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Amours

À 15 ans, je suis tombée folle amoureuse de ma prof d’anglais

Il est parfois difficile de faire la différence entre l’amour et l’obsession. Une madmoiZelle raconte sa relation complexe avec une enseignante, au collège.

Il y a dix ans, j’étais une petite collégienne qui n’aimait pas forcément l’école. Je trouvais ça chiant.

De plus, je n’avais pas énormément de potes, j’avais un style assez différent donc j’étais souvent victime de moqueries, de harcèlement scolaire, en partie à cause de mon orientation sexuelle.

Harcelée à l’école parce que je suis bisexuelle

Je me définissais comme bisexuelle à l’époque. Et tout le collège m’avait déjà vue embrasser une fille, dans la cour de l’école. Les gamins au collège sont idiots donc je vous laisse imaginer l’enfer…

La seule chose qui m’intéressait dans ce collège, c’était une de mes profs.

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Amanda, ma merveilleuse prof d’anglais

Appelons-la Amanda.

Amanda était prof d’anglais, une enseignante avec beaucoup de charme et un petit accent British à tomber.

Au début, j’adorais assister à ses cours parce que j’adorais la langue, qu’elle savait nous y intéresser et qu’elle était terriblement inspirante, avec de l’humour, quelques petites anecdotes amusantes…

En soi, le genre de prof que beaucoup d’élèves adorent parce qu’elle ne baratine pas avec des heures de parlotte sans interêt. Dès le début, je l’ai adorée.

Je suis partie en voyage en Angleterre avec ma classe, et je l’y ai vue totalement différente de sa personnalité en cours, encore plus belle, encore plus intéressante.

J’étais en train de craquer, de craquer littéralement pour ma prof.

Pendant un an, c’était mignon, j’arpentais les couloirs en la cherchant partout du regard, je passais devant sa salle juste pour la voir, je restais à la fin de l’heure pour lui parler des cours…

Bien sûr, je n’allais pas lui avouer que j’avais envie de l’embrasser et de lui parler pendant des heures.

Mon anorexie, ma détresse, et ma prof d’anglais

Le souci c’est qu’à 15 ans, j’avais, comme beaucoup, ces petits problèmes d’adolescente qui pourrissent la vie.

La puberté qui détruit la plupart de mes convictions, mon corps qui change et mes perceptions qui diffèrent pas mal de la réalité… Depuis ma sixième, on me traitait d’anorexique, parce que j’étais très mince, sans pour autant me priver.

Là, j’étais en quatrième, je venais de perdre ma maman à cause d’une foutue maladie, et tout le monde m’affublais d’un trouble du comportement alimentaire que je n’avais pas.

Si bien qu’à force, j’ai fini par me persuader que les autres avaient raison et à ne plus manger.

Mes amies, un petit groupe de 3 filles que j’adorais, ont bien vu ma déchéance, et me mettaient la pression pour que j’en parle à quelqu’un.

Au bout d’une année sans rien dire, j’en pouvais plus. J’avais perdu presque dix kilos sur le poids-plume que j’avais déjà.

Je ne communiquais pas avec ma famille, si bien que personne ne voyait rien. J’avais commencé à me faire vomir, à me blesser physiquement.

Un jour, en fin de cours, j’ai fondu en larmes devant ma jolie prof. N’y tenant plus, j’ai tout lâché.

Je lui ai tout dit. Et elle a tellement été adorable. Mon coeur battait la chamade pour elle, et elle, elle m’a prise dans ses bras, et sous son aile pour m’aider.

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Elle est entrée dans ma vie pour m’aider, je voulais qu’elle y reste

On est allées voir l’infirmière du collège, ensemble. On est allées à des rendez-vous chez un psychologue en-dehors du collège, toujours ensemble. Parce que je voulais pas le faire sans elle.

Je voulais le faire pour elle. Elle m’avait fait part de l’anorexie de sa soeur, dix ans auparavant…

Elle s’est mise à pleurer devant moi. Moi, je suis devenue égoïste

.

Tous les jours, elle me demandait comment j’allais, si j’avais mangé. Elle me souriait chaque jour, ne serait-ce qu’au détour d’un couloir.

Moi, j’excellais dans sa matière, juste pour qu’elle soit contente. Juste pour avoir ses compliments, ses sourires.

Elle me demandait chaque jour de mes nouvelles et je lui répondais.

Dès que je disais que ça allait, que je mangeais devant elle ou que je montrais des signes de victoire, forcément, elle se détachait de moi, me félicitait, et arrêtait de me demander si ça allait, parce que pour elle, j’allais bien.

Ça me faisait vraiment aller bien de savoir se préoccupait de moi, s’intéressait à moi. Sauf que je suis tombée dans un foutu cercle vicieux…

Je voulais aller mal pour qu’elle soit là. Je voulais aller mal pour qu’elle me console. Et ainsi de suite. Jusqu’au jour où le collège s’est terminé et que j’ai dû rentrer au lycée.

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Mon obsession pour ma prof d’anglais a pris de l’ampleur

Au début, le lycée c’était sympa, mais la prof d’anglais, c’était pas la même. Alors, j’ai commencé à sécher les cours pour rejoindre mon ancien collège, en espérant la croiser à la sortie des cours.

Parfois, ça marchait, et on parlait un moment sur le parking. Parfois, je ne la voyais pas, et je rentrais chez moi au plus mal. Je le faisais de plus en plus, mettant en péril ma propre scolarité.

Quand elle l’a su, elle m’a remise à ma place, en me disant que si je voulais être prof, (elle m’a donné envie d’être prof, comme elle), je devais aller en cours.

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Je voulais la voir, elle. Du coup, dès qu’elle me parlait, j’étais reboostée. Je suis retournée en cours.

Sauf qu’au lycée, je ne supportais pas la différence avec le collège. Les gens étaient encore plus méchants, encore plus mesquins. Moi toujours plus seule. Les profs n’aimaient pas mes absences et me méprisaient.

Moi je m’en fichais, je voulais juste Amanda. J’ai fait une tentative de suicide, « rien que pour ça », vous allez me dire… Parce que j’étais dingue d’une femme dont le comportement, envers moi, était plus maternel qu’autre chose.

Mais je voulais plus (vraiment plus) de contact, toujours plus.

Je voulais être dans sa vie quotidienne. On était devenue amies sur Facebook, on discutait parfois le soir, elle venait chez moi quelques fois m’apporter des livres. Mais c’était pas assez, jamais. Ça me détruisait.

Vous souffrez de troubles du comportement alimentaire, ou une personne de votre entourage en souffre ? Vous avez des idées noires, vous n’avez plus envie de vivre ?

Ne restez pas seules, vous pouvez recevoir de l’aide et vous sortir de cette situation.

J’ai cru être amoureuse, je me suis trompée

Je me suis donc déscolarisée, parce que ce n’était plus possible, et plus viable.

Je suis partie à l’étranger un an pour prendre du recul. À mon retour, j’ai pris des cours par correspondance et j’ai décroché mon bac avec un 20 en anglais.

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Mon premier réflexe a été d’envoyer à Amanda un message sur Facebook pour le lui dire. Elle m’a félicitée, je suis allée chez elle le lendemain et on a longuement discuté.

Je me rends compte avec le temps que j’étais ultra-dépendante de cette femme, alors que j’ai longtemps cru en être amoureuse.

Elle m’a inspirée, pendant dix ans. Et aujourd’hui, je suis à la fac, en dernière année de licence, et c’est encore à elle que je pense chaque jour, quand je valide un semestre, ou quand je pense à mon futur métier de prof.

Elle a été la personne que j’ai rencontrée alors que j’étais au plus bas. Sans le savoir, je l’ai liée à la maladie, et à la perte de ma maman. En discutant avec des psy, on m’a dit qu’elle était l’image de la mère idéale, que je n’avais pas.

Je l’ai associée à la femme idéale que je voudrais être.

Mais mieux que ça, et surtout positivement, Amanda m’a donné un but dans ma vie. Elle m’a aidée à me découvrir. Aujourd’hui, on est toujours en contact.

Sans elle, je ne serais pas la même

La dépendance affective, ça fait mal, ça blesse, ça détruit. Cela m’a surtout recluse dans ma solitude et mon obsession pour cette prof.

Je n’arrivais pas à être en couple pendant très longtemps parce que mes sentiments envers Amanda étaient trop forts, je ne parvenais pas à être sincère avec une autre personne…

En prenant du recul, j’ai réussi à passer outre, et partir à l’étranger m’a beaucoup aidée.

Aujourd’hui, je suis en couple avec une femme merveilleuse depuis 3 ans. Et ma prof, mon inspiration, je pense désormais à elle en me disant que sans elle, je ne serais pas là où j’en suis !

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Les Commentaires

10
Avatar de CassandraHyde
14 novembre 2018 à 19h11
CassandraHyde
Perso je l'ai compris comme l'avoue de ses sentiments, de ses problèmes alimentaires, de son mal-être et ça rend le reste du témoignage gênant (j'en suis désolée pour l'auteur) mais entre l'adolescente qui se cherche et se met en danger pour attirer l'attention et l'enseignante qui se rapproche pour soutenir une élève fragile en sachant ses sentiments...

En tant qu'enseignante, même si elle se disait que cette relation ne dépasserait pas la cadre élève-enseignante; elle aurait dû dès le début instaurer des limites et ne pas faire en sorte de devenir sa bouée de sauvetage, une année au college, puis le lycée, ce refus de grandir pour rester avec cette enseignante qui la materne et se sent resposable de sa fragilité.

D'ailleurs l'auteur se dédouane de ce qu'elle a pu faire à cette personne en disant qu'un professionnel a vu qu'elle voyait (sic) en elle, la mère idéale. Le témoignage qui m'interesserait le plus serait celui de la professeur, entre son élève amoureuse, ce besoin d'être proche d'elle car elle devait surement voir en elle sa soeur qui avait été anorexique et surement une incapacité à aider cette soeur qui la pousse à s'investir autant pour aider cette collegienne, cette obligation de la soutenir car la personne en face d'elle était/est fragile et n'avait pas d'autre pilier selon elle...

Comment réagit-on quand on est enseignant et que cela se produit?
Comment fait-on quand on est pris en otage (et je vois ça comme ça, cet égoisme, pour que l'enseignante s'occupe d'elle et je crois qu'il y a un syndrome dans cette histoire ou deux, celui qui consiste à se rendre intentionnellement malade pour qu'on s'occupe de soi et un autre aussi qui consiste à faire en sorte que la personne reste malade pour qu'elle reste dépendante).

En soi, la fin de l'histoire est assez contradictoire "Et aujourd’hui, je suis à la fac, en dernière année de licence, et c’est encore à elle (Amanda) que je pense chaque jour, quand je valide un semestre, ou quand je pense à mon futur"
et "En prenant du recul, j’ai réussi à passer outre, et partir à l’étranger m’a beaucoup aidée. Aujourd’hui, je suis en couple avec une femme merveilleuse depuis 3 ans. "

Je ne vois pas où elle a réussi à passer outre, même en disant qu'elle est en couple avec une personne "merveilleuse", elle indique penser encore à cette personne chaque jour, à chaque examen, dans son futur. Une obession qui reste nourrie ne s'efface jamais qu'importe ce qu'on lui donne comme nom... Je crois.
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