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Féminisme

Ariana Grande répond avec pédagogie au fan qui dit « Je vois pourquoi tu la baises » à son mec

Ariana Grande a subi une remarque très déplacée de la part d’un fan. Elle le raconte sur Twitter, en expliquant ce que ces mots banalisés révèlent sur la manière dont on juge la sexualité des femmes dans la société.

— Article initialement publié le 29 décembre 2016

On connaît Ariana Grande pour être une superstar pop, dont les chansons filent une bonne dose d’énergie.

Ce que l’on sait peut-être moins, c’est qu’elle n’hésite pas à prendre la parole pour dénoncer le sexisme des remarques qu’elle subit, et qu’elle le fait avec pertinence et pédagogie.

La chanteuse raconte dans un tweet qu’elle était en train de commander son dîner à emporter avec son compagnon, le rappeur Mac Miller, lorsqu’un fan enthousiaste est venu témoigner de son admiration au couple.

Elle trouvait ça super sympathique jusqu’à ce que l’individu en question dise à Mac Miller, alors que la chanteuse se trouvait juste à côté (il est important de le préciser) :

Ariana est trop bonne mec, je vois pourquoi tu la baises !

Ariana Grande explique qu’elle s’est sentie réifiée (c’est le terme correct, en français, pour dire : réduire à l’état d’objet — et non « objectifier », un anglicisme souvent utilisé) et que cette remarque l’a mise mal à l’aise.

C’est pourquoi elle a décidé d’expliquer sur Twitter ce que cette remarque a de sexiste ; ce que ça trahit de la manière dont sont perçues les femmes qui assument leur sexualité sans honte :

Ce genre de trucs arrive tout le temps, c’est en partie pour ça que les femmes ressentent de la peur et de l’impuissance.

Je ne suis pas un bout de viande qu’un homme exploite pour son plaisir personnel. Je suis un être humain dans une relation avec un homme qui me traite avec amour et respect.

Ça me fait mal au cœur que tant de gens tiennent ce genre de propos dans le plus grand des calmes, et réifient les femmes avec autant de naturel. […]

Il faut que l’on parle de ces moments ouvertement, parce qu’ils sont dangereux et restent en nous comme une honte. Il faut qu’on les partage et qu’on se fasse entendre quand quelque chose nous met mal à l’aise, car si on ne le fait pas, ça va continuer.

Nous ne sommes pas des objets ou des trophées. Nous sommes des REINES !

Ariana Grande en appelle à une vraie libération de la parole, pour que les femmes qui subissent des remarques sur leur physique, leur sexualité, osent se manifester.

La chanteuse ne manque pas de pédagogie puisqu’elle a aussi pris le temps de répondre à un tweet lui disant qu’elle se réifiait elle-même dans sa musique, et donc que son propos était hypocrite.

https://twitter.com/ArianaGrande/status/813972079825551360

C’est ça le truc. On croit que les femmes qui assument leur sexualité sous-entendent « Salut, viens me manquer de respect ! »… et ça n’est pas le cas.

Les femmes (et les hommes) peuvent s’exprimer comme ils le préfèrent !!! Même s’ils adorent le sexe ! Ce n’est pas une invitation au manque de respect.

Ariana Grande face au slut-shaming

Ces précisions permettent de faire le lien entre une remarque peu respectueuse balancée par un inconnu… Et un problème de société, qui n’épargne pas Ariana Grande : le slut-shaming, le fait de juger (plutôt sévèrement) une femme sur sa sexualité réelle ou supposée (parce tu connais pas sa vie, en principe).

Et ça passe par toutes les réflexions qui sont assénées aux femmes, quand aux yeux de certain•es leurs habits manquent de quelques centimètres pour mériter leur respect (coucou le harcèlement de rue).

À lire aussi : Une photo de « jupe » lance une discussion sur le slutshaming

Bien entendu, de ce point de vue profondément sexiste, si la femme a l’audace de s’exprimer au sujet de sa sexualité (avec trop d’épanouissement), « c’est une traînée », « une salope »

, donc un objet sexuel disponible pour les fantasmes de chacun•e.

Là encore, Ariana Grande fait preuve de pédagogie pour expliquer en quoi ce raisonnement est absurde, en utilisant l’exemple de la jupe.

https://twitter.com/ArianaGrande/status/814160468562558980

Intégrer la sexualité dans l’expression de son art n’est pas une invitation au manque de respect ! De la même façon que porter une mini-jupe n’est pas une invitation à l’agression sexuelle.

Ariana Grande est une femme libérée qu’on ne laisse pas tomber, elle n’hésite d’ailleurs pas à afficher sa relation torride avec Mac Miller.

Elle met des mini-shorts et des petites oreilles de chat en public, elle joue sur la séduction dans ses clips. Mais surtout, elle fait bien ce qu’elle veut !

À lire aussi : Nicki Minaj et son bouli rebondi: pourquoi tant de haine ?

Ariana Grande, une femme célèbre en proie aux jugements

Ariana Grande est non seulement une femme, mais elle est aussi un personnage public. La pression subie par les stars au quotidien est une évidence, vu que l’on tend manifestement à oublier que ces gens restent avant tout des êtres humains. 

Notez que ce problème se pose pour les hommes comme pour les femmes (Justin Bieber en avait par exemple fait les frais).

La réaction d’Ariana rejoint d’ailleurs le discours très inspirant de Madonna contre le sexisme. Elle ironisait sur le traitement des femmes célèbres :

Vous avez le droit d’être traitée comme un objet, et de vous habiller comme une salope, mais pas d’assumer d’en être une.

Le phénomène plus étrange encore, c’est celui qui semble installer dans le crâne des gens — et auquel Ariana Grande est confrontée sur Twitter… l’idée selon laquelle le corps des célébrités appartiendrait aux autres.

https://twitter.com/ArianaGrande/status/814161288569950208

Vous êtes en train de dire que selon notre apparence, on peut être à votre disposition. Mais nous ne le sommes pas ! C’est notre droit de nous exprimer comme on le souhaite !

En effet, une quelconque visibilité dans les médias semble donner le droit à l’individu lambda de parler d’une personne avec un détachement étonnant.

À lire aussi : Arrêtons de « hater » le succès des jeunes femmes qui réussissent

Les stars sont des personnes, traitons-les comme telles !

Du coup, une question se pose : qu’est-ce qui traverse l’esprit de ces gens qui s’expriment aussi ouvertement sur d’autres, et devant ces personnes ? Ou même sur Internet ?

À quel moment croit-on que parce qu’une personne est célèbre, elle ne mérite pas le même respect que celui qu’on accorde à nos proches ?

À partir d’un moment, s’agit-il de féminisme, ou plus simplement de bon sens ?

Ce qui donne de l’espoir dans ce monde sexiste, c’est que ces célébrités sont certes les cibles de remarques injustes et d’attaques déplacées au quotidien, mais elles sont aussi celles qui peuvent avoir une influence majeure sur les gens.

Alors s’investir aussi personnellement dans une noble cause, surtout auprès d’un public a priori jeune, ça incite au respect. Qu’Ariana Grande continue à se faire entendre, à s’exprimer aussi fort qu’elle le pourra, parce qu’elle le fait bien !

À lire aussi : Les stars ont-elles le droit de refuser des selfies à des inconnus ?


Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.

Les Commentaires

21
Avatar de Manea
2 janvier 2017 à 19h01
Manea
@Tamago : sauf que c'est compliqué à cause du fort shaming/ bashing des femmes dénudés en fait... On est en pleins dans les injonctions contradictoires : il faut que les femmes soient sexy et dénudées parce que ça fait vendre mais en même temps c'est vu comme dégradant, ça fait d'elles des salopes, etc... Donc je ne suis pas sûre que la solution se trouve dans le fait de rhabiller les chanteuses (d'autant qu'il y a aussi des chanteuses pop qui ne jouent pas l'aspect sexy. On en parle juste moins parce que sans ce double standard, bah ça fait moins scandale, même si on les attaque aussi sur leur apparence).

Déshabiller des artistes masculins pour loger tout le monde à la même enseigne ? Pourquoi pas. Mais tant qu'on ne fera pas un gros travail sur les mentalités pour établir le respect des artistes féminines, je ne pense pas que ça serve à grand chose (à part peut être sur le fait de promouvoir l'existence de désir et de fantasme chez les femmes hétéros, mais c'est pas ce qui nous occupe ici).
Il n'y a qu'à voir la façon dont sont considérées les actrices pornos mainstream par rapport aux acteurs du même style : on attaque beaucoup moins les seconds que les premières sur leur vertue et leur statut de "salopes" (le simple fait qu'il n'y ai pas d'équivalent masculin à ce mot rend le rapport à la sexualisation biaisé en fonction du genre). D'ailleurs, on imagine pas une fan venir dire à l'épouse de Rocco Siffredi qu'elle a de la chance de "baiser ça" tous les soirs sous le nez de ce dernier (et c'est normal, ça devrait être normal pour tout le monde).

Tout ça pour dire que le vrai problème, à mon sens, ça n'est pas la nudité ni la sexualisation (tant qu'elle est choisie et acceptée par l'artiste) mais le regard de la société sur cette nudité en fonction du genre. Et ça on le changera pas en rhabillant les chanteuses ou en montrant plus de chanteuses "non sexualisées".

(j'ajouterai pour finir qu'il n'y a qu'à se référer à la règle 34 pour se rappeler que tout peut être sexualisé et que donc supprimer toute sexualisation n'est pas très utile)
4
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