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Bloody Sunday : David Cameron est « profondément désolé »

30 Janvier 1972, Derry, Irlande du Nord. L’Association des Droits Civiques d’Irlande du Nord (NICRA) organise une marche pacifique visant à protester contre l’internement administratif* décidé par le Parlement nord-irlandais un peu moins de six mois plus tôt. Regroupant principalement des citoyens irlandais catholiques, – mais aussi des syndicalistes, communistes et des activistes – l’association a pour but de promouvoir l’égalité entre catholiques et protestants et aspire à la fin des pratiques discriminatoires à l’égard de la communauté catholique du pays via une réforme de la police, majoritairement protestante, et l’abolition du gerrymandering, terme qui désigne un découpage de circonscriptions électorales qui donne l’avantage à un parti ou une communauté (on parle en France de charcutage électoral) et assure une majorité de protestants au Parlement provincial.

La suite de l’histoire, on la connait. Deux heures après le début de la manifestation, les paras britanniques commencent à tirer à balles réelles sur la foule. Le bilan est de 14 morts et 11 blessés graves.

Le rapport de Saville : 12 ans d’enquête pour faire la lumière sur le Bloody Sunday

Ce que l’on sait moins, c’est l’ampleur de la responsabilité de l’armée britannique dans ce massacre. Deux versions différentes s’affrontent depuis : faut-il croire les témoignages de l’armée britannique, parlant d’une simple riposte suite à des tirs provenant de la foule (hypothèse soutenue par un rapport officiel publié peu de temps après le Bloody Sunday), ou bien les manifestants plaidant la culpabilité de l’armée britannique répondant à une volonté d’impitoyable répression ?

Cette question est l’objet de l’enquête confiée par Tony Blair au juge Saville en 1998 dont le rapport final a été rendu hier. Sa lecture, faite en public, devant des centaines de journalistes et les familles des victimes, démontre la responsabilité totale de l’armée britannique et prouve, grâce à 1555 témoignages, que les civils n’étaient pas armés et que les paramilitaires ont tiré sans sommation, contrairement à ce qui avait été annoncé. Toutefois, l’hypothèse d’une tuerie préméditée par l’état-major britannique que défendent certains républicains a été écartée par le rapport : les seuls responsables du massacre sont en réalité des officiers britanniques qui ont perdu le contrôle de la situation.

Suite à la lecture du rapport, le premier ministre britannique, dont la réputation est déjà entachée par le scandale des notes de frais, a choisi de prendre la parole à la chambre des communes. Rappelant les erreurs de certains des officiers présents lors de la manifestation, il endosse au nom de son pays une partie des responsabilités. Et présente des excuses formelles à travers cette phrase déjà célèbre : « On behalf of our country, I am deeply sorry » (« Au nom de notre pays, je suis profondément désolé »).

*qui permet la détention d’individus jugés dangereux sans jugement et pour une période indéterminée.


Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.

Les Commentaires

1
Avatar de AnonymousUser
17 juin 2010 à 16h06
AnonymousUser
C'est un pas.
Cela dit, et d'un on ne sait pas si les responsables seront jugés ; et de deux, il y a encore des dizaines d'enquêtes "à faire", aussi bien pour enquêter sur les agissements de l'armée britannique ou des groupuscules unionistes (Shankill Butchers et compagnie) que sur les agissements de l'IRA.
Des récentes déclarations de David Cameron, qui trouve "painful" (douloureux) de s'assoir à une table avec Martin McGuinness, vice-premier ministre d'Irlande du Nord et ex-membre de l'IRA, semblent aussi indiquer que malgré son beau discours, il y aura bien une récupération politique du passé des politiciens importants en Irlande du Nord appartenant au Sinn Feinn - la branche politique de l'IRA.
Bref. Intéressant mais peut-être malheureusement trop de récupération politique actuelle et pas assez de récupération des informations sur le plan judiciaire.
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