On ne le redira jamais assez : la violence conjugale est majoritairement exercée par des hommes cisgenres sur leur (ex)-compagne, comme l’actualité vient encore de nous le rappeler durement, puisque le mari de Magali Blandin, portée disparue depuis février, a reconnu ce weekend l’avoir tuée.
La violence conjugale peut toutefois exister dans d’autres types de relations, et notamment au sein des couples de femmes. S’il n’existe pour l’instant pas d’études spécifiques sur le sujet en France, on peut tout de même noter qu’une femme en couple homosexuel faisait partie des morts violentes recensées par l’étude nationale de 2019, ainsi que 7 hommes en couple avec un homme.
Violences conjugales : jusqu’à 40% des lesbiennes concernées
Selon les chiffres rassemblés dans une méta-analyse des recherches qui existent sur le sujet des violences conjugales dans les couples LGBTQIA+ dans le monde anglo-saxon, jusqu’à 40% des femmes lesbiennes et bisexuelles pourraient être concernées au cours de leur vie par la violence d’une (ex)-compagne.
Or, il peut être compliqué de se reconnaître dans des fascicules pensés et conçus pour les femmes en relation hétérosexuelle
qui parlent de votre « mari » ou « conjoint », mais aussi difficile de savoir si l’on pourra être soutenue par des associations d’aide aux victimes qui ne semblent même pas savoir que les violences conjugales au sein de couples de femmes existent.
Porter plainte pour violences conjugales et affronter l’homophobie
Alors, à qui s’adresser ? Où trouver de l’aide ? Sera-t-on prise au sérieux par les forces de l’ordre et l’institution judiciaire ou devra-t-on faire face en plus à des réactions lesbophobes ?
Autant de problèmes auxquels veut s’attaquer la Fédération LGBTI+ en lançant la campagne Ça n’arrive pas qu’aux hétéros, avec le soutien de la Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT.
Dans le cadre de la campagne, plusieurs supports ont été développés : une affiche pour les associations, centres LGBTI+ et leurs structures partenaires afin de « rendre le sujet visible et indiquer que l’écoute est ouverte », selon la fédération. Mais aussi des cartes à glisser dans sa poche avec des numéros d’urgence et des dépliants décrivant les différents types de violences conjugales pour informer les victimes, les témoins et les personnes ayant commis des violences.
Lutter contre les violences conjugales : l’affaire de tous et toutes
Dans un communiqué qui présente la campagne, la Fédération LGBTI+ prévoit également de décliner ses supports pour les couples d’hommes et précise pourquoi il est important de s’attaquer au sujet des violences conjugales au sein des couples LGBTQIA+ :
« Décès, blessures, mauvaise santé mentale, stress post-traumatique : autour des violences conjugales se trouve un enjeu majeur de santé publique.
La lutte contre ces dernières ne doit pas s’adresser qu’aux victimes. Elle concerne tout le monde, en premier lieu les personnes qui les commettent, ou risquent de les commettre, mais aussi l’entourage, les voisin·e·s, les collègues… La prévention doit aussi atteindre les professionnel·le·s en contact avec du public.
Cette campagne est un outil pensé dans cet esprit en rendant le sujet visible à tous les publics dans les locaux des associations. »
La démarche de la Fédération LGBTI+ est d’autant plus importante que les violences conjugales entre femmes sont un impensé total dans la société. Non seulement la violence des femmes est souvent ignorée, voire niée, mais en plus, les relations entre femmes n’existent souvent dans les imaginaires collectifs que comme étant empreintes de douceur, d’écoute mutuelle et de respect.
Or, plus ces violences sont invisibles, plus il sera difficile de les identifier et d’y apporter des solutions. Alors oui, définitivement, il est temps de rappeler que : ça n’arrive pas qu’aux hétéros.
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