentes conceptions du couple et de la fidélité.
Pour Agathe, par exemple, l’infidélité n’a pas sa place dans un couple :
« Je ne pense pas que l’infidélité puisse avoir sa place dans un couple car pour moi, c’est une forme d’irrespect et d’égoïsme ; cependant, je pense qu’il est normal que l’autre trouve quelqu’un joli•e ou même fantasme sur une quelconque personne — mais je préfère ne rien savoir. »
Margaux pense surtout que l’infidélité révèle un problème, n’est qu’un symptôme :
« Aujourd’hui, je n’ai pas vraiment un mauvais regard sur l’infidélité, je pense que si elle est là, c’est qu’il y a un problème dans le couple. Le problème peut venir du trompé comme du trompeur, je pense.
J’ai discuté avec pas mal de gens qui trompaient parce que ça les aidait à avoir une bonne estime de leur corps. Dans tous les cas, je pense qu’il faut parler de l’infidélité parce que je suis certaine qu’il y a une solution. Elle révèle un mal-être qui peut s’arranger.
Si l’une ou les deux parties du couple ne veulent pas arranger la situation, je pense que la séparation est de mise. Si l’un des deux parties, ou les deux, ne veulent pas d’exclusivité, elles devraient tenter le polyamour et s’engager dans des relations non-exclusives afin de ne pas blesser leur bien-aimé•e.
L’infidélité fait mal mais elle peut aider.
L’infidélité fait clairement mal mais elle peut aider à mieux se comprendre, à mieux voir le problème du couple, à réaliser qu’il est peut-être temps de partir ou de changer sa vision d’une relation. »
Marion, qui s’est fait tromper, insiste sur l’importance de l’honnêteté et la confiance :
Je ne souffre pas de l’infidélité, si ma/mon partenaire et moi en sommes conscient•es et sommes consentant•es.
« J’aurais pu envisager une relation sans fidélité, même sur le long terme. Mais si les choses avaient été claires dès le départ. J’apprécie la fidélité comme le « libertinage », mais je dois le savoir.
Je ne souffre pas de l’infidélité, si ma/mon partenaire et moi en sommes conscient•es et sommes consentant•es. »
Émilie redéfinit donc l’infidélité :
« C’est là que je vois les subtilités de l’infidélité – ou plutôt de la fidélité en fait. L’infidélité, ce n’est pas coucher avec quelqu’un d’autre à mes yeux : c’est faire quelque chose que l’autre ne voudrait pas nous voir faire, sans qu’il le sache, alors que l’on sait pleinement qu’il ne le souhaite pas.
Et je parle bien entendu de relations avec d’autres gens, pas de regarder le dernier épisode de « Sense8 » (je suppose que certain•es me diront que si, mais c’est pas trop la question).
La fidélité dans le couple, c’est que toutes les attentes de toutes les parties soient entendues, que les points à désaccord soient gérés par un compromis, par un retrait de l’une des parties, enfin bref, par un accord, et que tout le monde s’y tienne.
En gros, c’est ne pas trahir son mec/sa nana/sa personne, comme on ne trahirait pas quelqu’un d’autre.
Ma seule limite, c’est le mensonge.
La notion de trahison est souvent évoquée en amitié, et je trouve qu’elle se retrouve très bien dans cette idée de la relation amoureuse.
En gros : l’honnêteté est de mise. Perso, je sais à présent où est la limite de mon couple (autre histoire, belle histoire) : je sais ce que je peux faire sans que mon mec ne me quitte, je sais ce que je peux faire et qui entraînera notre séparation.
Ma seule limite, c’est le mensonge : quoi que je fasse, même si cela entraînera notre rupture, je le ferai en le lui disant auparavant. Qu’il puisse prendre ses dispositions, être le moins blessé possible, s’éloigner, etc.
Savoir quoi faire, ne pas le laisser en plan comme une vieille chaussette qui ne vaudrait pas le coup d’être aimée. Parce que quand on aime, c’est souvent que la personne en face vaut quelque chose, quoi que ce soit. »
Céline conclut :
Chacun fait sa popote, mais il est très important de s’écouter soi et de ne pas faire de concession pour faire plaisir à l’autre ou pour se faire aimer de l’autre.
« Je pense que l’infidélité peut se vivre en couple si les règles sont bien établies et que la discussion est toujours ouverte, pour les remanier en fonction de l’expérience et des émotions vécues.
Cela nécessite beaucoup de confiance aussi. Je connais personnellement certaines personnes qui sont en relation libre ou ont poussé leur conjoint•e à aller voir ailleurs pour savoir ce que ça faisait.
Chacun fait sa popote, mais il est très important de s’écouter soi et de ne pas faire de concession pour faire plaisir à l’autre ou pour se faire aimer de l’autre.
La fidélité est une valeur ou non-valeur trop importante dans le couple et peut réellement détruire des personnes. Il faut être prudent•e sur ce sujet. »
– Un très grand merci à toutes les personnes qui ont témoigné !
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Les Commentaires
Rien qu'hier, je discutais avec une amie qui me disait qu'elle ne pouvait pas se voir toute sa vie avec la même personne, alors que pour moi c'est l'inverse. Je sais aussi que pour certains couples, le libertinage fonctionne très bien. Sauf que libertinage et infidélité ce n'est pas la même chose.
La notion d'infidélité, j'y ai été confrontée avant même mes propres expériences amoureuses, via mes parents. Il se trouve que c'est en parti ça qui a fragilisé leur couple.
Personnellement, j'ai pris en horreur l'infidélité. Pourtant j'ai failli être moi-même infidèle!
Mon père m'a dit un jour, "tu sais, des gens sexy qui t'attireront, il y en a aura toujours, mais quelqu'un qui t'aime et te rend heureuse, ça c'est rare et précieux. Ca sert à rien de tromper la personne qu'on aime". Et c'est vrai. Pour moi c'est débile de tromper mon copain, alors qu'on est heureux et qu'il me fait jouir plus que nécessaire. Ca fait maintenant 6 ans et 8 mois qu'on est ensembles, et c'est pas prêt de s'arrêter <3
Et quand ya des enfants, faut pas prendre ça à la légère, parce que c'est perturbant.